Mobilisation à Lyon 2 : Les syndicats ne font plus recette

Reportage - Ce mardi se tenait la première assemblée générale sur le campus des Berges du Rhône de l'Université Lumière Lyon 2 depuis sa réouverture administrative. Comme un symbole, les 250 étudiants se sont retrouvés dans l'amphithéâtre qui porte le nom de la résistante Lucie Aubrac pour faire un bilan et entrevoir le futur de la mobilisation.

Il y a du monde sur le campus des quais de l'Université Lumière Lyon 2. La réouverture administrative et la fin des vacances ramènent les étudiants sur leur lieu d'étude. Il flotte tout de même un esprit de résistance, un stand de l'Humanité dans la cour, des distributions de tracts des syndicats et des groupements politiques, une ambiance que Lyon 2 connaît déjà depuis plusieurs années. Dans l'amphithéâtre Lucie Aubrac, environ 250 personnes participent à l'assemblée générale organisée avec l'accord de la présidence de l'Université. Une forte majorité d'étudiants est présente alors que seulement quelques professeurs et membres de l'administration de l'Université prennent place dans l'audience. Ce sont les syndicats qui dirigent le rassemblement avec des militants de l'UNEF (Union nationale des Etudiants de France), de la FSE (Fédération Syndicale Etudiante) et de l'UEC (Union des Etudiants Communistes) à la tribune.

La fermeture "criminelle" de l’université

L'assemblée est relativement calme voire quasiment amorphe en début de séance, mais les débats s'animent rapidement avec les premières interventions de participants. Les militants syndicalistes et notamment ceux de la FSE s'en prennent directement à la décision de la présidence de l'Université de fermer administrativement les campus. "Il y a un caractère criminel dans la fermeture de l'Université, le président (de Lyon 2, NDLR) nous a mis à la rue" s'écrie un militant "Aujourd'hui, on est dans une situation où les militants ne pouvaient pas s'organiser et étaient envoyés à la boucherie". Ils dénoncent également les méthodes de communication d'André Tiran, le président de l'Université. Ils lui reprochent de se montrer coopérant en façade, mais s'étonnent qu'il ne soit pas présent ni représenté à l'assemblée générale. "C'est triste que Tiran ne soit pas là pour expliquer sa position (...) on veut un soutien sans condition des gens qui sont à Corbas (prison où sont détenus les manifestants, ndlr). Si Tiran veut montrer son soutien, il peut soutenir ces personnes-là". Tous dénoncent des arrestations injustifiées, le comportement de la police pendant les manifestations de la mi-octobre. "Il va falloir faire une campagne d'information sur les agissements de Tiran et de la police" déclare un autre militant de la FSE.

Les méthodes syndicales ne font plus recette

L’assemblée générale permet également de mesurer le fossé qui se creuse entre les syndicats et les étudiants mobilisés. Les méthodes et les discours sont critiqués. Un étudiant s’emporte à propos du comportement des syndicats le jeudi 21 octobre lorsque de jeunes manifestants des quartiers ont été bloqués toute l’après midi sur la place Bellecour : "Lorsque les mouilles des quartiers se font arrêter, il n’y a aucun de vous qui ont porté leurs "couilles", la CGT c’est pareil, ils se sont fait gazer et ils sont partis". Les discours changent eux aussi, la réforme des retraites, c’est déjà du passé et les étudiants présents s’aperçoivent que les revendications doivent être plus générales. "On est dans la rue parce qu’on en a marre de Sarkozy. Et on en avait marre de Chirac et on en aura marre de Strauss-Kahn. (…) On est nous-mêmes les premiers hypocrites dans les manifs devant les journalistes. La réforme, on s’en fout, ce dont on ne veut plus c’est Sarkozy, le capitalisme, la mondialisation". L’intervention est saluée par des applaudissements nourris. L’analyse d’une étudiante tombe, elle, comme un couperet : "Aujourd’hui, on voit la limite du système des syndicats qui est une réponse au système capitaliste. Parce que le capitalisme vieillit, les syndicats aussi". L’assemblée générale votera tout de même la grève et la tenue d’une prochaine assemblée mais la mobilisation à Lyon 2 a connu des jours plus ensoleillés.

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