Des manipulations financières et boursières

Les chiffres attestent du contraire.

On a longtemps cru qu'Artprice était un leader mondial, fleuron de l'industrie numérique à la lyonnaise capable de rivaliser avec les plus grands géants du net. Il n'est pas rare en effet de lire ici et là que Groupe Serveur réalise plusieurs dizaines de millions d'euros de chiffre d'affaires : 71 M d'euros annoncés par Le Monde en 2006, 92 M d'euros annoncés par Lyon Mag en 2008, avec près de 180 salariés. La réalité est tout autre. Groupe Serveur semble avoir seulement vécu avec la trésorerie perçue lors de l'introduction en bourse d'Artprice et lors de cessions partielles de titres sur le marché financier.
Retour sur les faits
En 1999, Thierry Ehrmann et ses deux femmes détiennent 75% du capital d'Artprice. Le trio apporte ses actions à la société Groupe Serveur.
Artprice.com est valorisée à 800 MF soient 122 M d'euros (prix de l'action, 23 euros), valeur délirante eu égard à la valorisation de 26 M d'euros retenue par Europaweb (Bernard Arnault) et même par rapport aux 92 M d'euros de l'introduction en bourse.
L'introduction se fait par l'émission d'un million d'actions nouvelles et la cession de 150.000 actions par les actionnaires historiques. Cours d'introduction : 19 euros. Au fil des années et jusqu'en 2005, Groupe Serveur vend 23% des actions d'Artprice - à un cours très bas, environ 4 euros et pour une somme totale de 5 M d'euros - afin d'avoir la trésorerie minimum pour survivre.

Groupe Serveur publie seulement ses comptes sociaux et avec beaucoup de retard. Les derniers disponibles sont ceux de l'exercice 2007, et font ressortir une perte de 12 M d'euros. Ils sont édifiants sur l'état de délabrement financier de la société mère. Son endettement net était de près de 3 M d'euros, avec seulement... 8 000 euros en trésorerie ! Les capitaux propres d'origine, d'un montant de 93 M d'euros se sont réduits à 34 M d'euros à cause des pertes successives enregistrées année après année. A la fin de l'exercice 2007, le total des actifs est valorisé à 40 M d'euros, principalement composé de la participation détenue dans la filiale Artprice pour 37 M d'euros et d'actifs incorporels pour 2,5M d'euros (biens divers, brevets, marques...) dont la valeur est pour le moins sujette à caution. Valeur du titre en 2007 : 17 euros.

A la fin de l'année 2008, la capitalisation boursière d'Artprice n'est plus que de 28 M d'euros, ce qui signifie que les 32% détenus par Groupe Serveur ne pourront être valorisés que 9 M d'euros, soit une nouvelle perte de 28 M d'euros.

Valeur du titre en 2008 : 4,50 euros. Fin mars 2009, la situation se dégrade encore. La valeur boursière d'Artprice n'est plus que de 24 M d'euros, soit 7,7 M d'euros pour Groupe Serveur. Valeur du titre aujourd'hui : 3,80 euros.

Dans "le monde réel", la situation n'est pas meilleure. En regard d'un prêt de 1,5 M d'euros, la Banque Rhône-Alpes a exigé le nantissement d'actions Artprice, soit au cours actuel plus de 400 000 titres sur un total détenu par Groupe Serveur d'environ 2 100 000 actions.

Artprice n'est pas non plus en meilleure santé que sa maison mère. Grâce à l'introduction boursière de 2000, ses capitaux propres avaient augmenté de
19 M d'euros et ont été entièrement consommés. La situation économique, particulièrement délicate entre les années 2000 et 2004, fait apparaître une perte cumulée de 21 M d'euros pour un chiffre d'affaires cumulé de 12 M d'euros. à des années lumière des promesses faites lors de l'introduction en bourse !

Le résultat bénéficiaire de 2005, d'un montant de 2,4M d'euros ne provient pas du métier d'Artprice mais... de profits exceptionnels sur un procès gagné en première instance et un abandon de créances de la maison mère Groupe Serveur.

Le bénéfice 2007, de seulement 0,1 M d'euro, se réduit comme une peau de chagrin... et provient lui aussi d'un procès (voir par ailleurs).
Il est aussi permis de s'interroger sur la constitution du chiffre d'affaires de 5,2 M d'euros : il y a déjà 1 M d'euros de prestations facturées à la maison mère. Chaque année, on peut d'ailleurs retrouver des facturations entre Artprice et Groupe Serveur, qui oscillent entre 700 000 et 1 M d'euros.
Sur quoi reposent-elles ? Il s'agit de services rendus en termes de communication, d'administration générale, d'utilisation de logiciels ou "d'assistance stratégique". L'étonnant dans ces facturations est qu'elles doublent à partir de 2006 pour des prestations dont les intitulés, eux, restent inchangés. Thierry Ehrmann est peu disert à ce sujet : ces transactions "font l'objet de conventions règlementées et sont visées par les commissaires aux comptes". Façon élégante de signifier : "circulez, y'a rien à voir !". Pourtant, certains actionnaires d'Artprice s'inquiètent et disent ne pas connaître dans le détail les composantes de ces facturations.

Enfin, le total des actifs, d'un montant de 6,5 M d'euros, pose plusieurs questions : en effet, Artprice n'a que l'usufruit des brevets et des bases de données créés par Thierry Ehrmann, qui en reste le propriétaire ; les créances clients, d'un montant de 3 M d'euros, sont constituées pour 89 % par des créances dues par Groupe Serveur... qui semble bien en peine de les honorer avec une trésorerie de seulement 8000 euros. A croire qu'Artprice n'a d'autres clients que sa maison mère !

CA 2004 Groupe Serveur : 1 093 945 € - Artprice : 2 365 000 €

CA 2005 Groupe Serveur : 1 048 315 € - Artprice : 3 479 000 €

CA 2006 Groupe Serveur : 820 904 € - Artprice : 4 324 000 €

CA 2007 Groupe Serveur : 824 259 € - Artprice : 5 262 000 €

Lire aussi :

lien L'imposture Ehrmann

Des manipulations financières et boursières

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Ehrmann : du tribunal comme business-model ?

Thierry Ehrmann écrit à Lyon Capitale

Ehrmann m'aime - Opus 1

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