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Huit cas de racisme ordinaire à Lyon

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La Licra a accepté d'ouvrir ses dossiers, révélant le racisme ordinaire ayant cours au travail, dans les cours d'école, sur Internet ou entre voisins. Nous avons volontairement choisi de vous présenter huit situations différentes, où s'exprime le rejet de l'autre.

Y a-t-il une recrudescence du racisme en Rhône-Alpes ? Interpellés par les injures proférées à l'encontre de la Garde des Sceaux, nous avons interrogé différentes associations. "Nous étions à 50 plaignants l'an dernier, et on atteindra peut-être un chiffre de 60 cette année", évalue Eric Gerbe, responsable de l'accueil à la Licra. A notre demande, l'association en lutte contre le racisme et l'antisémitisme a accepté d'ouvrir ses dossiers, révélant le racisme ordinaire ayant cours au travail, dans les cours d'école, sur Internet ou entre voisins.

Nous avons volontairement choisi de vous présenter huit situations où s'exprime le rejet de l'autre parfois au-delà de la seule différence de couleurs de peau. Tous ces cas se sont produits à Lyon et dans sa région, au cours des trois dernières années. Certains donnent lieu à une procédure judiciaire. Les exposés donnent uniquement la parole aux victimes.

Le tract anonyme dans la boite aux lettres

L'enveloppe porte son nom, écrit à la main. La lettre est dactylographiée. "Il est temps que quelqu'un dise tout haut ce que beaucoup de monde pensent tout bas. Ce message s'adresse à vous, musulmans", attaque la missive. La destinataire est pourtant athée. La lettre lui enjoint d'arrêter "d'importer tout votre merde chez nous". "Il vous faudra obéir. intégrez-vous ou dégagez !", exhorte encore l'insulteur anonyme.

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Sur Facebook, racisme et scatologie

Le conflit est d'abord professionnel. L'homme est photographe et reproche à un groupe de musique d'utiliser ses clichés à une autre fin que celle prévue dans le contrat les liant. Le règlement de comptes dérape sur Facebook. Le musicien poste : "Il se fait qu'il est chocolat et sa femme un jaune de citron. Imaginons leur ébats amoureux. Il sent la soupe, elle elle sent le nem. Voilà qui est cool le bon repas que voici". S'en suivent des immondices, avec une insistance sur l'insulte scatologique. Dans un premier temps, la plainte est classée sans suite. Saisi par la Licra, le doyen du juge d'instruction a cependant instruit l'affaire. Et de lourdes condamnations sont tombées à l'encontre de l'Internaute.

Altercation au volant

L'insulte raciste surgit parfois au coin de la rue, pour une une priorité grillée. La conductrice baisse la vitre pour informer le contrevenant que les règles ont ici été récemment changées. "Ferme ta gueule sale arabe, c'est pas une arabe de merde qui va m'apprendre la loi. Rentre chez toi, sale pute", lance l'homme à qui renseignement a été donné. La mère encaisse, ses enfants à l'arrière. Elle l'interpelle le lendemain, devant les grilles de l'école fréquentée par leurs enfants respectifs, dans l'ouest lyonnais, lui demandant s'il réitère ses propos. "Oui, je les maintiens", proclame-t-il fièrement.

Si la gendarmerie ne valide pas la plainte déposée, le Procureur de la République la retient. Un témoin appuie la version de la mère de famille. "Les témoignages sont souvent rares, mais même sans témoin, les juges peuvent se faire leur opinion. Il faut cependant avoir conscience que dans un cas de parole contre parole, la justice relaxe souvent", explique la Licra. A la barre, la victime précise vouloir des excuses, pas de l'argent. L'agresseur a été relaxé.

Antisémitisme à la cour d'école

La jeune fille de 11 ans vient d'entrer au collège, dans le 8e arrondissement lyonnais. A la cour de récréation, la discussion porte sur les origines. A l'exposé de la sienne, on la traite de "sale pute juive". La mère, lassée des injures antisémites, décide de changer son enfant d'établissement. Aucune suite n'est donnée à cette affaire. "L'Education nationale est désarmée", regrette la Licra. Pourtant, un an plus tard, une autre élève est victime d'insultes antisémites et de harcèlement, dans le même collège. L'intervention des parents, de l'académie et de la Licra ne laissent pas cette fois les faits sans réponse. Le principal et le conseil de discipline ont admonesté les élèves fautifs, la direction de l'établissement a aussi organisé le retour de la victime dans de bonnes conditions.

Harcelée pour quitter son emploi

Appelons-la Noémie. Elle est commerciale dans une entreprise qui vend des produits chimiques, dans l'agglomération. La société connait des difficultés économiques, les salariés ont peur de perdre leur emploi. "Pour se préserver, on met en difficulté quelqu'un d'autre", décrypte Eric Gerbe. C'est en particulier une employée qui, chaque fois que son chemin croise celui de Noémie, singe l'accent noir. Les autres collègues laissent faire. La victime n'a rien de l'immigrée fraichement arrivée et habitée de sonorités africaines. '"Elle est polyglotte, est diplômée à Bac + 5". Le harcèlement produit ses effets : Noëmie craque, est mise en arrêt maladie. "Le patron tombe des nues. Il dit à la fois que ce n'est pas acceptable et que ce n'est pas possible", raconte la Licra qui a échangé avec lui.

Homophobie et racisme anti-blanc

"Nique ta mère, fils de pute. Bande de pédés, de tapettes. On vous encule, sales blancs". En quelques mots, racisme anti-blanc et homophobie sont proférés, ce qui vaudra une plainte conjointe de la Licra et de la LGBT. Les faits ont lieu à l'issue de la Gay Pride, place Bellecour, en 2013. Les deux victimes sont agressés par un groupe de huit personnes, comprenant aussi des filles. Des coups sont échangés, les policiers s'interposent. Les agresseurs, poursuivis en justice, devront verser 1000 euros de dédommagement, et 500 euros à chaque association. Ils ont fait appel, s'estimant eux-mêmes victimes de racisme.

A une Brésilienne : "sale arabe !"

C'est le jour du passage du Tour de France à Lyon. Une étudiante est à vélo, sur une piste cyclable quai Tilsit. Un groupe lui barre la route. Elle donne un coup de sonnette, un homme la renverse pourtant volontairement. Elle se fait traiter de "sale arabe". Depuis, cette doctorante brésilienne, spécialisée en littérature française, est sous le choc. "Elle se pose beaucoup de questions sur la France", nous souffle la Licra.

Discrimination au logement

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C'est une professionnelle de l'immobilier qui a été confrontée aux pratiques discriminatoires ayant parfois cours dans son métier. Cette Parisienne, en quête d'un logement sur Chambéry, jette son dévolu sur un appartement. "Il est déjà occupé", lui répond le propriétaire. Elle le fait rappeler par un ami, au profil identique mais au nom moins exotique. "Il est libre", lui dit-on. Le propriétaire ira jusqu'à relancer plusieurs fois l'ami. La jeune fille lésée signale les faits à l'agence, sans réponse. Elle n'engage aucune poursuite.

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