Ils chassent la publicité de nos rues

Ce jeudi 20 mai, une vingtaine de "déboulonneurs" ont recouvert une installation publicitaire à la Part-Dieu, rue du docteur Bouchut. Une opération qu'ils renouvellent chaque mois pour lutter contre la trop grande place accordée à l'affichage public.

Part-Dieu, porte sud. Une vingtaine de personnes cernent ce jeudi un panneau publicitaire. Ils regardent le totem de façon hypnotique. Ils le couvre d'invectives, ils jouent du tam-tam. Une procession chamanique ? Non, une opération des déboulonneurs, venus manifester contre la trop grande place occupée par la publicité dans nos villes. Point d'orgue de leur action : quatre participants déroulent une bâche, venue couvrir le message. "Pub=pollution", peut-on lire au recto. Un signe : la bâche ne suffit pas à couvrir l'affiche.

Le droit de ne pas recevoir le message

"C'est une réponse légitime à l'agression de la publicité", affirme Romain, porte-parole. Leur revendication : que l'affichage autorisé soit limitée à la même taille (50 X 70 cm) que pour les communications politiques ou associatives. "Il n'y a pas de raison qu'Ericsson ait plus de place qu'un candidat aux élections", soutient le jeune homme. Les déboulonneurs militent pour une publicité discrète. "A la télé, on peut changer de chaîne, dans un magazine on peut tourner la page. Nous revendiquons le droit de ne pas recevoir le message publicitaire". Il existe selon lui un million de panneaux en France, dont un tiers d'illégaux.

Ce collectif est né à Paris en 2005, deux ans plus tard à Lyon. Dans le cadre du Grenelle de l'Environnement, ils ont été reçus par Chantal Jouano, secrétaire d'Etat chargée de l'Ecologie. Le projet de loi prévoit de lutter contre l'affichage sauvage et de limiter les consommations énergétiques des gros équipements que l'on voit dans nos villes. Mais les militants sont déçus : ce seront les maires qui disposeront d'un pouvoir de police contre l'affichage illégal, dès lors qu'ils adoptent un règlement. Le Préfet, réputé plus sourcilleux, en sera déchargé.

Bâchage, barbouillage : pas les mêmes poursuites judiciaires

Les déboulonneurs mènent à Lyon une opération chaque mois. Le 6 mars, il avait customisé deux panneaux à un arrêt de tram, dans le 8e. En France, ils ont déjà essuyé douze procès. Pas un problème : ils recherchent justement à faire reconnaître un "état de nécessité" par le juge. C'est-à-dire faire admettre par lui qu'ils ont agi pour un intérêt supérieur, justifiant leur acte. Le 2 avril dernier, ils ont justement obtenu une relaxe, mais pour "liberté d'expression". Dans un cas de barbouillage, ils s'exposent à une condamnation pour "dégradation de biens privés", au pénal. Dans le cas de bâchage, c'est l'annonceur qui peut engager des poursuites au civil. "Mais JCDecaux ne le fait pas car il devrait alors dévoiler ses tarifs", souffle Romain.

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