Argent de poche, en donner ou pas ?

C’est un fait, les jeunes d’aujourd’hui se familiarisent avec l’argent de plus en plus tôt. Les plus petits le considèrent comme quelque chose de magique. Grâce à lui, on peut tout s’offrir, pensent-ils…Pour les plus grands, il constitue un facteur d’intégration majeur au sein de leur groupe d’amis.

Bien sûr, les enfants et adolescents n’ont pas “besoin” d’argent de poche, leurs parents répondant déjà à leurs besoins. Mais il peut avoir certaines vertus éducatives. En donner permet d’accorder davantage d’autonomie à son enfant, de le responsabiliser, bref, de valoriser la confiance que ses parents lui témoignent. À condition bien sûr de délivrer quelques conseils d’usage et d’apprendre à ses enfants à ne pas céder à la moindre tentation. L’argent de poche n’a pas pour vocation de combler tous leurs désirs et du coup, de les empêcher de rêver, d’attendre, d’apprendre la frustration.

L’argent de poche permet aussi d’apprendre la valeur de l’argent, d’appréhender petit à petit les réalités économiques. Et parfois de gérer un petit budget. Charles, douze ans, reçoit deux euros par semaine : “Mis à part un chocolat chaud ou une viennoiserie de temps en temps, je préfère me constituer une petite cagnotte -j’arrive parfois à économiser jusqu’à quarante euros- et craquer pour quelques trucs sympas pendant les vacances.”
Les travers à éviter

Donner de l’argent en récompense de bons résultats scolaires. L’enfant doit apprendre à travailler pour lui-même, et non pour gagner de l’argent et s’acheter des babioles…

Rémunérer les tâches ménagères. Il est tout à fait normal qu’un enfant participe “gratuitement” aux tâches de la vie familiale, comme ranger sa chambre, débarrasser le lave-vaisselle… Une mission un peu exceptionnelle (tondre le gazon, laver la voiture) mérite toutefois une petite rétribution. L’enfant sera fier d’avoir “gagné” de l’argent grâce à son labeur. Attention cependant à ne pas tomber dans un engrenage que l’on aura du mal à contrôler, avec un enfant qui réclamerait une “carotte” pour toute tâche ménagère.

Donner une somme trop importante véhicule l’image d’un argent “facile”. C’est forcément angoissant pour l’enfant, qui a besoin de limites et de repères. Attention à ne pas compenser un manque de disponibilité par un argent de poche “généreux”…

Votre ado a tout dépensé et vous réclame une avance ? Surtout pas ! L’argent de poche perdrait ici sa vocation “éducative”. L’adolescent n’aura qu’à faire plus attention la prochaine fois. De plus, il y a fort à parier que si l’on généralise ces systèmes d’ “avance”, on favorise de futurs découverts bancaires…

Supprimer l’argent de poche en cas de bêtise. “L’argent de poche est, en principe, décidé une fois pour toute… Une seule exception à la règle : lorsque c’est avec cet argent qu’il fait des bêtises (il se gave de bonbons, fume en cachette, etc…).” , recommande Harry Ifergan, psychologue, dans son livre 6-12 ans : l’âge incertain. (1)
L’argent de poche “intelligent “

On peut commencer à donner de l’argent de poche dès qu’un enfant sait compter. Il doit maîtriser les additions et les soustractions pour être en mesure de gérer son petit pécule (en général vers 7 ans).

Si cela n’a jamais été fait, profitons-en pour initier quelque peu son enfant aux réalités économiques, et donner un sens à l’argent. Comment on le gagne ? À quoi sert-il ? Pourquoi ne peut-on pas tout acheter ? Avant toute chose, il faut bien expliquer à l’enfant pourquoi on lui donne de l’argent de poche (on lui fait confiance, il grandit…) et comment il peut l’utiliser. “Cet argent de poche suppose un contrat préétabli. Tant que l’enfant fait un bon usage de cette somme allouée, vous vous engagez à la lui verser régulièrement toutes les semaines ou tous les mois, selon votre choix. Quand ce contrat est rompu, n’hésitez pas à remettre momentanément en cause la liberté d’utilisation de cet argent : pendant un mois ou deux, réclamez des explications sur le bien fondé de ses dépenses”, suggère Harry Ifergan (1).

Une fois les limites posées, le mieux est de faire effectivement confiance à son enfant, sans être trop regardant sur l’utilisation qu’il fait de son petit capital. Et d’autant plus quand il grandit. Tant qu’il respecte les règles fixées au départ, l’enfant a le droit de se faire plaisir avec des achats futiles. Alice, sept ans, reçoit deux euros mensuels d’argent de poche depuis la rentrée. “Je lui conseille d’économiser un peu, mais sans grand succès. Dès qu’elle reçoit sa pièce, elle se laisse souvent tenter par des billes ou une babiole. En ce moment, elle veut acheter des petits cadeaux de Noël. Alice nous demande toujours notre avis, et en général on la laisse faire. C’est à ça que sert l’argent de poche.”

Les ados ne manquent pas de comparer ce qu’ils perçoivent. “Quand je fais du shopping avec mes copines, raconte Léa, quinze ans, je vois que certaines ont trente euros d’argent de poche mensuel, alors que moi je n’ai que quinze euros…Mais mes parents me payent le ciné, les vêtements... Quand, j’aurai besoin de plus, je négocierai avec eux et je ferai du baby-sitting.” Chaque famille n’a pas forcément le même rapport à l’argent. Aux parents d’être sûrs d’eux et de donner les bonnes limites.

(1) : Éditions J'ai lu

Quelques chiffres

  • 2 milliards d’euros … c’est l’estimation du montant annuel d’argent de poche perçu par les enfants de 7 à 15 ans en France.
  • Entre 7 et 10 ans, les enfants perçoivent en moyenne 12 euros par mois.
  • Entre 11 et 13 ans, 16 euros par mois.
  • Entre 14 et 15 ans, 30 euros par mois.
  • À partir de 12 ans, un jeune peut disposer d’une carte de retrait et d’un compte jeune.

(Sondage CSA pour LCL, juillet 2006.).

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