Graff-ik'Art
Six graffeurs internationaux n’ont pas été payés par le festival Graff-ik’Art.

Pourquoi les stars du graff ne veulent pas revenir à Lyon

Une association de Vaulx-en-Velin subventionnée est en bisbille avec des graffeurs de réputation internationale qu’elle n’a jamais payés lors d’un festival de street art. La mairie, qui la soutient, ne compte pas payer non plus.

Article publié le 1er avril à 9h07, mis à jour le 10 avril.

Mode2, Part1, Shoe, Kay One... Ça ne vous dit très probablement rien. Dans le milieu du graffiti, ils sont pourtant considérés comme faisant partie des meilleurs. Le Parisien KayOne a usé ses bombes au sein du crew le plus puissant de l'Hexagone, le 93NTM (avec JoeyStarr et Kool Shen) ; Part 1, qui a modelé le milieu des graffeurs de métro en 1974, est l'un des défricheurs du graffiti new-yorkais ; le Londonien Mode2, ayant vécu presque deux décennies à Paname, est l'une des figures majeures de la culture hip-hop et figure de proue du mouvement street art en Europe ; quant au Néerlandais Shoe, il est l'un des pionniers du graffiti en Europe.

Ironie de l'histoire du graff (qui reste une dégradation volontaire, au sens du Code pénal), leurs œuvres sortent de la rue et s'exposent désormais dans les plus grandes galeries. Mode2, pour ne citer que lui, a collaboré avec Jean-Baptiste Mondino, Daft Punk ou encore les Rolling Stones.

“Peur de se faire arnaquer”

En septembre dernier, ils étaient réunis à Lyon, dans le cadre du festival Graff-ik'Art, organisé par l'association vaudaise Fedevo. Sauf qu'ils ne remettront pas de sitôt les pieds en terres gauloises, Lyon s'apparentant pour eux à une sorte d'insula barbara du graffiti. Il faut dire qu'ils n'ont jamais été payés. Soit 1 200 euros chacun. "On n'a pas pu les payer à cause d'une subvention du conseil régional de 5 000 euros qu'on n'a jamais reçue, se défend Rudy Moradel, président de Fedevo. Du coup, on n'avait plus de trésorerie, on avait déjà tout dépensé en frais d'avion et d'hôtel."

Pourtant, selon les artistes, l'organisateur, qui savait ne pas avoir les sous, les aurait quand même sollicités, en disant qu'il s'arrangerait plus tard. Au final, pas de rémunération. Résultat, les artistes sont repartis avec leurs toiles sous le bras (4 mètres par 2 quand même...). "Ils avaient peur de se faire arnaquer. C'est dommage pour nous, car l'idée était de réexposer les toiles, ce qui nous aurait permis de gagner un peu d'argent... Chacune vaut quand même entre 6 000 et 20 000 euros."

Changement de maire

En mairie, la communication reconnaît à demi-mots que Fedevo est "un vrai sac de nœuds", que "tout se fait à chaque fois à l'arrache". Pour autant, pour Sylvain Guillot, le directeur des affaires culturelles de la ville de Vaulx-en-Velin, pas question de "se substituer aux financeurs défaillants, la ville [n'ayant] rien à se reprocher".

Et Rudy Moradel, le président de l'association Fedevo (qui joue par ailleurs un rôle socio-éducatif en organisant pas mal de choses pour les jeunes des quartiers), de jurer qu'on ne l'y reprendra plus et que d'ailleurs "tout va s'arranger", la mairie lui ayant promis une rallonge pour payer les six artistes internationaux. Sauf que la mairie a changé de main... Pas de quoi désamorcer les bombes.

En attendant, Mode2, Part1, Shoe, Kay One et les autres ne comptent pas en rester là.

Article mis à jour le 10 avril à 14h50.

Après avoir lu notre article, la Région Rhône-Alpes nous a appelés pour confirmer que la subvention accordée à Fedevo avait bien été votée en octobre 2013. Soit une enveloppe de 5 000 euros. En revanche, la Région explique que l’association vaudaise n’a jamais demandé le versement du solde.

Rudy Moradel, le président de l’association Fedevo, pourra donc payer les artistes.

La Région a aussi confirmé qu’une subvention de 5 000 euros, dans le cadre de la politique de la ville, avait déjà été programmée pour 2014 à Fedevo.

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