La console Retropac est financée, mais la polémique enfle

Présentée comme Made In France, la console de de jeux vidéo Retropac est parvenue à atteindre son financement sur Kisskissbankbank.com. Néanmoins, la polémique enfle. Ses créateurs sont aujourd'hui accusés d'utiliser des logiciels sans avoir obtenu tous les accords.

retropac ()

Article mis à jour le 13/10 : la campagne a été annulée car comme nous vous le révélions dans cet article, toutes les autorisations n'avaient pas été obtenues.

Retropac, console pour rejouer à tous les anciens jeux vidéo, lancée par deux jeunes lyonnais, est parvenue à trouver son financement sur la plateforme kisskissbankbank.com. Interrogé par Lyon Capitale, sur la légalité d'une console permettant d'émuler d'anciens systèmes, Lucas Di Lorenzo l'un des créateurs, expliquait que Retropac était un "lecteur" : "On ne dit pas aux gens d'aller télécharger un Super Mario Bros et on ne les y encourage pas non plus. S'ils décident de le faire, ils en sont responsables".

Dans la même interview, dont les propos ont été validés par Lucas Di Lorenzo, ce dernier explique que la console est un Raspberry Pi et que "La coque sérigraphiée est une création unique". De même, concernant le système d'exploitation, il précise : "NostalOS avec des émulateurs libres de droits. Nous publierons le code source des émulateurs comme la législation nous l'impose. Nous avons échangé avec les créateurs de Retroarch/Libretro et que ceux-ci nous ont dit qu’ils "ne s’opposent pas à une utilisation commerciale" (NDLR : Retroarch/Libretro, systèmes avec plusieurs émulateurs).

Des propos qui sont remontés jusqu'à Libretro

Depuis la publication de cet article, ces deux points ont été remis en cause par des internautes, mais surtout, les créateurs de Retroarch/Libretro. Ainsi, le boitier "coque sérigraphiée", "création unique" peut facilement être acheté sur Amazon au prix de 4,99 euros, mais aussi chez Aliexpress à moins d'un euro (voir ici). Par ailleurs, via son compte Twitter officiel, Libretro a démenti avoir donné son autorisation pour l'exploitation de sa solution : "Leurs déclarations sont totalement fausses. Nous n'avons jamais donné notre approbation. En fait, à la minute où nous avons appris l'existence de ce projet et ce qu'ils voulaient en faire, nous leur avons demandé immédiatement de cesser leur activité et ce qu'ils faisaient" (voir ici). Contacté par Lyon Capitale, Lucas Di Lorenzo a expliqué avoir "un mail de l'associé français du créateur de RetroArch qui nous dit, selon les volontés du créateur, que RetroArch n'est pas opposé à une distribution commerciale".

Quand tous les émulateurs ne sont pas libres

Nous sommes nous-mêmes entrés en contact avec Jean André Santoni, associé français du créateur de RetroArch qui a apporté des précisions : "RetroArch est un logiciel libre, qui est sous licence GPLv3. Cette licence autorise en effet la redistribution commerciale, mais sous certaines conditions : le code doit être gardé ouvert, et tout changement apporté au code doit être publié. Il y a de plus en plus de projets qui utilisent notre code et ne reversent jamais leurs améliorations dans le tronc commun. Certains de ces projets annoncent clairement qu'ils vont tenir leur code secret". Sur ce dernier point, Lucas Di Lorenzo a certifié dans notre interview que cela ne serait pas le cas.

Jean André Santoni ajoute "il y a une dernière chose qui nous dérange, et là je ne parle pas que de Retropac : il y a des dizaines de développeurs qui travaillent dur et bénévolement pour mettre RetroArch et ses coeurs à disposition du public. Nous avons toujours fait tout notre possible pour accomplir ça sans passer par l'argent et le commerce. Et l'an dernier, il y a eu plus de 5 projets lancés par des étudiants qui consistaient juste à prendre notre travail, changer le logo, et le vendre. Certains de ces projets ont réussi des levées de fond importantes sur Kickstarter. Je me demande où est dépensé cet argent... Imprimer des autocollants ? Ce qu'on aimerait, c'est que les gens qui utilisent notre projet pour faire du commerce mettent aussi la main à la pâte. Il y a plein de façons pour eux de contribuer. Ils peuvent par exemple déclarer les bugs qu'ils trouvent dans notre base. Ils peuvent rester connectés sur nos salons de discussions et aider les utilisateurs débutants. Ils peuvent nous faire don de matériel ou participer à la location des serveurs qui sous-tendent le projet".

Reste un point important qui pourrait mettre à mal la suite du projet Retropac. Tous les émulateurs utilisés par les deux jeunes étudiants ne sont pas libres de droits. Sur la page du Kisskissbankbank, ils expliquent que la partie dédiée à la Super Nintendo sera prise en charge par l'émulateur Snes9x. Cependant son utilisation commerciale est strictement interdite, un point important rappelé également par Jean André Santoni. De son côté, Adrien Aumont, cofondateur de Kisskissbanbank.com se dit "attentif à la suite du projet". La vidéo de présentation de Retropac, montrant un menu avec des jeux vidéo non libres de droits sur Gameboy Advance est toujours visible, même si selon nos informations, il leur a été demandé de l'enlever (article mis à jour le 06/10/2016). Un Gif représentant le même menu est toujours visible, tout comme l'écran titre de Ghosts'n Goblins ainsi que les logos des consoles qui ne sont pas toujours libres de droits. Le projet est donc financé, mais la polémique autour est très loin d'être terminée. Après les créateurs de Retroarch, les fabricants concernés par l'émulation sur Retropac pourraient prochainement entrer dans la danse.

(article mis à jour le 06/10/2016 : ajout du gif et précisions sur la vidéo)

Ci-dessous la vidéo dont les commentaires ont été fermés

retropac gif ()

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