Jean Michel Aulas
© Tim Douet

Aulas sur l'aéroport de Lyon : "Si Macron nous rappelle, on revient"

Jean-Michel Aulas et d'autres grands acteurs locaux s'étaient associés au fonds d'investissement Ardian pour la reprise de l'aéroport Saint-Exupery. Les dernières informations indiquent que le gouvernement n'a pas sélectionné cette candidature parmi les deux projets retenus. Le fondateur de CEGID, président de l'OL, livre ses impressions.

Lyon Capitale : Deux dossiers seraient retenus et Ardian n'en fait pas partie, quelle est votre première réaction ?

Jean-Michel Aulas : C'est désolant. Gérard Collomb a dit sur BFM TV qu'Emmanuel Macron a une vraie connaissance de notre pays. Sur Twitter, j'ai répondu : "sauf apparemment sur les décisions de privatisation des aéroports". Je suis très déçu de la manière dont le dossier a été suivi. Mon tweet exprime assez bien ce que je pense. Notre dossier était bon sur le plan technique et sur la gestion stratégique de l'aéroport. Dans ce projet, la gouvernance avec des acteurs locaux était un modèle à suivre. Je pense que c'est comme cela que l'on doit faire dans le futur pour les projets de structures privées qui touchent le grand public. C'est ce que nous avons fait avec le stade. Là, on tombe dans un truc pas transparent. On retrouve dedans des gens sélectionnés qui sont les mêmes que d' habitude. On est forcément déçu. Ardian va demander qu'on soit réintégré dans un troisième tour et on va dynamiser notre offre.

Pour vous, qui sont ces "habituels sélectionnés" ?

Je vois que Vinci, qui était sûr de lui sur ce dossier, fait partie des heureux élus. Ils sont beaucoup présents à Lyon sur les grands dossiers. Ils sont sûrement meilleurs que tout le monde sur de nombreuses choses, mais on ne peut pas être meilleur partout.

Avez-vous l'impression d'avoir été trahi par Emmanuel Macron ?

On ne va pas aller jusque-là. Dans l'environnement actuel, il est davantage sur d'autres sujets, plus politiques, plus personnels. J'ai beaucoup apprécié la position du président du tribunal de commerce qui a dit que l'intérêt de ce dossier c'était de fait appel à des intervenants locaux. On peut avoir une structure très puissante pour la gouvernance d'un aéroport. On voulait des acteurs locaux pour éviter que le trafic le plus important soit détourné au profit de Paris pour des raisons politiques. Pour bénéficier de ces options de décentralisation, attirer les grandes compagnies internationales, il faut une gouvernance régionale. S'il y a un intérêt pour une compagnie chinoise de venir à Lyon, il faut faire en sorte que Paris n'empêche pas cette arrivée chez nous. On a l'impression d'être les dindons de la farce. Mardi, j'ai vu que Laurent Wauquiez a eu une bonne réaction en expliquant que Paris décide seul et impose ses choix aux acteurs locaux, mais il aurait fallu que ces gens-là soient plus actifs au moment de la décision. Là, on l'impression qu'il n'y a que Gérard Collomb qui a parlé à Macron. Dès le début, j'ai incité les acteurs à être plus actifs et déterminés, car je sentais bien qu'il y avait un certain nombre de choses qui se passaient. Après, il n'y a pas intérêt pour Ardian de se retirer, il peut faire une offre supérieure et le gouvernement a intérêt à ce qu'il y ait plus de compétiteurs.

Après le stade connecté, vouliez-vous démocratiser l'aéroport connecté ?

L'idée, c'est de développer une application pour permettre aux opérateurs de la ville de Lyon et de la région de se connecter dessus via des API. Tous les utilisateurs qui arrivent à l’aéroport auraient eu des informations et services qui correspondent à leurs usages : syndicat d'initiative, transports en commun, mais aussi les restaurants. En plus du dossier technique et stratégique, il y avait une application formidable à développer. On a beaucoup réfléchi avec les dirigeants d'Ardian sur cette solution. Elle existe toujours, il suffit que Monsieur Macron ou son successeur nous rappelle pour qu'on revienne dans la course. Je le redis, on fera une offre supérieure, nous pouvons le faire. Mardi, j'ai eu des conversations avec la quasi-totalité du consortium, c'est fort d'avoir toutes ces forces entrepreneuriales réunies, nous pouvons revenir dans ce dossier.

Selon nos informations, votre projet était, en partie, orienté sur l'Asie, notamment la Chine, pourquoi ce choix ?

Nous avons eu des contacts avec beaucoup de pays asiatiques dans le transport, mais aussi une compagnie aérienne (NDLR : le groupe chinois HNA était au Parc OL le 6 juillet). Demain, c'est en Asie que les choses vont se jouer. On a envie que Lyon bouge, pas uniquement sur l'Hexagone, mais bien sur l'international.

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