Bande dessinée : La relève !

La 3e édition du Festival de la bande dessinée de Lyon prend fin cette semaine après avoir vécu son lot de dédicaces et de rencontres improbables. L'occasion de mettre en lumière les 29 printemps de Ben Lebègue, les 27 hivers de B-Gnet et les 23 étés de Vincent Pianina. Trois jeunes artistes de la région qui, non contents d'être tous diplômés (ou en passe de l'être) de l'école Emile Cohl*, présentent une caractéristique commune : le talent à outrance.

Lyon Capitale : C'est un handicap d'œuvrer dans la région lyonnaise ?
B-Gnet : Ce n'est pas un handicap dans le sens où on peut faire de la bande dessinée n'importe où. Avec les éditeurs, tout se passe par courrier, par mail. Après, il se passe des choses à Lyon, mais pas tellement plus qu'ailleurs. Mais ça m'a permis de rencontrer d'autres auteurs, de rejoindre l'atelier KCS...
L'atelier KCS, qu'est-ce donc exactement ?
Ben Lebègue : Le nom " KCS " ne veut rien dire en lui-même. On est un atelier d'auteurs, de potes qui aiment travailler ensemble. " Travailler ensemble " ne veut pas dire qu'on travaille tous sur le même projet, hein... On bosse sur nos projets et les autres peuvent critiquer objectivement notre travail. C'est le principe d'un atelier. On croit souvent que l'auteur de BD est quelqu'un de solitaire. Ce n'est pas vrai pour tout le monde.
B-Gnet : L'atelier KCS regroupe dix auteurs, à savoir : Jérome Jouvray, Olivier Jouvray, Anne-Claire Jouvray, Virginie Ollagnier, Fred Salsedo, Efix, Fredérick Mansot, Guillaume Martinez, Ben Lebègue et moi-même. On travaille chacun à notre façon dans un même lieu. Ça nous permet d'échanger des idées, des contacts, d'avoir un regard immédiat sur notre travail. Plutôt que de tourner en rond chez soi, maintenant, je tourne en rond à l'atelier et c'est bien plus marrant.

Comment définir votre travail ?
Vincent Pianina : Je ne saurais le définir. Disons que j'apprécie particulièrement la bande dessinée dite " indépendante " et ça doit ressortir quelque part sur mes planches...
B-Gnet : J'ignore si je m'inscris dans un courant. Certains me compare à Goossens pour me dire que ce que je fais est moins bien, mais je ne me serais jamais permis... Ce doit être à cause d'un semi-réalisme au service de l'absurde que j'utilise souvent, mais je change souvent la forme en fonction de l'histoire.
Ben Lebègue : Oui, il y a des mouvances et autres courants, comme tout travail artistique. Je suis encore un jeune auteur, j'ai encore certains " tics " et autres influences d'auteurs. On me dit que je suis dans la vague " nouvelle BD ". J'ai un style proche de l'illustration. Je suis influencé par Bouzard, Sfar, Boulet, Jérôme Jouvray, Efix, De Crecy, Emile Bravo, Franquin et beaucoup d'autres.
Quels sont vos projets ?
Vincent Pianina : Actuellement, je vis mes derniers jours en tant qu'étudiant. Je m'active donc de plus belle sur mon deuxième album de bande dessinée et sur des petits livres jeunesse pour les présenter au diplôme ! Je vais ensuite démarcher pour faire publier tout ça, du moins en partie. Je vais aussi produire professionnellement et continuer, en parallèle, à contribuer à l'essor du collectif lyonnais Arbitraire.
B-Gnet : Je publie dans le Psikopat depuis quelques années, ce qui a donné deux albums : The world is yaourt, aux Requins Marteaux et Rayures, chez 6 pieds sous terre. Je devrais sortir un nouvel album Wafwaf et capitaine Miaou chez Treize étrange en octobre, qui sera suivi, j'espère, de plusieurs tomes. Et d'autres trucs obscurs...
Ben Lebègue : Mes projets, c'est deux BD. L'une traitant de la dyslexie avec Virginie Ollagnier au scénario et Anne-Claire Jouvray à la couleur. Virginie et moi étant dyslexiques, on avait envie de raconter nos déboires scolaires avec un message d'espoir, tout en restant objectifs. L'autre sera pour tout-petits, sans texte, l'histoire d'un petit renard avec JC Deveney.

Que pensez-vous du travail de vos deux confrères ?
Vincent Pianina : Ce qui me plaîit chez Ben Lebègue, c'est sa spontanéité et chez B-Gnet, son sens du ridicule.
Ben Lebègue : Vincent a un don insolent pour la bd. Il ira loin celui là ! Quand à mon ami, mon frère d'arme B-Gnet, c'est sûsrement l'un des auteurs les plus drôles que je connaisse. Et son dessin est à la hauteur de son humour ! C'est le fils caché de Goossens et Gotlib.
B-Gnet : J'ai beaucoup aimé le Grand Gentil Loup, de Ben. J'attends qu'il nous sorte un autre album avec des personnages aussi marrants et expressifs ou plus encore... Je n'ai pas lu grand chose de Pianina, juste les histoires parues dans le Projet Bermuda*. C'était frais et drôle, mais je n'ai pas besoin de lui passer de la pommade. Achetez Les désaventures de monsieur Patigon, de Pianina ! Moi je le piquerai sur un stand dans un salon de BD.

*Retrouvez Ben Lebègue, B-Gnet, Vincent Pianina et une multitude d'autres artistes de la région sur le Projet Bermuda. Un recueil d'histoires en bande dessinée plus ou moins courtes, édité par la Librairie Expérience en juin 2007.

L'Ecole Emile Cohl
Située dans le 3e arrondissement, elle se veut depuis 23 ans une institution militante, qui, au-delà des enseignements distillés à des futurs peintres, sculpteurs, illustrateurs, graphistes, auteurs de BD et autres réalisateurs de dessins animés, veut démontrer que la figuration, la représentation du monde, sont des problématiques justes et pertinentes dignes d'être enseignées.

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