Vols de vélo'v : Decaux ronge son frein

Reportage dans les coulisses du centre de maintenance de vélo'v.

Lundi 9 juin, 6h15, place Bellecour. Alors que les tentes installées pour les Fêtes consulaires sont démontées, le vélo'v 9191 traîne à proximité des fontaines, visiblement abandonné. A deux pas de la place des Terreaux, rue Lanterne, le numéro 7796 est couché sur le trottoir, bien amoché. Un point commun : les deux vélos ont été volés. A première vue car ils ont été mal raccrochés aux bornes des stations. Le 17 mai, lors du 7e sacre de l'Olympique Lyonnais, 180 vélos ont été arrachés des stations lyonnaises.

Au total, JC Decaux (qui gère le système gratuitement contre l'octroi de centaines de "sucettes" publicitaires), enregistre plus de 400 vols annuels de vélo'v sur Lyon et Villeurbanne. "La situation s'est inversée depuis un an environ, explique Pascal Chopin, directeur régional de JC Decaux. Avant, des vols étaient le fait de mauvais raccrochages et d'arrachages. Aujourd'hui, c'est quasiment l'inverse".
2 000 euros de réparations/an/vélo'v
Une visite au centre de maintenance vélo'v, à Villeurbanne, suffit pour s'en convaincre. L'immense hangar voit débarquer, chaque jour, entre 70 à 80 deux-roues, dont au moins un retrouvé abandonné, volé donc. Outre le vandalisme classique - pneus crevés, selles arrachées, électronique démontée, carters arrachés ou chaînes cassées - certains vélos ont leur transpondeur en métal (système d'attache aux bornes) scié en deux, d'autres ont même la fameuse borne en fonte d'acier (!) encore accrochée au cadre. Mauvaise conception ? Oui et non. Non, car jamais Decaux n'avait envisagé une seconde qu'on puisse s'attaquer de cette manière à ses vélos. Oui, car à regarder de plus près, le transpondeur n'est pas soudé au milieu du cadre du vélo. Résultat : en tordant très fortement le vélo'v sur le côté droit, il y a un effet de levier et l'attache casse, net.

1 vélo'v passe sur le billard tous les 50 jours
Au total, chacun des 4 000 vélo'v en service passe 1 fois tous les 50 jours sur le billard. Et les coupables tout trouvés - ce qui ne fera vraisemblablement pas rire Bernard Rivalta (PS) - ne sont autres que les TCL. "Depuis la fermeture d'accès au métro et la montée à l'avant dans le bus, les fraudeurs des transports en commun se sont déportés sur les vélo'v. Pour eux, le vélo'v doit être gratuit, comme le métro" analyse-t-on chez Decaux. Du coup, le leader mondial de l'affichage publicitaire commence à ronger son frein et, comme sur le Tour de France, entend bien compter sur ses coéquipiers. Le Grand Lyon en l'occurrence. Il faut dire que l'entretien annuel des 4 000 vélo'v coûte beaucoup d'argent : 2 000 euros en moyenne, le double du prix d'achat. "Au-delà de ce qu'on est capable d'assumer" avertit Anthonin Darbon, coordinateur France du système de vélos en libre service chez Decaux.

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