Les Dialogues (Presque) Imaginaires > Episode 2 : Collomb / Marmoz

Régulièrement, au gré de l’actualité et des différentes prises de position, retrouvez sur lyoncapitale.fr un feuilleton passionnant. Parce que, comme l’écrivait Paul Auster dans La chambre dérobée, "chacun sait que les histoires sont imaginaires. Nous savons qu’elles ne sont pas vraies même quand elles nous disent des vérités plus importantes que celles que nous pouvons trouver ailleurs". Dans ce second épisode, Gérard Collomb devise avec son conseiller Robert Marmoz, suite au conseil municipal du 11 octobre. Interrogé sur la situation à La Duchère par Jeanne d’Anglejean, conseillère municipale d’opposition, le maire, chantant toujours sa même antienne, vient juste d’indiquer en séance publique que les articles de Lyon Capitale étaient "calomnieux" et ne correspondaient "en rien à la réalité".

Gérard Collomb : Ça commence à bien faire, Lyon Capitale ! Ras la moumoute ! Ils me parlent plus que de ça au conseil !

Robert Marmoz : Comme vous l’avez mouchée la Jehanne de France ! Circulez y’a rien à voir ! J’ai adoré le passage du voyage organisé ! "Je vous emmène tous à la Duchère" ! Excellent, Monsieur le Maire, excellent !

GC : Je vais quand même pas me laisser emmerder par la presse à scandale !

RM : Ouaip, la presse à scandale, populiste, calomnieuse, à la solde du Grand Capital !!!

GC : C’est bon Robert, n’en jetez plus, il n’y a que vous et moi. C’est quand même ennuyeux, cet article sur la Duchère, en plus cet ahuri de Giordano a confirmé. Faudrait trouver une parade, un truc énorme, les écraser, les réduire au silence !

RM : Quand j’étais à la LCR, on optait pour des solutions radicales. Mais depuis que j’ai traversé le miroir, je réfléchis trop. C’est pas bon pour l’action ça.

GC : Que proposez-vous ?

RM : Monsieur le Maire, il faudrait renouer avec vos fondamentaux. Vous laisser repousser la moustache, ressortir du placard vos grosses lunettes, vos costumes en acrylique et racheter votre ancien appart’ au-dessus de l’autoroute. Ça, ça ferait "peuple", ça serait bon vu le contexte.

GC : Vous me voyez chez Ruquier avec ce look ?! Naulleau et Zemmour vont me fracasser ! Déjà que…

RM : N’empêche, quand vous aviez ce look de loser, ça plaisait. L’éternel perdant, ça vous a fait gagner, et le futur winner, ça risque de vous faire perdre. Il faudrait retrouver l’esprit de cette époque, quand je vous raccompagnais en bas de chez vous et que vous me susurriez : "Robert, je voudrais que les Lyonnais m’appellent Gérard". Ça avait de la gueule…

GC : Robert, soyons sérieux. Je suis un homme politique qui compte aujourd’hui. Les choses évoluent… Vous-même, après avoir couvert ma campagne pour votre canard, vous avez tourné la page du journalisme, vous n’avez pas perdu pour autant votre certificat d’honnêteté. Et maintenant vous écrivez mes discours, qui l’eût cru ? Que vous le vouliez ou non, de gauchiste vous êtes devenu strauss-kahnien, c’est comme ça, c’est la vie, c’est comme à la Duchère : des malfaçons, il y en a partout.

RM : Moi-même, en Ardèche, je suis passé à travers un plancher vermoulu. C’est rudement vrai et ça fait rudement mal. Qu’on me lapide, qu’on me précipite à travers tous les planchers vermoulus de la terre, mais qu’on arrête de me faire la morale ! J’en peux plus moi…

GC : Qu’est-ce qu’on va faire pour la Duchère ?

RM : Franchement ? Chuis sec. On a déjà organisé un voyage en minibus, mais Mathiolon avait sa conf de presse le même jour, il nous a piqué tous les journalistes. Le mieux, c’est de passer à autre chose. Puisque vous voulez pas ressortir vos grosses lunettes.

GC : C’est une obsession chez vous !

RM : J’en peux plus, Monsieur le Maire, j’en peux plus. Le pouvoir je l’ai toujours fui, pour y avoir goûté, un peu, quand j’étais rédacteur en chef à Libé-Lyon. Mais aujourd’hui je jette l’éponge ! Je pourrais toujours trouver deux ou trois piges qui m’amèneraient tranquillement à compléter les trimestres qui me manquent pour faire valoir mes droits à la retraite...

GC : Je vais vous écrire quelques lettres de recommandation, j’ai gardé des amis dans le secteur. On va quand même pas se laisser emmerder par la presse à scandale !

RM : Ouaip, la presse à scandale, populiste, calomnieuse, à la solde du Grand Capital !!!

GC : C’est bon Robert, n’en jetez plus… Il n’y a que vous et moi, il n’y a que vous et moi.

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