Compteur électrique intelligent Linky : le consommateur va-t-il payer la note ?

Fin avril, l’UFC-Que choisir jetait un pavé dans la mare en saisissant le Conseil d’État. L'objet de la discorde ? Les compteurs Linky, dont la généralisation a été validée en janvier dernier, après l’expérimentation de 300 000 appareils à Lyon et en Indre-et-Loire. Pour l’association de consommateurs, le projet fait fi des intérêts du client.

Un compteur gratuit ?

Sous la pression du Gouvernement, Henri Proglio, le PDG d’ERDF, l’avait promis : la pose des Linky serait gratuite. En réalité, elle ne sera pas directement facturée au client mais répercutée sur le prix de l’électricité, via le tarif d’acheminement. Le remplacement des 35 millions de compteurs, prévu à l’horizon 2020, est estimé à 4,5 milliards d’euros, soit un minimum de 128 euros par unité. Le sujet semble sensible puisque Didier Nadal, le directeur d’ERDF Lyon Métropole, cherche à éluder la question en affirmant que “les modalités de financement sont toujours en négociation”.

Linky facteur d’économies ?

Les avantages sont certains pour le gestionnaire du réseau : suppression des relèves de compteur, baisse du nombre d’interventions à domicile, capacité d’anticipation de la demande énergétique limitant les pertes… Autant de facteurs d’économies pour ERDF, qui ne seront pas répercutés sur le prix de l’électricité tant qu’ERDF ne se sera pas remboursé les 4,5 milliards d’investissement initial.

Un compteur vert ?

La communication d’ERDF prend appui sur cette idée : le consommateur y trouverait son compte dans les économies d’énergie. La logique est simple : en permettant à l’utilisateur de consulter sa consommation d’électricité en direct, celui-ci serait amené à avoir des comportements plus responsables et donc à limiter sa facture énergétique. Mais, chez 50 % des ménages, le compteur électrique est difficilement accessible car situé à l’extérieur du logement, dans un garage ou encore en hauteur… Or cet aspect a été oublié durant la phase d’expérimentation, les effets sur la consommation d’électricité n’étant testés que depuis la décision de généralisation. De plus, le compteur, lui-même alimenté en électricité, pourrait selon l’Ademe générer une augmentation de 0,05 % de la consommation nationale.

Pour une fois, les deux parties sont d’accord : ce n’est pas le compteur lui-même qui génère des économies d’énergie mais les mécanismes d’information et les services proposés autour.

De nouveaux services payants ?

Avec ce nouveau système, le consommateur sera abreuvé d’informations brutes de la part d’ERDF : consommation depuis l’installation du compteur, puissance soutirée dans l’instantané, puissance maximale… Autant de données difficiles à interpréter. Seuls les fournisseurs d’électricité pourront apporter des informations plus précises sur les consommations journalières et les tarifs, qui vont se multiplier. Des services d’aide à la maîtrise de la consommation sont par ailleurs envisagés : conseils, outils de comparaison, programmation des appareils électriques en fonction des plages horaires tarifaires… Or, “chaque fournisseur décidera des services proposés et de leur coût”, admet Didier Nadal, le législateur n’ayant pas pour le moment choisi d’encadrer cet aspect. Rien ne garantit donc leur gratuité. “Si c’est pour payer en services ce qu’on gagne en consommation, ça ne sert pas à grand-chose”, craint Nicolas Mouchnino, de l’UFC-Que choisir.

Des créations d’emploi ?

Autre argument d’ERDF : Linky pourrait générer 10 000 emplois pour la pose et la construction des compteurs. Mais c’est sans compter la suppression des relèves et d’interventions qui pourront maintenant être effectuées à distance. Bertrand Dauce, le directeur régional Clients et fournisseurs d’ERDF, l’admet, le bilan est simple : “Il y aura une création nette d’emplois pendant la période de pose, puis une diminution après 2020.”

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180 000 compteurs testés à Lyon, entre mars 2010 et mars 2011

- 200 techniciens mobilisés

- 1 500 compteurs posés en moyenne par jour

- Durée moyenne de l’installation : 30 minutes, résultat qui permet de valider le budget de 4,5 milliards d’euros et la possibilité de généralisation d’ici à 2020.

- La capacité de communication en direct des données a été vérifiée.

- Taux de réclamation : 0,7 %. Leur objet : problèmes de coupure ou de non-compatibilité avec des ballons d’eau chaude programmables.

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