Firminy : la pyramide spirituelle de Le Corbusier

Inaugurée en 2006, soit plus de quarante ans après la disparition de Le Corbusier, l’église Saint-Pierre de Firminy est un édifice unique en son genre. Lyon Capitale vous propose une présentation de cette église, qui constitue l’un des derniers bâtiments pensé par Le Corbusier dans le monde.

Eglise de Saint-Pierre

© Tim Douet
Eglise de Saint-Pierre

Après la chapelle Notre-Dame du Haut de Ronchamp (1955) et le couvent Sainte-Marie de la Tourette (1959), l’église de Firminy est le troisième édifice religieux de Le Corbusier. Prenant l’allure d’une véritable pyramide à base carrée, cet édifice a été classé Monument Historique en 2012.

Les obstacles auront été nombreux pour que le projet aboutisse. Il a fallu attendre près d’un demi-siècle pour voir la commande enfin achevée. En effet, après la mort de Le Corbusier en 1965, la réalisation est confiée à José Oubrerie, un de ses assistants. Les travaux de construction débutent en 1973, mais sont stoppés en 1978, pour ne reprendre qu’en 2004. L’édifice, terminé en 2006, reprend les canons des églises catholiques tout en les retranscrivant dans une écriture plus moderne.

Une "promenade architecturale" et sonore

La rampe de la promenade architecturale

© Tim Douet
La rampe de la promenade architecturale

L’église Saint-Pierre a la particularité au niveau de sa forme, de partir d’une base carrée et d’abandonner petit à petit les angles pour arriver à la "quadrature du cercle". Le carré représente l’humain et tout ce qui est terrestre, tandis que le cercle est la forme parfaite, selon l’architecte, qui reflète Dieu. On a donc l’idée de l’élévation de l’âme dans l’architecture même de l’église.

Le bâtiment est conçu pour être apprécié en mouvement et non depuis un unique point de vue. Le Corbusier a donc inventé l’idée de la "promenade architecturale" avec, par exemple, l’utilisation de la rampe qui permet aux visiteurs de prendre le temps d’observer l’édifice, tout en y pénétrant.

Mais l’édifice invite aussi à une promenade sonore à l’intérieur de l’église. Avec onze secondes de résonance, l’acoustique est différente selon l’endroit où l’on se place. Un festival, le Festivocal, est par ailleurs dédié à cette église. Ce sont des locaux qui aiment cette résonance particulière, et qui chaque année, travaillent des partitions de musique contemporaine en s’adaptant à cette acoustique. Il y a également l’ensemble orchestral contemporain de Lyon qui vient régulièrement y jouer. L’intérêt musical réside dans le fait que les partitions classiques deviennent inaudibles avec cette acoustique, les musiciens doivent donc adapter et recréer leur partition. Jouer dans cet édifice devient ainsi un véritable défi, que les musiciens aiment relever.

Jeu de lumière et constellation universelle

Les canons de lumière

© Tim Douet
Les canons de lumière

Le Corbusier a effectué un véritable travail de la lumière dans l’église, notamment grâce à l’utilisation de canons de lumière et de lucarnes colorées. Trois canons viennent en effet percer le cône de béton pour produire une lumière directe, tandis que les fines lucarnes, aux différentes couleurs, diffusent une lumière plus douce. Un des canons produit la lumière zénithale tandis qu’un autre éclaire l’intérieur avec la lumière du soir. Le troisième canon a comme particularité d’illuminer directement l’hôtel à certaines périodes de l’année.

Sur la façade Est, au dessus de l’autel, le visiteur peut apercevoir une multitude de petites ouvertures arrondies. Ces points de lumières représentent en fait la constellation d’Orion, la seule toujours visible quel que soit l’hémisphère dans lequel on se trouve.

C’est le côté universel de la religion qu’a sans doute voulu illustrer l’architecte.

Un lieu culturel et cultuel

La réalisation de José Oubrerie reste conforme à l’esprit de Le Corbusier, malgré quelques modifications apportées au projet initial. Le socle de l’édifice a par exemple changé d’affectation. Consacré à l’origine à la communauté paroissiale, le socle abrite aujourd’hui une annexe du Musée d’art moderne de Saint-Etienne, un centre d’interprétation et des expositions temporaires.

L’édifice demeure un lieu cultuel selon le souhait de la paroisse qui a investi de l’argent dans la construction de l’édifice jusqu’en 2004, lorsque la Communauté Urbaine de Saint-Etienne Métropole est devenue le principal maître d’ouvrage. Une messe a ainsi lieu au sein de l’église tous les premiers dimanches du mois. Les portes tricolores de la rampe principale sont ouvertes pour cette occasion.

L’église Saint-Pierre est ainsi le dernier édifice venant compléter l’œuvre architecturale de Le Corbusier à Firminy-Vert, qui souhaitait créer un espace dans ce nouveau quartier, où les habitants pouvaient avoir accès à la culture, au sport et enfin, à la spiritualité.

Porte tricolore de la rampe principale

© Tim Douet
Porte tricolore de la rampe principale
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