Vianney
© Jean-Marc Lubrano

Concert : Vianney, le garçon formidable, au Radiant

À 24 ans, le petit malin Vianney est tout à la fois le fiancé de la chanson française, son gendre idéal et son petit frère tête à claques. Si vous n’aimez pas le détester, vous l’aimerez tout court.

C’est presque annoncé sur la pochette de son disque et ses visuels de promo : Vianney donne dans la pop pastel, technique de mélange de couleurs et d’idées, délavée à l’aquarelle de mélodies qui coulent comme de l’eau sur le Canson ou sur les plumes d’un canard – mais qui toujours, par on ne sait quel procédé, vont droit au cœur et au cerveau.

En réalité, ce pastel, cette pop bien élevée à tous les sens du terme, est le fruit de plus d’une contradiction. Idées blanches, indique le titre de son album, comme pour ne pas avancer l’hypothèse d’idées noires, de jours gris et parfois, quand même, de vie en rose. Soit à peu près toutes les couleurs de l’amour et des états par lesquels il passe.

Le copain boyscout très malin…

Vianney n’est certes pas le premier à faire des chansonnettes enlevées sur une fille qui n’est pas là ou à qui il épelle Je te déteste. Il est un des rares pourtant dont on ne sait à quel rayon le ranger, à cheval qu’il est entre rigueur rock, fantaisie pop et romantisme variétoche à la française. Sans doute parce qu’on a affaire là à un jeune homme poussé entre des parents mélomanes, l’école militaire de Saint-Cyr et des études de stylisme.

Vianney, c’est le copain boyscout qui chante l’amour, formaté mais en mode indé, ce qui empêche les purs popeux de balayer d’un revers de main une variété trop empruntée qui aurait fait un malheur à la Star Ac’ mais se trouve hébergée par le label Tôt ou Tard, premier sur la chanson française audacieuse et hybride. Le type qui porte le pull noué autour du cou mais part à Stockholm à vélo pour rejoindre une fille façon Routard (une anecdote dont il est fier). C’est la tête à claques qui porte sur lui une enfance dans le 16e et étale dans son clip sa collection de pompes, son manoir et ses camarades de catéchisme, mais qui est bien trop malin et doué pour ne pas esquiver la mandale.

… qui peut aller où il veut sans se cacher

De fait, le chanteur de 24 ans s’affiche comme il est, avec ses contradictions et ses élans. C’est peut-être son plan marketing, mais c’est aussi un plan tout court, une feuille de route, qui lui permet d’aller où il veut, n’ayant pas à se cacher ou à avancer masqué comme tant de ses confrères bien nés ou bien mis.

Vianney évite le branché comme la peste et c’est sans doute ce qui le rend inattaquable et... branché malgré lui autant que grand public. Quand, musicalement, on synthétise ce qu’on appelle communément la chanson d’auteur et la variété populaire (une première télé chez Patrick Sébastien), une énergie mélodique à la Tom Petty, la façon précieuse d’un Albin de la Simone, une affectation aristocratique joueuse de ses mots à la Pierre Lapointe et quelque chose d’un Renan Luce, on a des chances de ne laisser personne indifférent.

On le dit, Vianney est le chanteur qu’on aimerait beaucoup détester, sur lequel on aurait sadiquement voulu tirer à boulets rouges, il a tout pour cela. Tout, sauf les chansons trop emballantes. Vianney, avec ses airs de premier de la classe et son sourire de cancre, est désarmant : il pastellise sans peine les boulets de la critique, et des cœurs les plus blindés fait des cocottes en papier.

Vianney – Mercredi 18 novembre à 20h30, au Radiant-Bellevue, Caluire.
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