Lyon 2 espionne-t-elle ses étudiants contestataires ?

Mais la direction de Lyon 2 nie toute volonté de fichage politique.

Même à l'université, on peut être espionné... Il suffit d'être d'extrême-gauche, d'avoir une capuche ou de s'en prendre aux caméras de vidéo-surveillance, pour être pris en photo par les vigiles du campus Lyon 2. Dans le but de faire condamner des étudiants accusés de diverses dégradations, la direction a remis à la police un dossier-photo. Il est formé d'au moins 24 clichés pris par des agents de sécurité de Lyon 2 en novembre 2006. Lyon Capitale a pu y avoir accès. Ces photos montrent notamment quelques étudiants emballant une caméra d'un sac plastique, taguant un panneau d'affichage à l'aide d'un pochoir ; d'autres qui déambulent tranquillement dans un couloir ; d'autres encore, leur tête recouverte par des capuches. En clair, ce sont essentiellement des clichés d'étudiants, au look d'activistes anarchistes. "On ne peut pas photographier n'importe qui, dans le but de constituer un dossier sur des militants politiques. Il s'agit d'une violation de la vie privée", s'insurge Marie-Noël Fréry, l'avocate de trois étudiants, accusés d'avoir tagué et démonté une partie de la grille. Ceux-ci seront finalement jugés en octobre au lieu du 14 mars. La direction de Lyon 2 a donc commis une énorme bourde, d'autant que ces photos datent de novembre 2006 alors que les faits reprochés aux trois accusés sont de février 2007 ! Le président de l'université, Claude Journès, qui avait d'abord nié l'existence d'un tel dossier, souligne finalement "qu'il ne s'agit que de photos d'actes délictueux et en aucun cas d'un dossier politique". La direction de l'université dément d'ailleurs vouloir sanctionner les activités politiques gauchistes. Toutefois, même l'Unef, que l'on ne peut pas soupçonner d'être des alliés des activistes libertaires, condamne ce genre de pratique. "Si des étudiants ont commis des dégradations, ce n'est pas une raison de constituer un dossier sur les militants. On sent après le CPE des remous sécuritaires, note la présidente de l'Unef, Chaineze Kabouya. Malheureusement Lyon 2 n'est pas un cas isolé en France".

*Lire notre article "Les grilles de la discorde "paru le 13 mars.

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