Gérard Collomb juste après sa réélection comme maire de Lyon, le 5 novembre 2018 © Tim Douet
Gérard Collomb juste après sa réélection comme maire de Lyon, le 5 novembre 2018 © Tim Douet

Lyon : Gérard Collomb réélu, l’opposition se déchaîne

Gérard Collomb a été réélu maire de Lyon, ce lundi matin, avec 41 voix. C’est sept de moins qu’en 2014 et cinq de moins que le nombre d’élus de sa majorité. Plus que ces voix manquantes, ce sont les prises de parole très acérées des élus de l’opposition qui auront marqué l’officialisation du retour de Gérard Collomb.

Il était parti sous une standing ovation et dans un concert de louanges. Dix-huit mois plus tard, Gérard Collomb est redevenu maire de Lyon dans un climat bien différent. Son retour a été salué par une opposition, toutes tendances politiques confondues, qu’il a ranimée en se présentant pour la quatrième fois à la fonction locale suprême. Mais c’est plutôt de son camp que viennent les bémols. Les cinq groupes de la majorité municipale avaient annoncé bien avant le scrutin de ce lundi 5 novembre qu’ils voteraient Gérard Collomb. Dans les faits, l’ancien ministre de l’Intérieur aurait dû obtenir 46 voix. Il en avait obtenu 48 en 2014. Au décompte, sur le coup de 10 heures, il n’a été crédité que de 41. Les rendez-vous personnels de Gérard Collomb avec les élus présents sur ses listes en 2014 n’ont donc pas tous abouti au vote escompté. Le mode de scrutin biaisé, à bulletins secrets mais sans isoloir, n’a pas plus renforcé la cohésion de la majorité. Cinq voix ont fait défaut ce lundi matin. Dans les cabinets, le dernier scénario tablait sur une élection avec 45 voix, en partant du principe que Thierry Braillard, ancien protégé tombé en disgrâce, avait prévu de ne pas venir. Il en a manqué d’autres. “Pour moi, ce sont les élus encore encartés au PS qui se sont abstenus”, estime un proche de Gérard Collomb. Mais ils ne sont plus assez nombreux pour que ce soit la seule explication. Quelques minutes plus tard, la liste des adjoints a d’ailleurs été mieux élue que Gérard Collomb : 44 voix. Avant le scrutin, l’ancien numéro deux du gouvernement visait une belle réélection, il devra se contenter d’une élection. Au sein de la majorité municipale, des états d’âme se sont donc fait entendre, avec une grande pudeur, lors de ce conseil municipal extraordinaire.

Collomb décrié

Les opposants, de droite comme de gauche, ont pris moins de pincettes à l’heure de saluer, à leur manière, le retour aux affaires de Gérard Collomb. La première salve est partie sur sa gauche. Nathalie Perrin-Gilbert, la maire du 1er arrondissement, a brodé un argumentaire coup de poing autour des “15 000 bonnes raisons” pour lesquelles Gérard Collomb aurait dû s’abstenir de revenir. Bien qu’elle se défende de tout jeunisme, elle a attaqué sur l’ancienneté du capitaine : “15 000, c’est le nombre de jours écoulés depuis votre première élection au conseil municipal de Lyon. Notre ville s’apprêtait à inaugurer le Crayon de la Part-Dieu (…) les Lyonnais découvraient la ligne A du métro (…) et l’émetteur de Fourvière offrait pour la première fois la possibilité de regarder le journal télévisé en couleur. À 600 kilomètres de Lyon, un enfant poussait son premier cri à la maternité d’Amiens : il s’appelait Emmanuel Macron.” Elle a ensuite critiqué l’opacité autour des opérations de vote de ce conseil municipal extraordinaire. Avant de finir, ironiquement, sur du Aznavour : “Il faut savoir, coûte que coûte, garder toute sa dignité. Et, malgré ce qu’il nous en coûte, s’en aller sans se retourner. Il faut savoir quitter la table, lorsque l’amour est desservi. Sans s’accrocher, l’air pitoyable. Mais partir sans faire de bruit.”

Képénékian salué

Stéphane Guilland, le président du groupe LR du conseil municipal, qui n’a pas participé au vote, s’est lui mué en archiviste des trente-neuf années de mandat du nouveau maire de Lyon en soulignant le double discours du candidat et du maire Collomb. Denis Broliquier s’est ensuite amusé de voir une majorité désormais “tenue par la peur”. Il a aussi insisté sur les conditions du retour de Gérard Collomb : “Votre départ, en abandonnant le gouvernement, est choquant. Vous avez fragilisé la sécurité du pays pour assouvir votre ambition personnelle et celle de votre épouse. C’est indigne.”

Denis Broliquier a enfin salué le travail de l’intérimaire Georges Képénékian. Le désormais ex-maire de Lyon a d’ailleurs reçu une standing ovation plus chaleureuse que celle de Gérard Collomb. “Pendant dix-huit mois, nous avons retrouvé de la considération, de l’écoute et du respect. Nous avons respiré”, a souligné le maire d’opposition du 2e arrondissement. D’une manière unanime, le travail de Georges Képénékian a été salué. “Pendant l’absence de Gérard Collomb, la ville comme la métropole tournait bien”, glisse dans un sourire une adjointe. Quand le nouveau maire de Lyon promet d’en faire “une source d’inspiration”, la salle du conseil municipal est prise d’un rire.

Le début de la cohabitation

Même réaction lorsque Gérard Collomb remercie David Kimelfeld pour son œuvre métropolitaine et clame que leurs relations ne connaîtront pas la moindre difficulté. Un vœu pieu qui, pour Nathalie Perrin-Gilbert, a été bafoué dès le discours de Gérard Collomb : “Le maire de Lyon ne semble pas prêt à lâcher la métropole.” Dans son allocution suivant son élection, le nouveau maire de Lyon s’est en effet affranchi des frontières géographiques de la ville. Il a aussi et surtout mis cap à gauche en évoquant l’action sociale et l’urgence climatique, en plus de son traditionnel discours axé sur le développement économique. “C’était plus un discours de président de métropole que de maire de Lyon. Mais, la métropole, c’est lui qui l’a créée et c’est aujourd’hui là-bas que se prennent les décisions, tempère une de ses adjointes. Ce n’est donc pas anormal qu’il en ait parlé. Et puis la situation politique est nouvelle pour lui.” Cette donne inédite, il va l’expérimenter dès ce lundi après-midi : le conseil métropolitain se réunit à partir de 14h30. Sous la présidence de David Kimelfeld.

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