Suicide à l'hôpital Croix-Rousse : la tension ne retombe pas

Après le suicide d'une laborantine de l'hôpital de la Croix-Rousse sur son lieu de travail en novembre dernier, les syndicats s'organisent pour prévenir de nouveaux drames. Alors que l'enquête de la délégation paritaire suit son cours, ils dénoncent un manque d'écoute de la part de la direction. Une direction qui, elle aussi, se remet en question après une mort aussi tragique.

"On ne va pas faire comme à France Télécom et attendre le 25e suicide pour réagir". Pascal Dupas, coordinateur régional de la CGT Santé Rhône-Alpes, s'insurge. Le 26 novembre dernier, une laborantine de l'hôpital de la Croix-Rousse mettait fin à ses jours en se jetant de la fenêtre de son bureau. Un geste désespéré et hautement symbolique qui a choqué le personnel hospitalier. Les syndicats, qui y voient la conséquence des profondes restructurations du service de biologie ne comptent pas rester les bras croisés.

À l'occasion d'une conférence de presse de la CGT Santé et Action Sociale, les syndicalistes ont annoncé vouloir organiser une conférence fin janvier ou début février sur le thème du suicide au travail. Au programme également, la mise en place d'un observatoire du travail et le lancement d'un sondage sur les conditions de travail. "Dans l'idéal, nous aimerions réaliser ce sondage à l'échelle des Hospices Civils de Lyon, voire du Grand Lyon, explique Geoffroy Bertholle, délégué CGT aux HCL. Mais suivant nos moyens, on devra peut-être se limiter à l'hôpital de la Croix Rousse."

"L'administration ne veut rien entendre"

"Certains médecins du travail et chefs de service commencent à monter au créneau", appuie Geoffroy Bertholle. "Ça commence à bouger, mais l'administration ne veut rien entendre". Pourtant Danielle Herbelet, directrice de l'hôpital de la Croix-Rousse, reconnaît avoir eu vent des difficultés conséquentes aux restructurations dans ce service, qui devait être transféré le 15 décembre vers un autre site des HCL. "Nous connaissons actuellement un certain nombre de réorganisations, et elles ne sont pas très très bien acceptées, explique-t-elle. Mais des tensions au sein du personnel j'en ai déjà connues. Dans ces cas-là, il faut être davantage attentif." L'ont-ils été suffisamment ? "J'espère que nous n'aurions pas connu ce drame si nous l'avions été assez", reconnaît-elle à demi-mot. "Je m'interroge, c'est normal. Notre souci premier est que cela ne se reproduise pas."

Pour cela, une délégation d'enquête paritaire a été mise sur pied. Elle devra rendre ses conclusions sur les raisons qui ont poussé cette laborantine à se donner la mort. En attendant les résultats de l'enquête, le transfert du service de biologie a été mis en suspend. La directrice de l'hôpital espère tenir un Comité d'Hygiène de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT) en février prochain pour décider de ce transfert.

Des relations tendues entre CGT et direction

Mais l'existence de cette délégation fait également débat car la CGT et Sud affirment en avoir été écartés "pour manque de neutralité", selon Catherine Bonnet, déléguée de la CGT Croix-Rousse. La direction de l'hôpital plaide quant à elle l'incompréhension. "Nous avons demandé à la CGT et Sud de désigner un représentant pour siéger à la délégation paritaire, rapporte Danielle Herbelet. Ils ont répondu qu'il n'y aurait aucun des deux syndicats car ils souhaitaient siéger tous les deux."

De l'aveu de la directrice elle-même, les relations avec la CGT sont tendues, "davantage qu'avec d'autres syndicats". Geoffroy Bertholle affirme même avoir été menacé d'être traîné en justice pour diffamation après "avoir dit que leurs restructurations allaient faire des morts". Aucune poursuite en justice n'a été entamée à ce jour. "Mais je m'attends à ce que cela arrive d'un jour à l'autre", soutient le syndicaliste.

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