Paul Bocuse @Jean-François Mallet

Joyeux

Les bonnes nouvelles, il faut les prendre là où elles sont. L'éditorial du rédacteur en chef de Lyon Capitale. 

Nous avons tous, un jour, fait l’expérience d’être submergés par la joie. Ces petits moments de grâce qui illuminent une journée. L’arrivée du printemps, la première gorgée de bière, un rayon de soleil, l’orage alors qu’on est dans son lit, l’odeur de l’herbe fraîchement coupée, une belle pensée clairement énoncée…

La joie jaillit sans prévenir. Fugace. Imprévue. Fragile. Sans raison apparente. "Cette force mystérieuse qui, à tout instant, peut rendre notre vie exaltante", décrit Charles Pépin, affublé de la drolatique dignité de “philosophe le plus cool de Paris”.

À Lyon, l’ouverture du Café Joyeux, fin janvier, a apporté cette fraîcheur. Offrir un travail en cœur de ville à des personnes autistes, trisomiques ou atteintes de troubles cognitifs, voilà le concept. Mettre en lumière les invisibles. Changer le regard des gens ordinaires sur la différence.

Ici, le sourire est donné par les plus faibles, ceux que la société ne veut pas regarder, ni entendre ni comprendre. Couvrez cet inégal que je ne saurais voir. Julien, Odin, Agathe, Antoine, Victoria, Théophile, Alix et Thibaut au boulot. Tout sourires, plein soleil. C’est contagieux, ça rend bêtement heureux.

Du positif. Faites-le test ! Voilà ce dont on a besoin en ce début d’année covidé. Si on arrêtait de se dire que ce serait tellement mieux si c’était autrement. Si on cessait de comparer, de se comparer aux autres. Saisir le présent comme il vient. Ou comment une façon de penser peut donner de l’épaisseur à nos existences.

Notre écosystème n’est qu’une vertigineuse suite de hasards et de catastrophes qui, au lieu de semer le chaos, a engendré la vie. Ce sont les petits riens qui changent tout. L’amour avec un grand "A" ne se construit qu’avec d’innombrables amours en petits "a".

Les bonnes nouvelles, il faut les prendre là où elles sont. C’est le “nouveau nucléaire” pensé, conçu et réfléchi à Lyon, qui ressort comme la solution la plus durable pour lutter contre le dérèglement climatique, sans pour autant revenir à la bougie. Ce sont ces startuppeurs lyonnais qui défient les lois de la gravité, en faisant de l’ancienne capitale des Gaules la ville qui a enregistré le plus grand nombre de levées de fonds en 2021*.

Une ville ne doit ni être un enfermement ni un îlot explique, toujours dans ces colonnes, le chirurgien et ancien maire de Lyon, Georges Képénékian. Faire en sorte que l’obsession du "nous" prenne le pas sur celle du "je".
Simplement, à l’image de René Char, arrêter de prendre la vie par les épines.

* derrière Paris

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