Michel Chapoutier © Tim Douet 001
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Michel Chapoutier nouveau président des côtes-du-rhône

Le négociant et propriétaire de vignobles Michel Chapoutier, à la tête d’un des plus grands négoces de la vallée du Rhône, a été élu président d’Inter-Rhône, l’interprofession des vins côtes-du-rhône et de la vallée du Rhône, 2e vignoble français d’AOC.

Michel Chapoutier © Tim Douet

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Vendredi, Michel Chapoutier a pris la tête d'Inter-Rhône, l'interprofession des vins de la vallée du Rhône. Il succède à Christian Paly, pour trois ans. Comme le veut la tradition, un représentant du négoce succède à un élu de la famille de la production.

Repères

La Vallée du Rhône, c'est :

– le 2e vignoble français d'AOC en superficie (70 014 hectares) et en production (conventionnel et bio)

– 5 000 exploitations viticoles

– 2,5 millions d'hectolitres récoltés en 2013

– 1,4 milliard d'euros de chiffre d'affaires

– 400 millions de bouteilles commercialisées

– 46 000 emplois directs

Lyon Capitale avait rencontré Michel Chapoutier à l’automne 2012. Nous republions ci-dessous l’article paru dans le mensuel n°716.

Chapoutier, Monsieur 100 000 volts

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Michel Chapoutier est à la tête d'un des plus grands négoces de la vallée du Rhône. 360 hectares de vignes exploitées en France, en Australie et au Portugal, 5 millions de bouteilles commercialisées par an et 130 salariés.

Lorsqu'il marche, malgré sa petite taille, on a l'impression qu'il court. Lorsqu'il conduit son Q5 entre les vignes, on se dit qu'il va finir sur le toit. Lorsqu'il parle, on ne sait pas s'il pourra s'arrêter. L'homme ne parle jamais pour ne rien dire. Il a un avis sur tout. Des idées qu'il s'est forgées au fil des années, en autodidacte et en ne suivant que son instinct. Beaucoup avaient prédit sa chute : il n'était pas dans le moule. Trop excentrique pour le milieu. Trop bavard certainement. Trop visionnaire indéniablement.

Biodynamique

En 1990, quand il reprend en main la maison familiale, le chiffre d'affaires est de 2 millions d'euros. Il le multiplie par 20 en vingt ans. Quand il décide de faire toutes ses étiquettes en braille, on le prend pour un fou. Aujourd'hui, tout le monde en parle. Quand il décide de convertir l'ensemble de ses vignes en biodynamie, il n'attend pas une tendance écolo.
Michel Chapoutier est convaincu que la plante a tout le potentiel pour s'adapter à son environnement. Plutôt que de l'assister par des traitements abusifs de produits chimiques, il décide de lui faire confiance et de l'accompagner. Ça marche. “Sur l'hermitage [le vignoble le plus prestigieux, dont le prix des vins atteint des centaines d'euros, ndlr], la vigne est plus forte. On a été parmi les moins touchés par la maladie.” Et de poursuivre le raisonnement : “Le travail à la vigne crée le potentiel de qualité. Et à la cave, on ne peut que transformer le potentiel en qualité, on ne peut pas créer la qualité.”
L'homme n'a qu'un mot à la bouche : terroir, terroir, terroir. “Je ne cherche pas à faire le meilleur vin mais la meilleure photo du terrain. Je suis inventeur des sols.” C'est ainsi qu'il est parti en Australie et au Portugal. Le terroir, encore une fois, qui a dicté sa démarche. Sa femme a beau lui dire qu'à force de trop “s'éparpiller”, il risque de tomber de son statut de leader de la vallée du Rhône, il fonce tête baissée.
En Australie, il est tombé raide dingue de l'art aborigène : ses bureaux de Tain-l'Hermitage en sont cafis. Il est pour le pluralisme : sans être communiste, il défendra financièrement le journal L'Humanité. Le vin étant un art de vivre, il deviendra président du syndicat des vignerons de l'hermitage, patron du syndicat des négociants de la vallée du Rhône, vice-président d'Interhône, chargé de la promotion des vins de la vallée et membre actif de l'Inao. Michel Chapoutier ne fait rien à moitié. Tout à 300 à l'heure. C'est Monsieur 100 000 volts.

“J’ai fait don de mon foie à la Comtesse du Barry”

“Si tu n'utilises ton cerveau qu'à la recherche de la rentabilité, tu deviens con. Mon job, c'est d'être créatif, de me poser les bonnes questions. Mais le challenge m'intéresse davantage que le profit que je peux en tirer.” Quelques heures passées en sa compagnie et l'homme devient amical. D'autant qu'il n'est pas avare de bons mots. En buvant l'un de ses vins, il dit : “Oui, j'ai fait don de mon foie à la Comtesse du Barry” ou “Si tu n'es pas socialiste à 20 ans, c'est que tu n'as pas de cœur. Si tu es socialiste à 40 ans, c'est que tu n'as pas de tête”.
Pour lui, il faut combattre la vénalité sans combattre la rémunération. “On ne peut pas demander des efforts à des gens qui sont payés au lance-pierres.” Ses vendangeurs sont tous des habitués. Un lien de travail basé sur la confiance. Et ça semble payer. Aujourd'hui, Chapoutier est, avec son voisin Guigal, la maison qui a obtenu le plus de 100/100 au Parker. Et il n'en est pas peu fier. Ce n'est pas l'histoire qui fait l'homme mais l'homme qui fait l'hsitoire. Michel Chapoutier le sait et fait tout pour. Fac & Spera (Fais et espère), la devise de la maison.
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