Chimie : tension sociale explosive

A l'annonce de la suppression de la moitié des emplois de leur plateforme chimique, ils ont répondu par l'occupation de l'usine.

L es foudres des restructurations n'en finissent pas de s'abattre sur la chimie lyonnaise. Après le rachat de Rhodia Silicones par un conglomérat chinois et la fermeture de l'usine Huntsman (217 emplois supprimés), c'est au tour de la plateforme Arkema d'être touchée. Malgré un bénéfice de 45 millions d'euros annoncé pour 2006, le groupe chimique, ex-filiale du groupe Total, annonce un "recentrage de ses activités sur les secteurs à hautes rentabilités" du site de Pierre-Bénite. Conséquences : fermeront en octobre 2007, les ateliers "structurellement déficitaires", à savoir ceux qui produisent l'acide fluorhydrique qui entre dans la composition des liquides de refroidissement, eux-mêmes fabriqués sur place. "En raison de la hausse du coût de la matière première, on a meilleure compte d'acheter ailleurs cet acide plutôt que de le produire nous-mêmes", précise Sylvie Baquet la directrice. L'effet est immédiat, 272 salariés sur 574 risquent de perdre leur emploi. A l'annonce du plan social, plus de la moitié des salariés se sont mis en grève et ont occupé l'usine pendant une semaine. Du coup, ils ont "viré" la direction, qui s'est réfugié au centre technique d'à côté.

Usine occupée, patron "délocalisé"

24 heures sur 24, plus de 200 ouvriers et techniciens se sont relayés pour assurer le piquet de grève. Des délégations sont aussi sorties de l'usine pour bloquer les voies SNCF, "colorer" le Rhône et rencontrer des élus. Des actions originales et radicales visant à appuyer leur principale revendication : l'ouverture de négociations sur les aspects économiques de la restructuration. "Arkema privilégie une démarche financière à une démarche industrielle, explique Guy Commarmond secrétaire du Comité d'entreprise CGT. Mais des investissements sont certainement nécessaires dans les ateliers menacés. Les alternatives existent aux licenciements".

Rapidement, sous la pression des "bloqueurs", la direction d'Arkema a montré qu'elle était ouverte au dialogue. Mais cela n'a pas été jugé suffisant par les grévistes qui ont revoté la poursuite de l'occupation. Ils réclament "zéro licenciement" quand la direction parle de reclassement dans les autres usines françaises du groupe ou d'aide à la recherche d'emploi. "On doit poser comme préalable à toutes négociations, le reclassement des salariés dans les autres ateliers du site qui tournent en sous-effectif, insiste un technicien gréviste. On ne peut ni accepter des mutations contraintes, ni leurs soi-disantes propositions d'emplois". Lundi 2 avril, un accord a été signé entre la direction et les organisations syndicales, CGT en tête. Le blocus de la plateforme a alors été levé. Dans ce protocole, la direction s'engage à financer une expertise industrielle indépendante du site de Pierre Bénite et ensuite à étudier toutes les solutions induites qui limiteraient les conséquences sur l'emploi. Des négociations devront définir la viabilité des emplois menacés atelier par atelier. Malgré ces engagements obtenus à l'arraché, 2007 sera pour la chimie, secteur traditionnel de l'industrie lyonnaise, une année noire.

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