Confluence plan

La Confluence est-elle complètement enclavée ?

Mardi 7 septembre, durant quelques heures, les 600 salariés des Docks ont été captifs de leur quartier. En cause : l'unique voie d'accès routière qui était inondée. Cette situation exceptionnelle a mis en lumière les problèmes d'accessibilité de la Confluence. La Ville, soucieuse d'en faire un éco-quartier, ne souhaite pas favoriser l'accès aux voitures et mise sur les transports collectifs. Mais le tram est-il suffisant ?

Mardi 7 septembre, les quelque 600 salariés des Docks (Le Progrès, Cardinal, radio Espace, brasseries...) ont été les otages de leur quartier, coincés entre la Saône, la place nautique et la rue Montrocher - l'unique voie de secours - noyée sous un 1,20 m d'eau (voir la carte ci-contre, emplacement de l'étoile). En quelques heures, cette partie de la Confluence était passée de Presqu’île à île... Un incident qui souligne une singularité : les docks constituent une enclave dans un quartier - la Confluence -, lui même enclavé. Des "paquebots" d'entreprises qui se succèdent ne sont reliés que par une seule impasse. Et, déjà passablement encombré, le site va accueillir le siège de GL Events et d'Euronews.

Une étude "cachée"

La voirie actuelle ne permet pas aux bus de circuler. Seule la navette 91, aujourd'hui, y accède. Denis Broliquier, maire du 2e arrondissement, propose que soit créée une deuxième voie, reliant le cours Charlemagne aux docks. "Et peut-être une sortie tout au bout". "On est dans un cul-de-sac, un peu prisonniers du site. C'est sûr, avoir une deuxième voie d'accès nous soulagerait", confirme le restaurateur Nicolas le Bec. Ces problèmes préfigurent peut-être des difficultés qui vont se poser à l'échelle de l'ensemble de la Confluence. L'heure de vérité approche. À la fin de l'année, 1450 salariés du conseil régional vont, chaque jour, affluer. Et la situation promet même d'être explosive, avec la relance du chantier du musée, le lancement du prolongement du tramway jusqu'à Debourg (octobre 2011) et l'ouverture du centre commercial (septembre 2011).

L'avis de la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal), que le président de l'agglomération s'est employé à masquer, tire la sonnette d'alarme (1). "Les aménagements engendreront un report important du trafic sur les quais du Rhône et de la Saône, qui seront quasi à saturation. De plus, la desserte interne du nord du quartier - Saint-Blandine - sera, elle aussi, saturée", prévoit le document. La droite profite de ces incertitudes pour contester la politique de déplacements de Gérard Collomb et proposer des aménagements pro-voitures. "Il faut absolument élargir le cours Charlemagne au sud pour favoriser l'entrée du quartier", suggère Denis Broliquier, maire du 2e arrondissement.

Des bouchons pour réduire, au final, le trafic

Mais la municipalité s'en tient à sa ligne de conduite : faire de ce nouveau centre-ville un éco-quartier où la place de la voiture est très limitée. Cette politique de la contrainte présente déjà des résultats. "Le nombre de voitures en circulation a reculé à Lyon de 21% entre 2002 et 2008", expose Jean-Louis Touraine, adjoint au maire en charge des déplacements.

À défaut d'interdire radicalement l'accès aux voitures comme l'ont fait certaines municipalités en Europe, cette politique va générer des embouteillages. "De nouveaux équilibres se trouveront", parie, confiante, Martine Meunier-Chabert, chargée de mission au Certu (2), qui cite Bron et l'avenue Berthelot où le tram s'est frayé deux voies et où, finalement, "il n'y a pas plus de congestion qu'ailleurs". "C'est comme pour aller place des Terreaux, les gens vont intégrer qu'il vaut mieux ne pas s'y aventurer en voiture, mais en transports en commun", affirme Benoît Bardet, directeur adjoint de la société publique locale d'aménagement Lyon-Confluence.

"Une très probable saturation des lignes de tramway"

Mais, pour que le report s'opère sur les "modes alternatifs à la voiture", il faut une offre compétitive de transports en commun. C'est le cas à proximité de Perrache où les habitants ont l'embarras du choix : métro A, deux lignes de tram et bus. Mais le reste du quartier est surtout irrigué par le tramway, pensé comme la colonne vertébrale de la Confluence. Ne desservent les autres rues que le bus n°8 (Ste Foy/Caluire) et la navette 91 qui accède jusqu'à la Sucrière.

L'avenir ne laisse pas entrevoir des améliorations suffisantes. Des progrès pourraient venir du prolongement du T2 jusqu'à Montrocher (le terminus est aujourd'hui à Perrache) et surtout du T1 jusqu'à Debourg en 2014. Il y rejoindra un pôle d'échanges avec le métro B qui ira jusqu'à Oullins. Mais, selon la Dreal, "ces optimisations risquent d'être insuffisantes à long terme sans le développement d'autres lignes fortes de transports en commun (bus à haut niveau de service par exemple)". Les services de l'État en concluent en "une très probable saturation des lignes de tramway T1 et T2 à long terme".

Un avenir pour le métro ?

Voilà qui conforte l'opposition municipale quand elle remet en cause le choix du tram, préféré au métro. Un transport souterrain aurait soulagé le cours Charlemagne et aurait surtout assuré un débit supérieur de voyageurs. "La première décision de l'ère post-Collomb, ce sera de lancer des études sur le métro", pronostique Denis Broliquier. "La priorité était de prolonger le métro jusqu'à Oullins, où il y a plus de gens à desservir et avec la perspective d'aller jusqu'aux Hôpitaux sud", indique Gilles Buna. Selon Jean-Louis Touraine, le choix du tram ne devrait pas être remis en cause dans les quinze ans qui viennent. Soit, mais après ?

(1) Réalisée par un cabinet indépendant, l'étude d'impact est obligatoire avant le lancement d'une nouvelle Zac, comme c'est ici le cas avec la deuxième phase de Confluence. À l'issue de cette enquête, la Dreal a rendu un avis.

(2) Centre d'études sur les réseaux, les transports, l'urbanisme et les constructions.

Retrouver l'intégralité de notre dossier "La Confluence sans voiture, un pari menacé", dans le mensuel de septembre, actuellement en vente chez votre marchand de journaux.

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