Biovision ou l'auto-glorification de la science

Le forum n'a pas suscité de grand plan d'action.

Malgré les bonnes intentions, les conclusions de Biovision ressemblent plus à un enchaînement de questions sans réponses. Cependant, Clara Gaymard présidente de General Electrics pour l'Europe Nord-Ouest estime: 'Nous nous devons d'être optimistes'. Le mot d'ordre, c'est la participation des citoyens, la mise en place d'une nouvelle gouvernance des sciences. Mais comment rendre attractives les sciences de la Vie? 'Il faut que ce soit cool, déclare Roch Doliveux, PDG d'UCB (industrie pharmaceutique), le but n'est pas de former des ingénieurs, des scientifiques mais d'enseigner la bonne manière de penser.' Eduquer les populations permettra, selon lui, de faire baisser la mortalité et réduire le nombre de maladies.

'Pauvres scientifiques, s'indigne une personne du public, vous êtes bien arrogants de vouloir nous dire combien ce que vous faites, est fascinant.' Mea culpa des chercheurs présents qui reconnaissent à demi-mot leur sentiment de détenir la vérité tout comme la peur de dire leur ignorance. La question de l'opacité des scientifiques est aussi soulevée par une journaliste roumaine, à qui on répond qu'il faut développer les liens entre journalistes et scientifiques. Avant d'ajouter que les journalistes parlent trop et spéculent sur des technologies encore à l'état d'embryon. Donc la transparence mais pas à n'importe quel prix.

Un faux-débat

On a également un drôle de sentiment en voyant sur la scène des personnalités d'Europe et des Etats-Unis et dans la salle, les réactions plutôt vives des scientifiques du Tiers-Monde, clairement sous-représenté dans la réflexion. Avec des problématiques très occidentales comme le vieillissement des populations, le cancer, les biotechnologies, les technologies environnementales, le forum est passé à côté des problèmes de la faim, de la pauvreté et des changements climatiques dans les pays du Sud. Au fond, le petit nombre qui détient les moyens financiers est encore bien majoritaire dans les débats.

Les termes d'éthique, de développement durable, d'éco-citoyenneté pleuvent dans les discours. Ce sont de belles ambitions, mais quels sont les moyens d'action? Tous les sujets de réflexion que ce soient les OGM, les biotechnologies, les nouvelles pathologies, ont été abordés seulement du point de vue de la communauté scientifique, sans faire de vague. Les conférences sont restées plutôt lisses, même si les désaccords étaient parfois évidents. Seuls les couloirs sont animés et c'est peut-être là finalement que se joue tout le forum. Une sorte de faux-débat de bout en bout qui conclut sur le fait qu'il faut réunir tous les acteurs sociaux pour améliorer le futur et créer une nouvelle gouvernance qui inclut chaque citoyen. Mais ne le fait pas. Que peut-on attendre d'un forum qui ne s'ouvre quasiment pas aux ONG, aux acteurs locaux, aux citoyens tout simplement?

Marine Badoux

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