Philippe Grillot : de la CCI de Lyon au basket féminin

Les joueuses du Lyon Basket Féminin reviennent de loin. Reléguées en division inférieure (LF2) à l’issue de la saison dernière, repêchées de justesse en première division (LFB) grâce au dépôt de bilan de Challes-les-Eaux, elles s'installent, depuis leur victoire contre Nantes-Rezé (75-57), dimanche 20 janvier, à la troisième place du classement, à égalité avec Bourges. De quoi nourrir les ambitions du nouveau président et actionnaire, Philippe Grillot.

Lyon Capitale : Les joueuses ont remporté un match très important contre Nantes-Rezé, dimanche 20 janvier (75-57). Quel bilan tirez-vous de la première partie de saison ?

Philippe Grillot : En battant Nantes-Rezé, les filles ont non seulement ravi leur entraîneur Laurent Buffard qui mettait un point d’honneur à gagner contre son ancienne équipe (Ndlr : il a entraîné Nantes-Rezé de 2009 à 2012) mais elles remplissent aussi notre objectif de finir dans les quatre premiers. Être à cette place du championnat à côté de Bourges, c’est beau. Quand on pense qu’on devait être relégué. C’est un changement radical !

Êtes-vous satisfait de vos six premiers mois à la tête du Lyon Basket féminin?

Je suis arrivé à la présidence du LBF après avoir déjà été sponsor de l’équipe féminine de Bourges. Je suis devenu actionnaire et président parce que le club de Lyon avait la volonté de transformer l’association en SASP (Société anonyme sportive professionnelle), un changement qui permet d’être ambitieux. Mais j’y suis surtout allé parce que c’est un club féminin. J’aime le logo “Lyon gagne avec ses femmes”. Assurer la promotion de la femme à travers le sport est, pour moi, très important. Je veux faire du LBF un club qui s’engage avec la citoyenneté.

Vous avez donc l’intention de vous inscrire dans la durée ?

Au moins pour les 4-5 ans à venir. Après je laisserai ma place aux jeunes. À la CCI (Ndlr : Philippe Grillot est président), nous sommes en relation avec des associations comme “Nos quartiers ont du talent”, “Sport dans la ville” et “L’école de la deuxième chance”, dont l’objectif est de réinsérer des jeunes en difficulté. Je veux profiter de cette expérience pour montrer que l’on peut faire de la promotion sociale à travers le sport. Le projet citoyen est aussi important que le projet sportif. Dès le printemps, on va emmener les filles sur le terrain, dans les quartiers pour organiser du basket de rue.

Quelle est votre ambition sportive ?

Finir dans les quatre premiers cette année, dans les deux premiers l’année prochaine, faire une Coupe d’Europe et être champion de France dans trois ans ! Avec un budget de 1,6 million d’euros, le LBF est dans la moyenne des clubs français. Cette saison, le recrutement a été compliqué. Au moment où l’on a appris que l’on était repêché, à la fin du mois de juillet, il ne nous restait que trois filles. On a dû récupérer sept joueuses en provenance de Challes-les-Eaux. Finalement, on a une bonne ossature. Mais on a encore une faiblesse sur le tir à trois points… Dès cette semaine, on va plancher sur le recrutement de la saison prochaine. On veut mettre les moyens. Ce n’est qu’en étant ambitieux que l’on intéressera du monde. Mais je suis très attaché aux valeurs et je n’accepterai jamais de faire venir des individualités exécrables au prétexte que ce sont de supers joueuses qui pourraient nous faire gagner le championnat de France ou une Coupe d’Europe.

Votre capitaine Audrey Sauret (photo) nous confiait à la fin du mois de décembre (Lire ici) : “Le grand public a envie de voir un Tony Parker ou un Nicolas Batum”. Malgré vos bons résultats, les filles souffrent toujours de visibilité…

Oui c’est compliqué pour le sport féminin. Il suffit de lire L’Équipe le dimanche matin pour constater qu’il y a une page complète sur l’Asvel ou Cholet alors qu’il n’y a qu’une ligne pour les résultats et le classement des filles. Le sport féminin n’intéresse pas parce que le sport reste très macho. Pour les non initiés, le basket féminin est un jeu de “baballe”. Je vais très souvent voir les matchs de l’Asvel et je vous avoue que je préfère les filles. C’est plus rapide, plus vif, plus spontané.

Au foot, Jean-Michel Aulas a réussi à construire une grande équipe féminine. Est-ce que vous ambitionnez de devenir le Jean-Michel Aulas du basket féminin ?

Je connais Jean-Michel Aulas depuis 25 ans, il a un engagement extraordinaire pour l'OL. Je ne pense pas qu’un club comme le LBF, qui joue dans le 8e arrondissement et dans une salle communale puisse arriver au niveau de l’OL féminin. Mais je pense qu’il y a de la place pour le sport féminin dans notre région. Il n’y a pas que le foot. Le basket féminin bénéficie d’un réel engouement grâce à la médaille d’argent obtenue par l’équipe de France aux derniers Jeux Olympiques. Et puis, je crois beaucoup aux clubs des grandes agglomérations. Lyon mérite d’avoir des clubs européens. C’est une ambition qui correspond à sa stratégie économique de devenir une grande métropole européenne. J’ai pu constater l’aura de l’OL dans le monde entier. J’aimerais que le basket féminin en fasse autant.

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