Rhône : l'appel de détresse des syndicats des EHPAD

Manque d'effectifs, surcharge de travail, et maltraitance des patients, les syndicats des EHPAD appellent à la mobilisation. Face aux réductions budgétaires des établissements gériatriques, les soignants indiquent ne plus pouvoir exercer leur métier correctement. Pour sensibiliser l'opinion et tenter de faire bouger les lignes, une manifestation aura lieu à Lyon le mardi 30 janvier.

CGT, CFDT, FO, Sud… Ils se sont tous réunis à la Bourse du Travail pour crier leur colère, dans une conférence de presse boudée par les médias locaux. Tour à tour, une vingtaine de militants ont raconté leur quotidien dans les EHPAD. Tous alertent sur les conditions de travail des soignants, et sur la maltraitance subie par les résidents. Au cœur des problématiques, le manque d'effectifs dans les EHPAD. "C'est simple, chez nous il y a 4 aides-soignants qui s'occupent de 51 patients" déplore une employée du CHG des Monts d'or. "Chez nous, 3 personnes pour 84 résidents !", renchérit un autre qui travaille dans le centre de Lyon. "On a de la chance" ironise une troisième, "à Saint-Fons on a une personne pour 28 résidents". Ce manque de personnel entraîne chez les soignants surcharge de travail, stress, et frustration. Des conditions de travail difficiles, qui se répercutent directement sur les résidents des EHPAD.

Repas express et douches allégées : une maltraitance institutionnalisée ?

Une employée de la filière gériatrique des HCL de Lyon, émue, prend la parole "Les malades ? On ne les nourrit pas. On les gave. On les douche une fois par semaine, au mieux. On les lave au lavabo une fois tous les deux jours les bonnes semaines. Ceux qui sont agités ? Pas le temps de s'en occuper, on les attache ou on leur donne des cachets". Un sombre état des lieux qui résonne dans l'auditoire, qui acquiesce tête baissée. Ces maltraitances frustrent les soignants et les mettent en danger, puisqu'ils sont directement responsables des malades. "En fait, la direction ne communique pas d'effectif cible, et fait peser sur nous tous les dysfonctionnements", dénonce une militante. L'effectif cible correspond à un nombre défini de soignants nécessaires au bon fonctionnement des services. Lorsqu'il n'est pas atteint, c'est à la direction de le prendre en compte et d'aménager des solutions. Ne pas le communiquer revient à laisser aux soignants cette responsabilité. Selon les syndicats, dans certains établissements ce sont les soignants eux-mêmes qui doivent réorganiser les services qui tournent en procédure dégradée. "On banalise la maltraitance institutionnelle", conclut une soignante.

Face à ces problématiques, la tendance est à l'accompagnement à domicile. S'occuper des personnes âgées chez elles, pour éviter de surcharger les établissements. Mais là aussi, le secteur semble être en crise. "Environ la moitié des salariés en maintien à domicile ne sont pas diplômés, en plus d'être payés en dessous du SMIC" s'insurge un militant, "Alors quand on nous dit qu'il faut aller dans le sens des traitements à domicile, ça nous fait doucement rire". Les syndicats l'assurent, ils interpellent sans cesse leur direction sur ces difficultés. En première ligne face aux familles mécontentes, les soignants confient s'épuiser à demander des solutions à leur hiérarchie, qui selon eux fait la sourde oreille.

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