À l’appel du collectif Lyon Beyrouth Solidarité, une petite centaine de personnes sont venues rendre hommage aux victimes de l’explosion du 4 août 2020 à Beyrouth

Un an après l'explosion au port de Beyrouth, la solidarité lyonnaise continue de s'activer

Le 4 août 2020, une explosion ravageait une partie de la capitale du Liban. À Lyon, le collectif "Solidarité Lyon Beyrouth" se mobilise depuis un an pour apporter de l'aide aux Libanais.

Un drapeau du Liban, étendu précautionneusement et entouré de bougies, ornait la place Bellecour mercredi 4 août au soir. Un jour qui signait un triste anniversaire pour la communauté libanaise de Lyon et leurs soutiens. Un an auparavant, une explosion meurtrière au port de Beyrouth fait plus de 200 morts et plusieurs milliers de blessés. Une partie de la capitale du Liban est ravagée par l'explosion et son souffle.

Peu de temps après, à Lyon, un collectif se créait pour apporter de l'aide matérielle aux sinistrés. "Solidarité Lyon Beyrouth" réunit des personnes et des associations. Le 4 août 2021, une petite centaine de personnes ont répondu à l'appel du collectif pour venir rendre hommage aux victimes.

Le collectif a disposé des bougies et un drapeau du Liban pour rendre hommage aux victimes de l'explosion du 4 août 2020 @Marie Allenou

Un collectif qui mutualise et envoie les dons

Un an après, le pays est toujours en grande difficulté et les habitants souffrent de l'effondrement du cours de la monnaie libanaise et des pénuries. Denrées alimentaires, produits d'hygiène, lait pour bébé, médicaments, tout manque aux habitants de Beyrouth. Il y a un an, avec neuf autres personnes, Zeina Khair-Druon activait son réseau à Lyon au sein de la diaspora libanaise pour monter un réseau de solidarité. "À notre création, on pensait envoyer un ou deux conteneurs au Liban. On prépare actuellement le 7ème", affirme la co-fondatrice du collectif.

"On partage les frais avec d'autres associations, un peu partout en France pour envoyer des conteneurs", précise-t-elle. Ils sont actuellement une trentaine, de tous les âges, à se relayer pour assurer l'envoi des dons, qui sont ensuite réceptionnés par l'ONG Arc-en-ciel au Liban. "Au début il y avait surtout besoin de consommables hospitaliers, mais maintenant les gens ont faim. On a jamais connu ça au Liban, même pendant la guerre civile", se désole la bénévole.


"À notre création, on pensait envoyer un ou deux conteneurs au Liban. On prépare actuellement le 7ème", affirme Zeina Khair-Druon, co-fondatrice du collectif Solidarité Lyon Beyrouth.


"Notre collectif est multi-culturel et multi-confessionnel, tout le monde est le bienvenu. On s'interdit de parler de religion mais on a décidé de fêter toutes les fêtes de chaque confession. Et tous les anniversaires, pour apporter un peu de joie", sourit Zeina. Le collectif continue d'appeler aux dons à envoyer au Liban. Matériel hospitalier et médical, fournitures scolaires, lait pour bébé, couches, denrées alimentaires, ordinateurs et dons financiers sont accueillis avec joie. "L'intensité de l'émotion est aussi forte quand on pense à la solidarité des gens ici à Lyon, que lorsqu'on pense à la situation au Liban", résume la co-fondatrice.

De l'aide dans la Métropole de Lyon

Pour s'organiser et assurer la logistique de leur action humanitaire, le collectif a pu compter sur plusieurs collectivités et entreprises de la région lyonnaise. La ville de Saint-Priest leur fournit depuis août 2020 un local pour entreposer et trier les dons. L'entreprise pharmaceutique FAMAR à Saint-Genis-Laval et Byblos group à Lissieu sont aussi des soutiens du collectif, à travers le prêt de locaux et de bureaux.

Zeina Khair-Druon souligne aussi le jumelage entre plusieurs écoles de la Métropole et des écoles au Liban, qui permet l'envoi de fournitures scolaires. Par exemple, l'école de Saint-Joseph de Tassin est jumelée avec l'école Saint-Joseph de Mechref, ou l'école Sainte-Blandine d'Écully jumelée avec une école de Ain El Kharoube. Certains hôpitaux apportent aussi des dons de consommables hospitaliers.

Une petite centaine de personnes se sont réunies pour rendre hommage aux sinistrés, un an après l'explosion à Beyrouth @Marie Allenou

Des solidarités familiales

La diaspora libanaise de Lyon a aussi du se mobiliser au niveau personnel pour leurs proches à Beyrouth et au Liban. "La misère qui s'installe là-bas se répercute sur les Libanais en France. Des étudiants libanais vivent des situations très compliquées. Certains prennent des jobs pour envoyer de l'argent ou des colis à leurs parents", donne pour exemple Zeina.

Muriel Moubarak, Libanaise venue à Lyon depuis 2 ans, envoie régulièrement des colis à sa famille. "Toute ma famille, mes parents, mes deux frères, mes neveux, ils sont tous à Beyrouth. Même s'ils ne sont pas dans la misère, ils ont du mal à trouver du lait pour bébé. Et on a peur que mes parents manquent de médicaments pour leurs traitements", témoigne-t-elle. Des denrées qu'elle doit donc leur envoyer. Muriel est venue au rassemblement pour "les mamans du Liban", comme elle l'a écrit sur sa pancarte, et pour protester. "Depuis les explosions, rien n'a changé. Le gouvernement est corrompu et le Hezbollah contrôle tout", s'indigne-t-elle.


"Toute ma famille, mes parents, mes deux frères, mes neveux, ils sont tous à Beyrouth. Même s'ils ne sont pas dans la misère, ils ont du mal à trouver du lait pour bébé. Et on a peur que mes parents manquent de médicaments pour leurs traitements", témoigne Muriel Moubarak, Libanaise vivant à Lyon.


Une pensée partagé par d'autres présentes, comme Andrea. La jeune femme est Libanaise et venue en France depuis peu. "Si j'étais au Liban je serai dans les rues", affirme-t-elle. Le 4 août 2021 au Liban ont eu lieu des manifestations contre la classe politique, que les manifestants accusent de corruption. "Rien n'a changé, ça va de mal en pis", se désole-t-elle.

Son ami Cyril l'accompagne. Il est franco-libanais et part dans peu de temps au Liban et compte y aller "la valise pleine. Avec de l'argent, des médicaments, de la nourriture difficilement accessible. Tout est cher là-bas", détaille-t-il. Le jeune homme s'inquiète pour la suite. "La diaspora est forte mais elle devient limitée", souffle-t-il. La communauté internationale a promis 370 millions d'euros d'aide au Liban à l'issue d'une conférence des nations unies. Une aide importante mais qui ne suffira pas à régler les problèmes structurels et économiques du pays.

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