Sdis 69 Caserne © Tim Douet 103
@ Tim Douet

La folle semaine des pompiers de Saint-Priest

Rentrée enflammée pour les pompiers de Saint-Priest. En plus de leurs 2 300 interventions hebdomadaires, les soldats du feu ont dû faire face aux 4 opérations les plus surprenantes de l'année. 10.000 m² d'entrepôts ravagés par les flammes à Corbas, 800 m² d'eau polluée, un bar à glace en feu, une péniche qui explose… On ne fait pas que danser sur Michael Jackson chez les sapeurs-pompiers de Saint-Priest.

@ Tim Douet

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Corbas, mercredi 29 août. Un entrepôt des abattoirs prend feu après une erreur de soudure. La caserne de Saint-Priest est la seule de la région à disposer d'une échelle de 30 mètres. L'adjudant Chaize et deux de ses collègues sont donc immédiatement réquisitionnés. Ils seront très vite rejoints par 166 sapeurs-pompiers, 53 véhicules, et ne sortiront que cinq jours plus tard de l'entrepôt, après que 10.000 m² soient partis en fumée et que trois d'entre eux aient été intoxiqués. "Le sinistre le plus important de l'année", précise le lieutenant Meunier. Et pourtant, ce n'est pas moins de 400 interventions qui sont venues s'ajouter au quota habituel des 1 820 opérations hebdomadaires des pompiers de Saint-Priest.

La loi des séries a encore frappé

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Quelques heures plus tôt, quai Claude-Bernard, dans le centre ville de Lyon, une péniche qui se réapprovisionnait en essence déverse accidentellement plus de cent litres dans les eaux du Rhône. 800 m2 de surface sont balisés par plus de 20 sapeurs-pompiers pour éviter la dispersion. En quelques heures, le carburant sera absorbé par des billes de cellulose et traité par une société privée, aux frais du propriétaire du bateau.

Deux jours plus tard, à une centaine de mètres, une péniche d'habitation s'enflamme violemment. La source ? Travaux de soudure, là aussi. L'incendie de Corbas n'est pas encore éteint qu'un énorme dispositif doit être déployé : 60 pompiers, du matériel de plongée, 5 lances, 1 lance à mousse... Les techniques opérationnelles doivent aussi s'adapter. Le lendemain, 119 pompiers seront mobilisés à Lausanne pour éteindre un bar à glace en feu. On ne sait toujours pas si des travaux de soudure en sont à l'origine.

"On ne fait pas que danser sur Michael Jackson"

Sdis 69 Caserne © Tim Douet 034 ()

"Polyvalence, organisation et réactivité", ne cessent de répéter les pompiers de Saint-Priest. Comme le souligne le commandant Gueugneau, "on ne fait pas que danser à Saint-Priest". La caserne est en effet connue pour avoir organisé un flashmob sur Beat-it de Mickael Jackson en 2011. Mais elle est surtout le plus gros centre opérationnel du département du Rhône, spécialisé dans les risques technologiques et chimiques.

Locaux et matériels sont à la pointe de la technologie, et chaque équipement nécessite sa propre formation. Des formations auxquelles les pompiers consacrent en moyenne 4 heures chaque jour. Les 12 heures de garde des pompiers un jour sur deux sont strictement réparties entre formation, entraînement et vérification du matériel.

Une organisation millimétrée dont dépend toute leur efficacité lors des interventions. De l'emplacement de la caserne à celui du mobilier, tout est pensé pour qu'ils puissent arriver en moins de 10 minutes sur les lieux d'un sinistre. "Un temps qui semble une éternité pour les victimes", note le commandant Christophe Serre.

Une semaine comme ils les aiment

Sur des opérations intenses comme celle de Corbas, les pompiers se relaient toutes les 4 heures. "4 heures durant lesquelles on avance à l'aveuglette avec un équipement de plus de 30 kilos sur le dos et sous des chaleurs intenses", commente le lieutenant Meunier. "Pour des semaines comme celle-ci, la procédure nous évite les erreurs provoquées par la fatigue", ajoute-t-il. Mais tous y repensent avec le sourire : "Les feux, c'est ce qu'il y a de plus excitant !" reprend l'adjudant Chaize."C'est typiquement le genre de semaine qui nous a fait choisir notre métier. Malheureusement, c'en est une toute petite partie", note le sapeur-pompier.

80 % de leurs interventions concernent du secours à personnes. "Humainement, c'est terrible. Quand on nous appelle pour une crise cardiaque, on sait qu'il y a une chance sur deux pour qu'on trouve un cadavre à l'arrivée", explique le lieutenant Meunier. Lui et ses collègues évoquent, émus, le souvenir de leurs "frères" morts en intervention. Ils leur consacrent une minute de silence matin et soir. Le commandant Gueugneau ajoute : "Tous les métiers passion sont faits de lourdes concessions."

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