OGM : trois villages gaulois résistent à une multinationale US

La résistance s'organise.

"C'est arrivé comme un cheveu sur la soupe. Deux femmes qui travaillent pour Monsanto sont venues me voir, fin février, pour me dire qu'il y aurait des expériences de maïs OGM sur la commune. Je n'ai pas eu mon mot à dire". André Rubat est maire de Faramans, un petit village de 620 habitants, situé dans l'Ain. Son village a été choisi par le semencier américain Monsanto pour des essais grandeur nature ("plein champ") de maïs génétiquement modifié. L'expérience portera sur une superficie de 5 000 m2, loués par un agriculteur faramandard dont le nom est tenu secret par le géant agrochimique. En Rhône-Alpes, Saint-Maurice-de-Gourdans (Ain) et Bourgoin-Jallieu (Isère) font également partie du lot des cobayes, avec un régime identique.
Goliath impose, David dispose
Les trois sites ont été choisis, unilatéralement, par Monsanto, dont la filiale française est basée à Bron, et sans aucune forme de discussion avec les maires des villages concernés. Le gouvernement a donné son accord. "J'aurais préféré que ce soit ailleurs" confesse Fabrice Venet, le maire de Saint-Maurice, dont la commune avait déjà fait l'objet d'essais de maïs transgénique en 2001. A Bourgoin-Jallieu, Alain Cottalorda est nettement plus offensif : "à l'heure de la décentralisation et de la sollicitation croissante du maire sur sa commune, je trouve scandaleux qu'on lui impose la culture d'OGM sur son territoire".
Rhône-Alpes, 1ère région bio de France
Au siège de la Région, n°1 du bio de France (avec 3% des cultures et 11 300 exploitations) Jean-Jacques Queyranne, le président (PS) de la région Rhône-Alpes est sorti de sa réserve et a tapé du poing. "L'Etat a commis une faute grave ! Les risques de dissémination dans l'environnement sont réels et constituent une menace pour les cultures traditionnelles." Le chef de l'exécutif rhônalpin a même envoyé une lettre à Dominique Bussereau, ministre de l'Agriculture (UMP), pour lui rappeler qu'en 2004, Rhône-Alpes avait voté "pour une agriculture sans OGM" au nom du principe de précaution*. A l'instar de 14 autres régions françaises**, toutes de gauche.
Bras de fer sur fond de judiciarisation
Le bras de fer entre Monsanto et Queyranne, qui défend les petits maires résistants, est engagé. Le président de la région a confié à Lyon Capitale étudier la possibilité de "recours-suspension devant le tribunal administratif" et le "soutien accordé aux maires opposés aux OGM". Problème : la réglementation OGM est européenne. Dépité, André Rubat, le maire de Faramans broie du noir : "j'aurais beau prendre un arrêté anti-OGM, le préfet me le cassera, comme il l'a fait pour Mornand et Givors. Je ne sais plus quoi faire...".

*aucun parti n'avait voté contre, seule la droite ne s'était pas prononcé.
** www.gmofree-europe.org.

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