Gollnisch s'invite au procès des colleurs d'affiches du FN

De la prison ferme requise contre les colleurs d'affiches du Front National, accusés d'avoir passé deux jeunes à tabac il y a trois ans. Leur procès s'est déroulé mardi au tribunal de Villefranche-sur-Saône, sur fond de patriotisme et avec comme invité surprise, Bruno Gollnisch, député européen frontiste.

Les faits se déroulent le 11 avril 2007. En pleine élections législatives, deux camionnettes du Front National serpentent les rues de Thizy pour coller affiches et tracts d'extrême droite en soutien à Geoffroy Daquin, candidat de la 8e circonscription du Rhône. Un groupe de jeunes assistent à ce défilé. Parmi eux, Amaël traverse devant les camionnettes des colleurs d'affiches, sur un passage clouté, ralentit le pas devant eux, un peu « par provocation » avoue-t-il lors du procès. Mais les frontistes tentent de le renverser, lui, énervé, brise alors la vitre avant gauche d'une des camionnette.

Des militants en descendent alors et passent le jeune et Rachid, un de ses amis, à tabac avec des barres de fer creuses servant à poser les affiches et un bâton « pour mélanger la colle » selon les accusés. Bilan, Amäel a de multiples blessures et une interruption de travail temporaire de 64 jours. A l'époque, Bruno Gollnisch, alors numéro deux du FN, qui devait justement se rendre à Thizy, prône la légitime défense.

Gollnisch, temoin non grata

Aujourd'hui, le député européen s'invite au procès. Encore en course pour la succession de Jean-Marie Le Pen au FN, il entend bien témoigner en faveur des deux colleurs d'affiches inculpés et surtout profiter de la présence des médias. Mais Gérard Canolle, président du tribunal de grand instance de Villefranche refuse d'entrer dans ce jeu. Bruno Gollnisch trépigne et cherche tant bien que mal à faire entendre sa voix. « Vous vous taisez, monsieur Gollnisch », le ton du président est ferme, jamais le député européen ne témoignera devant le tribunal.

En dehors de la salle, il peste, défendant bec et ongles ses militants. « L'un est éducateur spécialisé et l'autre conducteur de car, ce sont d'honnêtes citoyens ». Son principal argument : « comment voulez-vous que les militants du FN dérapent alors qu'ils savaient qu'un député européen allait venir les rencontrer ?». Il se garde bien de dire que l'un des deux accusés a passé 6 ans, selon sa propre déclaration, dans la légion étrangère.

L'homme est tout petit, il a la cinquantaine et les cheveux grisonnants. Quand le procureur lui demande ce qu'il faisait dans la légion, l'accusé croise les mains dans le dos et répond : « on y apprenait l'amour et la fraternité, et on défendait la patrie ». Un bon patriote donc qui, lors de l'altercation, s'est rué sur Rachid, pour récupérer le drapeau français volé sur la camionnette. Drapeau qui servira ensuite à frapper le jeune. Lors du procès, Rachid déclare avoir récupéré le drapeau non pas par provocation mais pour le « symbole ».

Le racisme, principal absent

Du côté de la victime, Amaël est « dégouté ». Dégouté par la tentative de récupération politique, mais surtout le refus du tribunal de retenir contre les prévenus un caractère raciste et donc aggravant à l'affaire. Bertrand Seyn, avocat d'une des victimes, reconnaît un manque d'éléments à ce sujet, même si le mot est lâché finalement lors de sa plaidoirie.

Le parquet a requis 8 mois de prison dont 4 avec sursis à l'encontre des militants pour violence en réunion et violence avec armes. Les accusés refusent pourtant le terme « passage à tabac » et parlent de légitime défense. Verdict attendu le 10 août.

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