Dominique Strauss-Kahn
© Alexa Stankovic / AFP

Procès de DSK : les points à savoir sur l’affaire du Carlton

Dominique Strauss-Kahn comparaît à partir de lundi devant le tribunal correctionnel de Lille, avec 13 autres prévenus, dans l’affaire du Carlton de Lille. Tous se retrouvent accusés de proxénétisme aggravé, soupçonnés d’avoir participé ou organisé des soirées en compagnie de prostituées.

Comment la police s’est retrouvée à enquêter sur ce dossier ?

Dès 2011, sur des renseignements anonymes, la police judiciaire de Lille examine de près les fréquentations de l’hôtel Carlton et de l'hôtel des Tours, des établissements réputés de la ville du Nord. Ces informations obtenues par les enquêteurs indiquent que René Kifer, la soixantaine florissante, chargé des relations publiques, ferait venir des prostituées pour quelques clients. Il utiliserait ainsi des contacts en Belgique, comme le fameux Dominique Alderweireld, dit Dodo la Saumure. Ce Français, installé en Belgique, avait ouvert de nombreux établissements de charme le long de la frontière franco-belge.

Peu à peu, grâce aux écoutes téléphoniques, des noms apparaissent, ceux de notables lillois : l'avocat Emmanuel Riglaire, David Roquet (directeur d'une filiale du groupe Eiffage) et Fabrice Paszkowski (directeur d'une entreprise spécialisée dans les appareils médicaux). Le chef de la sûreté départementale, Jean-Christophe Lagarde, apparaît aussi adepte de ces soirées particulières.

Pourquoi le nom de l’ancien patron du FMI se trouve dans le dossier ?

Nous sommes peu après le scandale de New York lorsque la mise en examen de Dominique Strauss-Kahn intervient dans le dossier Carlton. Par l'intermédiaire de son ami Fabrice Paszkowski, avec un autre notable lillois, Jean-Christophe Lagarde, l'ancien patron du FMI est soupçonné d'avoir participé à des parties fines avec des prostituées rémunérées. L'instruction ne cache rien des préférences sexuelles de Dominique Strauss-Kahn. Les juges vont même jusqu'à le décrire comme le roi de la fête, le pivot central voire l'investigateur de ces fameuses soirées.

Certaines de ces soirées se sont déroulées à Paris et en Belgique et trois à Washington en janvier et décembre 2010 et en mai 2011. Les prévenus avancent qu'il s'agissait avant tout de réunions pour préparer la future campagne des primaires à gauche. Le commissaire Jean-Christophe Lagarde explique qu'il y parlait des conditions de sécurité. Seulement voilà, dans ces réunions, des jeunes femmes (présentées comme des secrétaires) apportaient aussi du plaisir à ces messieurs en fin de discussion.

Pour sa défense, DSK a toujours affirmé ne pas savoir que ces jeunes femmes étaient des prostituées. Adepte du libertinage, certes, il ne le cache pas, mais pas du sexe tarifé. C'est d'ailleurs la ligne de défense de la plupart des prévenus.

Qui est l’autre figure médiatique du procès, Dodo la Saumure, célèbre proxénète ?

Son nom est apparu très tôt dans la procédure. Souteneur en Belgique, il considère exercer une activité "tolérée". Il n’avait jamais caché avoir ouvert des établissements de charme. En fait, il lui est reproché de “fournir” les prostituées impliquées. La tenue de ses maisons de passe est très florissante, notamment le long de la frontière franco-belge. L'homme, célèbre pour sa gouaille et son franc-parler, avait ouvert une cinquantaine d'établissements avant d'être rattrapé par la justice belge, qui avait pourtant longtemps toléré ce genre d'activité.

Pour la défense, il s’agit d’un dossier jugé moralement et non d’une motivation juridique. Pourquoi ?

Les avocats de la défense dénoncent un dossier moral, empreint de beaucoup d'hypocrisie. "Aujourd'hui, pourquoi pas poursuivre alors les nombreux sites qui fleurissent sur Internet et qui proposent l'amour tarifé ?" avance Me Hubert Delarue, l'avocat de René Kojfer, l’un des acteurs principaux du dossier. “La justice a d'autres choses à faire que de s'occuper de galipettes entre adultes consentants”, estime-t-il. Et de nous confier qu'il aurait préféré un procès devant une cour d'assises : “Les jurés auraient pu montrer que notre société a évolué en matière de mœurs."

Pourtant, au cours de l'instruction, certaines participantes évoquent des séances de "carnage", d’"abattage" et de "pure consommation sexuelle". "C'est vraiment nous faire croire qu'il est naïf", avance Jade au sujet de la soi-disant méconnaissance de DSK sur son état de prostituée. À l'époque, il est vrai, le parquet avait formulé un non-lieu pour Dominique Strauss-Kahn. Finalement, les juges l'ont renvoyé devant un tribunal correctionnel pour proxénétisme aggravé.

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