La défaite divise les socialistes lyonnais

Hollande est vilipendé, Royal est contestée.

"Qui est responsable de la défaite présidentielle ?", "Quel nouveau leader pour le PS ?". Ces questions sont le cauchemar des socialistes, elles les divisent. En ce qui concerne les nouvelles orientations du PS et aussi le choix d'un nouveau leader, le Conseil national du PS tenu ce samedi à Paris, a décidé de botter en touche. Les décisions sont repoussées à un congrès qui aura lieu... après les municipales de 2008.

François et Ségolène coresponsables
Sur la responsabilité de la "défaite" - un mot que Ségolène Royal se refuse à prononcer - un consensus se forme. C'est à François Hollande de porter l'essentiel du chapeau, à Ségolène Royal d'assumer sa part. Pour Christiane Demontès, première fédérale du Rhône, "François Hollande depuis 2002, n'a eu de cesse de repousser la désignation du candidat à la présidentielle le plus tard possible, parce qu'il pensait que ça lui serait favorable". Mais la strauss-kahnienne n'oublie pas Ségolène Royal : "Face aux interrogations des Français sur la sécurité, le travail, la mondialisation, elle n'a pas été assez concrète. Dans le débat avec Sarkozy, elle survolait..."
Le président de région Jean-Jack Queyranne, lui, est très proche de Ségolène Royal. Il n'en est que plus mordant avec le PS auquel il reproche le programme, "un pot-pourri daté" et avec François Hollande à qui il reproche son archaïsme (lire entretien). Il trouve en revanche toutes les excuses à Royal.
Peu d'autocritique du côté de Najat Vallaud-Belkacem, membre du cabinet de Gérard Collomb et ancienne porte-parole de Ségolène Royal : "La défaite n'est la faute de personne, c'est la faute à pas de chance. On ne se battait pas à armes égales. Sarkozy était trop médiatique". Elle ajoute : "On était pas assez préparés. Mais on a gagné une belle bataille : celle de rendre crédible une candidature de femme".
Quant à la position de Gérard Collomb, on peut dire qu'elle tranche. C'est sans doute le responsable socialiste national qui réclame avec le plus de clarté une ouverture au centre, dans ce qu'il appelle une politique de "la main tendue". Le maire de Lyon a besoin de cette alliance pour assurer sa réélection et les pourparlers avec le centriste Michel Mercier ont commencé, notamment au sujet de la 1ère circonscription. Le maire de Lyon a besoin d'une Anne-Marie Comparini forte, donc réélue, qui puisse au moment des municipales représenter une force amie ou neutre. Mais Thierry Braillard, le candidat PRG investi pour la gauche a fait savoir qu'il refusait catégoriquement de se retirer au profit de Comparini. Quant à cette dernière, elle campe sur la ligne nationale du ni gauche, ni droite.
On le voit aux différences désormais affichées : c'est à croire que les différentes fractions socialistes ne vivent plus sur la même planète...

Jeune garde
Le PS devra donner une réponse aux déchirements qui le traversent. Soit, il devient un grand parti de rassemblement de gauche, type UMP. Soit il éclate en deux. Avec d'un côté un parti social-démocrate, centro-radicalo-compatible, version Gérard Collomb. Et de l'autre un parti de gauche socialiste, "rassemblement des forces anti-libérales et progressistes" version Henri Emmanuelli. Une recomposition défendue avec vigueur à Lyon par l'élu Yann Crombecque qui a lancé un appel à cet effet.
Rien non plus n'est clair aujourd'hui sur le futur leadership socialiste, si ce n'est qu'Hollande est grillé. "Le PS ne pourra pas se passer de Ségolène Royal, porte-parole naturelle" affirme Jean-Jack Queyranne. Christiane Demontès, elle, compte sur un jeu beaucoup plus ouvert. "Ce qu'il y a de sûr c'est que François Hollande a fait son temps. Je ne crois pas non plus à Ségolène Royal. Elle n'a pas la légitimité au sein du PS. Et il y a eu la défaite". Demontès milite pour que le PS organise bientôt des Etats généraux. Pour parler des idées : "Il y a des questions de fond comme l'entreprise, le nucléaire, les stratégies d'alliance sur lesquelles nous ne sommes pas toujours pas d'accord !" Pour elle, le futur Premier secrétaire pourrait être le mieux placé pour représenter le PS aux prochaines présidentielles... mais il pourrait tout aussi bien s'appeler DSK, Bertrand Delanoë que Vincent Peillon. "Oui, pourquoi pas la jeune garde ?" lance-t-elle.
Les responsables socialistes ne font visiblement pas la même analyse de la défaite. Normal qu'ils n'imaginent pas l'avenir de la même façon.

Collomb craint un PS "tas de ruines"
Gérard Collomb soutenait Dominique Strauss-Kahn avant de lui préférer Ségolène Royal quand elle devint star des sondages. Mais le maire de Lyon a très mal pris les propos de DSK se disant "disponible pour la suite". "On peut légitimement avoir des aspirations pour l'avenir du PS, mais si c'est pour devenir le maître d'un tas de ruines, je pense que l'enjeu n'en vaut pas le combat" a déclaré Collomb au JDD.

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