Une école primaire
©Tim Douet

Des cours de “langue d’origine” crispent des parents

L’éventualité de la mise en place d’enseignement de “langue et culture d’origine” dans la ville de Miribel a entraîné la colère de certains parents. Motif : seuls les enfants ayant au moins un parent originaire de certains pays y sont acceptés. Explications.

Une école primaire ()

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Photo d'illustration : une école primaire

Des cours de langue en primaire. Voilà le sujet de crispation de plusieurs parents d'élèves des écoles primaires de Miribel, une ville de l'Ain située à quelques kilomètres de Lyon. Il y a quelques jours de cela, les instituteurs de leurs enfants leur ont remis un petit coupon concernant la possibilité de mise en place de 1h30 de cours de langue et culture dès la rentrée de septembre, pour les élèves du CE1 au CM2.

Mais voilà, ces cours ne sont ouverts que dans certaines langues et "à condition qu'au moins un des parents possède ou ait possédé la nationalité algérienne, croate, espagnole, italienne, marocaine, portugaise, serbe, tunisienne ou turque".

Tollé chez certains parents qui évoquent une mesure "discriminatoire" pour les enfants dont les deux parents sont de nationalité française, qui ne peuvent bénéficier de ces cours. Certains autres parents évoquent une "initiative curieuse" qui s'apparente à "une démarche communautariste".

Depuis 1977

Joint par Lyon Capitale, le directeur de l'école centrale de Miribel affirme qu'il s'agit pour l'instant d'une "enquête" pour déterminer s'il y a lieu de mettre en place de tels cours, en fonction de la demande. "Il ne s'agit pas d'une initiative qui concernerait uniquement mon établissement", explique-t-il, précisant que les autres écoles de la ville ont également remis le "questionnaire" aux parents d'élèves. Une première à Miribel, mais pas ailleurs.

En réalité, les enseignements de langue et culture d'origine (ELCO) datent de 1977. Ils sont un reliquat des accords de coopération. L'enseignement de ces langues relève en effet d'accords bilatéraux signés entre les pays et l’Éducation nationale.

Les ambassades financent

Ainsi, si les cours ont lieu au sein de l'école, mais en dehors des heures de classe (au moment de la pause méridienne ou à la fin de la journée de classe), les enseignants de langue sont quant à eux recrutés et rémunérés par les ambassades des pays concernés.

C'est à cause de ce point que les cours sont ouverts aux seuls élèves ayant un parent de la nationalité du pays de la langue concernée. Toutefois, cette règle trouve quelquefois certaines dérogations, selon le niveau de remplissage du cours et la langue concernée. Ainsi, le ministère de l’Éducation nationale précise que les cours d'italien ou de portugais sont parfois ouverts aux enfants qui ne remplissent pas toutes les conditions. "C'est en revanche plus rare pour les cours d'arabe, vu qu'ils concentrent trois nationalités et affichent bien souvent complet", explique-t-on au ministère de l’Éducation nationale.

"Accueillir tous les élèves qui le souhaitent signifie qu'il faudrait parfois recruter d'autres intervenants, or ce n'est pas du ressort de l’Éducation nationale, qui est un accueillant. Ce sont les conseillers culturels des ambassades qui décident en la matière." Les services de l’Éducation nationale inspectent toutefois les intervenants pour "vérifier qu'il n'y a aucune dérive et que la laïcité est respectée".

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale © Tim Douet

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Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale.

“Les temps ont changé”

En 1977, le dispositif se présentait en effet comme la possibilité pour les enfants de maintenir "un lien avec le pays d'origine pour ceux qui auraient souhaité faire un éventuel “retour au pays”", explique-t-on au ministère de l’Éducation nationale. Depuis la création des ELCO, il a été question d'y mettre fin à plusieurs reprises. La semaine dernière, le député UMP Bruno Le Maire réclamait leur suppression.

Exclu, pour Najat Vallaud-Belkacem, pour qui les ELCO doivent être maintenus même si elle reconnaît que depuis leur mise en place "les temps ont changé". La ministre de l'Education nationale souhaite désormais les ouvrir à tous les élèves, que leurs parents soient immigrés ou non. Elle souhaite également que ces cours soient intégrés au temps scolaire, au même titre que l'anglais ou d'autres options.

Pour l'année scolaire 2012-2013, 92 161 élèves prenaient part aux ELCO en France, dont 86 947 en primaire.

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