Les gardiens des HLM Alliade "veulent des sous"

A l'appel de plusieurs syndicats du principal bailleur social du secteur privé, ils dénoncaient un accord sur les salaires qu'ils jugent inégalitaire.
'Des sous !' C'est ce que scande une poignée de salariés du groupe Alliade, ce jeudi matin, sous les fenêtres de la direction. Gardiens d'immeubles, concierges, régisseurs, ils sont une cinquantaine (sur environ mille salariés), à l'appel de la CGT, FO et une branche de la CFDT regroupés devant le rideau baissé du groupe. Motif de leur mécontentement: la CFDT, CFTC et SNP HLM, qui représentent environ la moitié des salariés, sont en train de signer des accords qui ne satisfont pas tous les syndicats.
'Non aux primes inégalitaires, oui à l'augmentation des salaires'. Ce slogan résume les griefs contre cet accord : 'J'ai 20 ans de boîte, et je gagne 1050 euros pour ramasser du vomi, des crachats, des excréments', explique Patrick, un régisseur. La direction et les syndicats ont négocié une augmentation de salaire d'un peu plus de 1%. Pour cette employée, 'la crise, elle a bon dos. On travaille dans un milieu difficile. Notre mutuelle augmente tous les ans, le groupe est riche, et nous, on a 1% en plus. C'est une honte'.
La direction se dit, elle, déconcertée: 'Je ne comprend pas. Nos collaborateurs sont payés, pour le plus bas des salaires, 30% au dessus du SMIC', explique Isabelle Paglia, DRH d' Alliade Habitat.
Les responsables syndicaux signataires de l'accord précisent: 'Il y a les avantages, le 13e mois, les tickets restaurants et la prime vacances. Mais c'est sûr que quand on ramène ça mensuellement, 3 chiffres sur le bulletin de salaire, c'est difficile pour vivre'.

Autre point d'achoppement : l'attribution d'une prime de 300 euros aux gardiens d'immeubles, selon la bonne ou mauvaise évaluation qu'ils reçoivent. Pour les salariés mécontents, c'est inégalitaire: 'Les primes sont données à la tête du client, et cela créé des tensions entre nous. On veut que cela change', explique Mme Najar, de la CGT.
Là encore, les interprétations changent. Pour la direction, soutenue par les syndicats signataires, c'est une bonne chose. 'Nous sommes conscients des dégradations dans les locaux. Mais, nous essayons de créer une commission qui prendra la décision de donner ou non la prime à un gardien', explique Patrice Tillet, directeur général. Et d'ajouter: 'Nous prenons en compte les dégradations liées au mauvais comportement de locataires. Mais nous savons faire la différence entre un gardien qui fait son travail correctement et une minorité d'autres'.
Des conditions de travail dégradées
Derrière la contestation de l'accord, les salariés 'de la rue' dénoncent des conditions de travail de plus en plus difficiles. Ce qu'admet cette représentante syndicale CFTC (signataire de l'accord) : 'Nous savons que le métier de gardien est très difficile, et que certains sont en souffrance. Nous en prenons compte, et faisons en sorte que cela remonte toujours à la direction'. Elle ajoute: 'Nous n'avons pas à nous plaindre, la direction nous a toujours ouvert la porte en cas de problèmes. Il ne faut pas oublier que 9 postes étaient menacés, et que la direction s'est engagée à tous les reclasser'.

Ce gardien d'immeuble témoigne: 'C'est difficile. Il y a de plus en plus d'incivilités, d'agressions. Et les managers qui nous mettent la pression'.
Mais pour cette déléguée CFDT: 'Les gardiens, concierges et régisseurs ont l'impression d'un non-respect. En réalité, le non-respect vient de la part des locataires, et non de la direction'.
Entre la rue et le siège de la direction, deux visions du travail qui paraissent pour le moment irréconciliables.
Annie-Laurence Ferrero

Photo: Barbara Mestric

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