Métro de Lyon, la station Bellecour – Mars 2019 © Antoine Merlet
© Antoine Merlet

Lyon - Fouziya Bouzerda : "les voyageurs TCL avec un masque, un vrai enjeu du déconfinement"

Si le réseau TCL a perdu 90 % de ses voyageurs durant le confinement à Lyon, il se prépare déjà l'après. Dans une interview donnée à Lyon Capitale, la présidente du Sytral, Fouziya Bouzerda, évoque la question du port du masque pour les voyageurs, le nettoyage, mais aussi l'offre dans le cadre du déconfinement. 

Après plusieurs années portées par une croissance jamais vue, le réseau TCL de Lyon se retrouve aujourd'hui dans le contexte difficile du coronavirus COVID-19 et du confinement. Comment les voyageurs et habitués vont-ils s'adapter lorsqu'ils devront à nouveau retourner au travail ou à l'école ? Pour la première fois de son histoire, les transports en commun lyonnais, exploités par Keolis, vont devoir trouver la confiance d'usagers qui pourraient être dans la crainte du virus. Présidente du Sytral, Fouziya Bouzerda revient pour Lyon Capitale sur les grands enjeux qui arrivent. 

Lyon Capitale : Pourquoi avoir choisi de maintenir l'offre alors que 90 % des passagers n'étaient plus là, comment va-t-elle évoluer avec le déconfinement ?

Nous ne voulions pas qu'elle tombe sous les 50 %, si vous attendez votre bus 2 heures, vous ne le prenez pas. Il fallait que l'offre soit suffisante, fiable et efficace avec des renforts autour des hôpitaux. Nous avons aussi fait le choix de garder une offre conséquente pour les modes lourds et automatiques. Les agents étaient très fiers de faire tourner le service public dans ce contexte, il y a eu un vrai sentiment de participer à l'effort collectif sans panique. Pour le déconfinement, elle ne sera pas à 100 % immédiatement, mais vraisemblablement autour de 70 / 80 %, pour accompagner la reprise quand nous aurons tous les détails sur cette dernière. Nous avons travaillé en oeuvre avec Keolis pour ajuster, repenser et assurer la continuité, mais aussi l'après. 

Travaillez-vous déjà sur des adaptations ?

Les thèmes sont nombreux comme la mise en place de sens de circulation dans les bus pour que les voyageurs ne se croisent pas, celles des capacités de transports réduites, des sièges condamnés, du "nudge" plus poussé, c'est-à-dire de la signalétique pour aider les voyageurs à garder les distances sociales. Pour les conducteurs, on regarde si nous devons rouvrir la porte avant, si oui, faut-il mettre un plexiglas ? Des solutions sont possibles, on les étudie avec Keolis. De même, nos agents porteront des masques, les commandes nécessaires ont été faites en lien avec l'exploitant. Leur protection est primordiale. La population va devoir sans doute être masquée, ce qui soulève la question du matériel à disposition pour l'être. 

Imaginez vous qu'il faudra porter un masque pour prendre le réseau TCL ?

Se protéger, c’est protéger les autres. Je ne vois pas comment on pourrait déconfiner, sans porter de masque, même si ça déborde de notre compétence. Il me semble que pour les transports en commun, les voyageurs équipés d'un masque sont un vrai enjeu du déconfinement. Toutes les mesures de précaution doivent être mises en œuvre avec nos capacités d'approvisionnement et la réquisition de certains stocks pour le milieu médical. On réfléchit à des distributeurs de masques sur le réseau, des distributeurs de gel hydroalcoolique. Pour les masques en tissu, au début, on nous disait "non, ce n'est pas efficace", puis maintenant "c'est mieux que rien" ou que c'est un geste barrière supplémentaire pour protéger les autres. Le masque va se généraliser telle une règle de prudence qui pourrait devenir la norme. Dans des pays en Asie, on ne se serre pas la main, on ne se fait pas la bise, on porte un masque, je pense que nous irons vers cela pendant un temps. 

Le futur enjeu c'est donc celui de la confiance ?

Oui, pour ne pas voir une explosion du retour de la voiture, pour ne pas voir les gens se détourner des transports en commun. Il faut rassurer les gens. Nous avons mis en place d'importants protocoles de nettoyage en plus de ceux qui existaient déjà. Nous voyons comment aller plus loin. Quand j'ai échangé avec David Kimelfeld sur le nettoyage des abribus et mobiliers urbains par la métropole de Lyon, il m'a apporté immédiatement une réponse favorable et efficace. Le Sytral réfléchit à la mise en oeuvre d'un comité de reprise, avec le rectorat, l'agence régionale de la santé, les entreprises pour préparer la suite. Il faut que tout le monde se mobilise, il est impossible de revenir au monde ancien de la voiture. Nous avions deux millions de voyages par jour, on n'y reviendra pas immédiatement, mais on y reviendra. 

Les grands chantiers sont-ils à l'arrêt ?

Le tunnelier du prolongement du métro B est arrêté depuis début mars, il devrait recommencer à creuser fin avril, c'est un chantier prioritaire qui a été identifié à la demande de la préfecture. Nous avons aussi l'automatisation du métro B avec les rames de 43 mètres, tout ça prend du retard, on fera le bilan bientôt pour voir s'il faut retoucher le calendrier. La Chine a été à l'arrêt, certaines pièces n'étaient plus là. Notre producteur de bus électriques a dû stopper ses chaînes, à ses stades, personne n'a encore de vraie visibilité sur la suite. Nous échangeons en permanence avec le GART (Groupement des autorités responsables de transport) pour travailler de manière commune sur la reprise des offres de transports, ainsi qu'avec le ministère des Transports. On devrait avoir plus de données et des préconisations d'ici une quinzaine de jours.

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