Lyon veut rester compétitive sur le marché de l'armement

A l'initiative de la CCI de Lyon, il regroupe une trentaine d'entreprises de la région dont le but est de conquérir les marchés internationaux de l'armement militaire. (Article paru dans l'édition de janvier 2009 de Lyon Capitale)

Testeur du canon de l'hélicoptère Tigre, système de navigation pour les blindés de la Bundeswehr (les forces armées allemandes), logiciel de détection des tirs d'armes légères, de mortiers et de roquettes pour l'armée américaine, indonésienne ou australienne, armement des sous-marins français Barracuda ou du missile balistique à têtes nucléaires M51...

Point commun de ces équipements ? Ils sont tous fabriqués à Lyon et en région. Le constat peut surprendre, la filière de l'armement évoquant plus Provence-Alpes-Côte-d'Azur (aéronautique, spatial), la Bretagne (chantiers navals), Midi-Pyrénées (Aerospace Valley) ou encore l'Aquitaine (aérospatial).

En réalité, selon une récente enquête, effectuée par la DGA (Délégation générale pour l'armement) et la Chambre de commerce et d'industrie de Lyon, en Rhône-Alpes plus de deux cents entreprises de défense participent à quelques cent vingt programmes de défense français, européens et internationaux.

Sur ce secteur porteur, Rhône-Alpes se hisse même au deuxième rang français. "La défense est un secteur qui ne connaît pas la crise, s'enthousiasme Guy Mathiolon, le président de la CCI de Lyon. Les carnets de commande sont remplis, le chiffre d'affaires des entreprises locales augmente de manière quasi exponentielle...

C'est simple, si l'on veut faire de l'argent, il faut être fort sur l'armement et la défense". Certainement l'un des meilleurs exemples : CentralpAutomatismes, une entreprise vénissianne leader européen dans les calculateurs embarqués dans les chars ou les porte-avions. De 21,2 millions de chiffre d'affaires en 2007, elle table sur 23 millions cette année.

La CCI de Lyon s'en va-t-en-guerre
Le 16 décembre dernier, la CCI a lancé le cluster Eden (European Defense Economic Networks), précisément présidé par le PDG de Centralp-Automatismes, Jean-Luc Logel. Objectif : "solidariser les PME lyonnaises entre elles afin de mieux pénétrer les marchés internationaux de l'armement". Autrement dit, faire du business. Une première en France dont l'Etat s'est largement fait l'écho : la présence à Lyon, ce jour-là, de Jacques-Emmanuel de Lajugie, adjoint au délégué général pour l'armement, a attesté de l'intérêt du gouvernement pour la démarche lyonnaise : "Rhône-Alpes est une région où les entreprises du secteur de l'armement travaillent bien. 40% de leur chiffre d'affaires part à l'export, ce qui est très supérieur à la moyenne nationale".

Et de rappeler qu' "entre 2000 et 2006, les dépenses d'armement dans le monde ont augmenté de +55% en valeur (ndlr : 1200 milliards en 2006). Elles augmentent partout dans le monde, sauf en Europe. Il n'y a aucune raison que la France ne profite pas de cette hausse". Le marché est juteux et Lyon compte bien sortir son épingle du jeu. En 2007, les entreprises rhonalpines ont généré plus d'1 milliard d'euros de chiffre d'affaires. "On peut aller bien en-deça", assure Jean-Philippe Ballaz, expert dans le domaine de la défense à la CCI de Lyon et coordinateur de l'enquête.

2,25 milliards pour la Défense
Un an après l'annonce du ministère de la Défense de relancer les exportations françaises d'armement, les entreprises de la région n'ont donc pas perdu leur temps. Fusil chargé, elles tirent désormais sur tout ce qui bouge. "L'industrie de Défense ne délocalise pas, elle produit en France", a insisté Hervé Morin, ministre de la Défense, le 18 décembre dernier, à Marolles-en-Hurepoix (Essonne), lors d'une visite de l'usine Panhard, berceau de la production de blindés.

Le ministre a ajouté que la part de défense dans le plan de relance économique français serait de 2,25 milliards d'euros en 2009-2010. "Plan immédiatement injectable dans l'économie française, et qui en plus prépare l'avenir".

Business is business
Malgré les centaines de milliers de morts annuels des conflits armés et des luttes de pouvoir aux quatre coins de la planète, "vendre des armes est un business comme les autres" prêche tout ce petit monde, comme le titre la base-line du film Lord of War (ou l'ascension fulgurante d'un trafiquant d'armes). L'homme en question, Yuri Orlov (Nicolas Cage), a cette réplique qui tue : "Un homme sur douze est armé sur la planète. La seule question, c'est : comment armer les onze autres ?"

Repères :

La défense et la sûreté en Rhône-Alpes
> plus de 200 entreprises de défense qui interviennent dans tous les secteurs industriels (électronique, nanotechnologie, alliage, véhicules, biotechnologie, NTIC, textile technique, laser, optique, matériaux composites...).
> 20 000 salariés.
> + 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2007.
> + 160 millions d'euros d'exportations en 2007.
> plus de 120 programmes de défense français, européens et internationaux.
Le marché des armes dans le monde (Source Sipri)
Dépenses militaires 2007 : 1339 milliards de dollars (évolution 1998/2007 : +45%). 10 pays seulement représentent 74% des dépenses militaires dont :
> Etats-Unis : 547 milliards (45% de part mondiale).
> Grande-Bretagne : 59,7 (5%).
> Chine : 58,3 (5%).
> France : 53,6 (4%).
> Japon : 43,6 (4%).
> Allemagne : 36,9 (3%).
> Russie : 35,4 (3%).
> Arabie Saoudite : 33,8 (3%).
> Italie : 33,1 (3%).
> Inde : 24,2 (2%).
Les Etats-Unis ont de loin les dépenses militaires les plus élevées (soit 202 dollars/hab. En 2007). Celles-ci sont les plus élevées depuis la Seconde Guerre mondiale. Le coût de la guerre en Irak est estimé à plus de 555 millions de dollars par jour (50 milliards tous les 3 mois).

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