Biennale Internationale Design de Saint-Étienne : Clément Bataille présente l’Urban mob

Après les flash mobs, il faudra désormais penser aussi aux Urban mobs. A l'occasion de la Biennale Internationale Design de Saint-Étienne, rencontre avec Clément Bataille directeur de création chez Orange. A travers cet entretien, il nous présente ce nouveau concept et parle évoque les dernières révolutions en matière de design.

Lyon Capitale : Qu'est-ce qu'un Urban mob ?

Clément Bataille : Un Urban mob est une création, voir même un projet artistique capable de retranscrire de manière dynamique les données qui sont échangées dans une ville. Nous présentons trois petits films lors de la Biennale Internationale Design de Saint-Étienne qui simulent l'activité des villes, mais aussi leur niveau d'émotion. C'est très simple : nous avons la vue des cités en perspective sur laquelle des points lumineux scintillent pour représenter le nombre de communications que les gens échangent via leur téléphone mobile (appel et SMS). Le public pourra découvrir une représentation de la fête de la musique à Paris, de la finale de la coupe d'Europe à Séville et enfin de la fête des Lumières à Lyon.

Comment cela fonctionne-t-il ?

On appelle ça la "data visualization" : visualisation des données. Orange possède le nombre de communications qui sont échangées entre les gens avec leur téléphone portable et le lieu où ils se trouvent. A partir de là, on a créé un petit programme qui transforme ces données en informations visuelles. Le designer doit arriver à retranscrire ces chiffres pour que les images parlent d'elles-mêmes sans tomber dans les tableaux ou les graphiques.

Quelles sont les autres usages de cette technologie ?

C'est un projet artistique, beau, animé, qui fait réfléchir. Il intéresse beaucoup les sociologues et montre comment la vie se développe dans la ville en fonction des moments de la journée. Par exemple lors de la fête de la musique à Paris, on voit très bien à 18h30, que le concert de Tokyo Hotel démarre porte d'Auteuil. A ce moment-là, la carte affiche un geyser de lumières qui représente le niveau des échanges. A 18h40, le concert débute, les échanges diminuent. Après, il y a des échanges partout dans la ville. A 1h, les échanges s'intensifient à nouveau, les gens cherchent des soirées pour finir la nuit. Pour la fête des lumières, tout est différent. Au début de la soirée les échanges sont importants puis ils diminuent rapidement. Les gens cherchent à se retrouver vers 19 heures puis l'évènement devient paradoxalement plus intime.

L'Urban mob ne donne-t-il pas raison à ceux qui pensent que les mobiles servent à surveiller nos déplacements ?

Nous sommes dans un schéma différent. C'est l'activité d'une ville qui est représentée. Le nombre d'appels n'est pas affiché ni le nombre de personnes : tout cela est totalement anonyme.

Pour vous, y-a-t-il des choses qui ont révolutionnées le design récemment ?

La partie la plus connue du design correspond aux éléments mobiliers mais nous travaillons aussi sur des produits industriels, le son, les textiles. L'ère internet a fait émerger le design du numérique : la manière dont on fabrique les sites, l'ergonomie ou bien encore la navigation. 2007 a été une année révolutionnaire. La Wii a marqué le design : on fait vraiment les gestes, le son sort de la manette avec une petite vibration lors des impacts. Le rendu de jeu est très immersif. La même année, l'iPhone et ses interactions naturelles ont modifié l’objet téléphone portable. Le mode d'emploi est devenu inutile. Il y a eu incontestablement un avant et un après 2007.

Le Microsoft Kinect qui permet de jouer sans manette va-t-il tuer la Wii ?

La Wii n'est pas du tout morte. Elle reste très en vogue dans les maisons de retraite, ne serait-ce que pour entrainer ces « nouveaux jeunes » qui font du tennis à partir de 80 ans. Je suis convaincu que pour beaucoup de jeux, il est nécessaire d'avoir quelque chose dans les mains. Le Kinect est révolutionnaire dans l'idée qu'on peut commander sans objet, mais c'est assez gênant de jouer sans accessoire. Par contre pour d'autres jeux comme le foot, le concept peut être intéressant.

Quelles sont les prochains chantiers du design ?

La "data visualization" est un gros chantier de même que la navigation par l’image. Les designers s'intéressent aussi à la nanotechnologie, aux interfaces digitales en 3D avec ou sans lunettes. On est loin d'avoir tout vu.

Le grand public oublie souvent que derrière chaque objet se cache parfois des équipes de designers, n’est-ce pas frustrant pour votre profession ?

Si les gens ne se rendent pas compte qu'il y a des designers derrière un projet, cela signifie que nous avons bien fait notre travail.

Plus d'informations et vidéo des Urban mobs

Biennale Internationale Design de Saint Étienne

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