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@WilliamPham

Lyon : après la grève, Bruno Bernard a écrit à tous les agents TCL, l'allotissement est en marche

L'appel à la grève contre le projet d'allotissement dans les TCL à Lyon a été très largement suivi le mercredi 9 février, avec de nombreux grévistes. Le projet d'allotissement va bien voir le jour.

La plus grosse grève dans les TCL depuis 2009. C'était le 9 février dernier. Avec notamment un métro D, la ligne lyonnaise la plus empruntée, à l'arrêt toute la journée. Et une fin de service totale à 19h30.

Lire notre reportage ici : Grève dans les TCL à Lyon : la mobilisation devrait durer, explications et reportage

Pourquoi cette grève ? L'ensemble des syndicats dans les TCL sont furieux contre le projet d'allotissement. Pour résumer, depuis 1993, et au moins jusqu'à mi-2024, le Sytral délègue à un seul et même opérateur l’exploitation de tout le réseau TCL, à travers une délégation de service public (DSP). Cet opérateur, c'est Keolis. Keolis Lyon, une entreprise privée de 4500 personnes.

Pour le prochain appel d'offres, le Sytral, présidé par l'écologiste Bruno Bernard, également président de la Métropole de Lyon, souhaite ouvrir la possibilité à un projet d'allotissement (le fait de grouper des "marchandises" en lots), un projet qui pourrait répartir les modes de transports selon plusieurs lots (par exemple un lot "métro-tram", un lot "bus" etc..) avec ainsi l'arrivée possible de plusieurs opérateurs selon le mode de transport (métros, bus, trams etc...).

De (vives) inquiétudes des agents TCL

L'ensemble des syndicats dans les TCL sont vent debout contre ce projet d'allotissement. Face aux (vives) inquiétudes, le Sytral a proposé " un socle social qui garantira à tous les salariés la continuité de tous leurs acquis et droits sociaux". Concrètement, qu’est-ce que ce socle social ? "Pour mettre en place concrètement ce socle social, le Sytral exigera que les entreprises qui répondent aux futures consultations s’engagent sur la préservation des acquis pendant toute la durée du contrat par la conclusion d’accords collectifs de substitution avec les partenaires sociaux, qui devront reprendre au minimum les dispositions du socle social.

Mais la proposition de ce "socle social" n'a en rien rassuré les syndicats. Les salariés de Keolis étaient nombreux, le mercredi 9 février, en grève. "C'est historique. Plus de 1100 grévistes. Sur 1600-1700 travaillants au Jour J", expliquait à Lyon Capitale Karime Kissa, délégué syndical Force Ouvrière - TCL. Le réseau TCL ne fonctionnait qu'entre 6h30 et 19h30. La ligne de métro D, la plus fréquentée du réseau, était à l'arrêt complet, toute la journée. Comme le métro C. Comme les trams T1, T5 et T7. Comme de nombreuses lignes de bus. Jamais, depuis 2009, il n'y avait eu une telle grève dans les TCL à Lyon.

Les syndicats sont unanimes. Ils ne veulent pas de ce projet d'allotissement. "Il n'y a rien de bon dans un projet d'allotissement. Demain, on veux éclater un réseau qui marche très bien en plusieurs lots différents. Simplement pour des raisons politiques et mercantiles. Les salariés des TCL n'ont rien à gagner là-dedans", balayait Thierry Pécoud, secrétaire du syndicat CGT TCL. "Le socle social, c'est de la poudre aux yeux. Rien dans les textes, dans la loi. Celui qui va reprendre, ça sera le patron. Et il fera ce qu'il voudra. On peut dire que "oui on va mettre la pression pour que", mais c'est du vent", poursuivait Thierry Pécoud de la CGT, remonté.

Bernard confirme 2 lots différents

Le 16 février, Bruno Bernard a écrit une lettre aux agents du réseau TCL. Confirmant clairement le projet d'allotissement.

"Les résultats des études nous amène à proposer une organisation de la gestion du réseau TCL pensée autour de 2 lots principaux : un lot "modes lourds" rassemblant le métro, la funiculaire, le tramway (dont Rhôneexepress), la gestion des infrastructures, les systèmes d'informations, la sécurité et les contrôleurs en délégation de service public, un lot "bus et trolleybus" rassemblant tous les sites et les contrôleurs en délégation de service public", explique le président du Sytral et de la Métropole de Lyon.

"Pour ce qui concerne les services "parcs relais et "relation usagers", nous proposerons une reprise en gestion publique sous la forme d'une société publique locale", ajoute le président du Sytral, Bruno Bernard.

"Je peux vous assurer qu'aucun de ces projets ne se fera au détriment des salariés du réseau", martèle Bernard, qui n'avait pas convaincu les syndicats et nombre de salariés jusqu'à présent. "La qualité des conditions de travail ainsi que la sécurisation et le développement professionnel de chaque agent TCL sont au coeur de mon engagement", clame-t-il, s'évertuant à annoncer la création d'un "socle social". "Concrètement, tous les accord collectifs, engagements unilatéraux de l'entreprise et existants sont inscrits dans ce socle pour constituer une base militante qui figurera au sein des futurs contrats et engagera les futurs opérateurs", ajoute-t-il encore.

La réflexion sur l’opportunité d’un allotissement pour le réseau TCL doit se traduire par une décision lors du prochain conseil d’administration du Sytral, le 10 mars prochain. Après la lettre de Bruno Bernard, le vote du Sytral ne fait guère de doute, les écologistes ayant une (très) large majorité.

Lire aussi : Cacophonie à la Métropole de Lyon, débats houleux après une proposition controversée de Bruno Bernard sur le futur Sytral

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