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Les "casseurs" devant la justice, 6e épisode

Sixième jour de comparution immédiate devant le tribunal correctionnel, lundi 25 octobre, pour les "casseurs" de Lyon. Lors de cette nouvelle journée, 3 prévenus sont dans le box. Deux sont connus des services de police, le troisième n'a jamais eu à faire à eux.

Chamirdin, 21 ans, est en dernière année de BEP maintenance. Cet habitant de Vaux-en-Velin est déjà connu de la justice pour avoir été condamné 4 fois entre 2008 et 2010 pour des vols avec violence. En ce lundi, il est dans le box accusé d'avoir jeté des pierres sur les forces de l'ordre, le 21 octobre, sur la place Bellecour. Charmirdin refuse la comparution immédiate lorsque le juge Bernard Seuzaret la lui propose. Son avocate réclame qu'on lui permette d'utiliser la vidéo pour prouver que Chamirdin n'a rien fait, elle s'étonne du fait qu'elle n'ait d'ailleurs toujours pas été utilisée. La procureur Descot obtient le maintien en détention qu'elle a demandé pendant son réquisitoire. Le procès est renvoyé au 18 novembre et le tribunal refuse à la défense l'utilisation de la vidéo.

Faute avouée...

Alladin, 20 ans, inscrit en intérim, n'a pas d'antécédents judiciaire. Le 19 octobre, il aurait jeté des pierres sur les forces de l'ordre, cassé la vitrine du magasin Le Printemps et abîmé une voiture. Il reconnaît les faits mais tient à donner sa version. Pour ce qui est des violences envers les forces de l'ordre, il explique qu'il était venu à Bellecour pour une manifestation pacifique. Lors du sit in sur la place, les CRS ont dispersé la foule en jetant des gazes lacrymogènes. Alladin excédé, a renvoyé des projectiles puis quelques autres petits cailloux. Concernant le magasin Le Printemps, il dit ne pas en avoir cassé la vitrine mais avoue avoir essayé à deux reprises avant de prendre conscience qu'il était en train de faire une "bêtise". Même chose pour la voiture, il ne l'a pas cassée. Pour Alladin, elle l'était déjà avant qu'il arrive et il se serait simplement appuyé dessus pour sauter par dessus une barrière. La procureur loue l'honnêteté du jeune homme dans ses déclarations et prend en compte le fait qu'il ait un casier vierge dans sa réquisition. Elle requiert 4 mois de prison ferme sans mandat de dépôt et propose de demander notamment à ce que sa peine ne soit pas inscrite aux B2 de son casier. Le tribunal inflige au prévenu une peine de 6 mois avec sursis.

"T'as vu ce que tu lui fais à ta mère"

Mehdi, 22 ans, a déjà été condamné à des travaux d'intérêt généraux pour un vol. Il comparait devant le tribunal pour avoir jeté des cailloux sur les forces et l'ordre et pour avoir à plusieurs reprises incité la foule à le suivre le 21 octobre sur la place Bellecour. Il nie les faits et explique qu'il était venu sur la place pour "voir le bordel". Ce jour là, c'était le dernier jours pour lequel il avait des travaux d'intérêt généraux à effectuer. Le juge Seuzaret se désole. Les policiers, de leur coté, ont pris des photos de Mehdi mais aucune qui prouve ce qui lui est reproché. "Ils se trompent, c'est sûr" affirme le prévenu. Pour la procureur, son profil est atypique. Elle rappelle que Mehdi n'a jamais eu de problèmes avec la justice pendant sa minorité mais elle juge qu'il semble tomber dans la "délinquance" face à son manque de direction professionnelle. Le tribunal condamne Mehdi à 3 mois de prison ferme avec mandat de dépôt. Sa mère, présente dans l'audience, fond en pleure. Le prévenu quitte le box, une amie lui crie alors "T'as vu ce que tu lui fais à ta mère".

Où est passée la vidéosurveillance ?

Encore une fois, l'ambiance a été lourde au tribunal correctionnel de Lyon. Les audiences attirent du monde. Les familles et les amies, des journalistes mais aussi de nombreux membres d'associations de défense des droits de l'Homme et de soutien aux incarcérés assistent à ces comparutions immédiates. Les délibérés qui sont rendus sont quasiment mécaniques, les réquisitoires et les plaidoiries similaires. Tout le monde s'étonne de la sévérité des peines infligées. Les dossiers sont très souvent légers et incomplets, les bandes des caméras de vidéosurveillance et de l'hélicoptère de la gendarmerie ne sont jamais utilisées. Quand la défense les demande, on les lui refuse comme on a pu le voir lors de cette audience.
Précédant le procès des "casseurs", un homme est passé dans le box des accusés. Voilà 2 mois qu'il battait sa femme enceinte, il a écopé de 12 mois de prison dont 6 fermes.

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