Lyon 1921: les étudiants chinois jetés en prison et expulsés

Le président chinois Xi Jinping est à Lyon durant deux jours. Mercredi 26 mars, il visitera l'Institut franco-chinois dans le 5e arrondissement. Fondée en 1921, cette université alors inédite, va déclencher une importante contestation à Lyon. Le mouvement se terminera par l'emprisonnement et l'expulsion d'une centaine d'étudiants chinois.

Lyon, 1921. La prison militaire de Montluc ouvre ses portes, à côté du fort du même nom, dans le 3e arrondissement. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle sera d’abord placée sous l’autorité de Vichy puis sous celle de l’occupant allemand, qui s’en servira comme lieu de détention pour les résistants et les Juifs (lire ici).

Les difficultés des étudiants ouvriers chinois

Les premiers prisonniers de Montluc restent sans aucun doute les jeunes Chinois issus du mouvement travail-études. Envoyés en France pour s’y former, ils ont vu leur situation se fragiliser à la suite de la Première Guerre mondiale. L'activité économique a ralenti, les usines ferment et les étudiants chinois font face à d'importantes difficultés financières. Début 1921, voyant qu'aucune aide n'arrive de leur pays d'origine, ils organisent de nombreuses manifestations notamment à Paris. Un événement va mettre le feu aux poudres. Les étudiants entendent parler du projet de création d’un Institut franco-chinois à Lyon, seule université chinoise basée en dehors du pays du milieu, et qui doit ouvrir ses portes en septembre 1921 à l'intérieur du fort Saint-Irénée.

La marche chinoise sur Lyon

Les Chinois déjà présents en France tentent d’être admis sans passer le concours ; en vain : l’institut n’est alors ouvert qu’aux Chinois encore présents dans leur pays et la sélection favorise une certaine élite, ce qui ravive les tensions. Informés de l’arrivée du directeur de la nouvelle structure, Wu Zhihui, et des promus, les étudiants ouvriers convergent vers Lyon et demandent à être hébergés à Saint-Irénée, ce qui leur est refusé. Ils décident alors d'occuper le fort. Après l’échec des négociations, 104 d’entre eux sont arrêtés par les forces de l'ordre puis amenés à la prison de Montluc. Le directeur de l'Institut franco-chinois se dit prêt à intégrer vingt étudiants ouvriers dans sa structure, mais les autorités universitaires françaises refusent ce geste. Le 13 octobre, les étudiants chinois sont conduits à la gare des Brotteaux, convoyés en train jusqu’à Marseille puis expulsés par bateau vers la Chine. Pour sa part, l'Institut fermera en 1946 après avoir accueilli 473 étudiants.

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