Réforme des rythmes scolaires : la majorité des communes du Grand Lyon ne sont pas prêtes

ENQUÊTE - Plus de 50% des communes du Grand Lyon ont décidé ne pas appliquer la semaine des 4.5 jours dans leurs écoles à la rentrée prochaine. En cause, le financement des activités péri-scolaires et l'organisation de la pause-déjeuner. Explications.

Voir aussi notre carte interactive des communes qui appliqueront la réforme dans le Grand Lyon en 2013 ou 2014, en cliquant ici.

Contre l'avis de la majorité des maires de France, le ministre de l'éEducation nationale a donc présenté hier en conseil des ministres les grandes lignes de sa réforme des rythmes scolaires. Celle ci prévoit de réduire le temps d'apprentissage sur la journée (45 minutes en moins) – véritable serpent de mer des chronobiologistes depuis des années - et donc de faire classe une demi-journée en plus par semaine pour compenser la perte des apprentissages quotidiens. En compensation, le projet prévoit plus d'activités sportives, musicales, dites péri-scolaires sur la journée, et une pause déjeuner plus longue pour laisser le temps aux enfants de digérer tranquillement. Sur le papier, rien que de logique, mais dans la pratique, tout le monde ou presque est contre. Pourquoi ?

Dans la communauté urbaine, nous avons enquêté. 30 communes sur 58 ont répondu à notre questionnaire, pour une dizaine d'autres nous avons pu reprendre leurs réponses figurant dans un document de travail du groupe des élus éducation au Grand Lyon que nous nous sommes procurés. Résultats : 30 communes sur 58 ont décidé d'appliquer la réforme non pas en 2013, mais seulement en 2014.

Les communes ont des problèmes de financement

Elles invoquent principalement des problèmes de financement. Le ministre leur laisse en effet le soin de financer les temps péri scolaires additionnés chaque jour au temps scolaire. Sacrée tuile pour les municipalités en période de disette budgétaire ! Et les grosses communes ne sont pas en reste, sur 9 communes dirigées par des socialistes dans le Grand Lyon, en théorie acquises à la cause du ministre, seules 4 se sont engagées de manière ferme à montrer l'exemple en septembre. Deux jouent les dissidentes, dont Décines.

Les autres négocient actuellement avec le ministre pour que l'Etat finance une partie du temps péri-scolaire additionnel via la CNAF. Selon le site Libélyon.fr (lire ici : https://www.libelyon.fr/info/2013/01/il-va-falloir-recruter-1-300-personnes-.html), la réforme coûterait en effet à la Ville de Lyon 5 millions d'euros supplémentaires chaque année, avec une aide de 1,736 millions d'euros la première année (activités péri scolaire, masse salariale et pause-déjeuner du mercredi compris). Les petites communes sont encore plus dans l'embarras, elles nous ont répondu par dizaines (voir notre carte interactive) qu'elles ne seraient pas en capacité d'offrir le déjeuner du mercredi midi aux écoliers en 2014. Un nouveau casse-tête organisationnel en perspective pour les parents et les nounous.

Les parents d'élèves de la PEEP sont contre

Du côté des fédérations de parents d'élèves, la FCPE, proche du pouvoir socialiste est pour, ses représentants locaux invoquent le bien-être des élèves déchargés d'une partie de leurs enseignements quotidiens. La PEEP est contre. Elle aimerait que les conseil d'école et le corps enseignant soient associés. "Est ce que les parents vont préférer une pause méridienne plus longue, 11h30-14h30 ? Ou voudront-ils garder la même pause méridienne mais que leurs enfants finissent les cours plus tôt avec une prise en charge par les mairies jusqu'à 16h30 ?", se demande le bureau de l'association du Rhône. Aucune consultation n'a été faite, si ce n'est celle lancée par les maires ce début d'année.

"Cette réforme n'apporte rien pour les enfants" selon les enseignants

Les syndicats d'enseignants eux, sont déjà descendus dans la rue hier, mercredi 23 janvier à Lyon. Ils sont majoritairement contre la réforme. 1200 enseignants du Rhône sur environ 9000 environ ont signé la pétition lancée par le SNUDi FO contre la réforme. Jane Urbani, secrétaire départementale du syndicat, précise que « cette réforme n'apporte rien pour les enfants ». Elle pense même qu'elle engendrera « une dégradation » pour les enfants. "Le temps de présence à l'école sera tout aussi long (8h30-16h30), avec une pause méridienne allongée. Une pause durant laquelle il y a beaucoup d'accidents dans la cour, beaucoup d'agitation, beaucoup de mouvements, de bobos, de bagarres, surtout dans les très grosses écoles. Donc avec une pause méridienne allongée, ce sera pire !" appréhende l'enseignante de l'école Jean-Pierre Veyet à Lyon 7e.

Les enseignants déplorent aussi une dégradation des conditions de travail, allongé durant la pause méridienne et avec une matinée de plus, le mercredi, "sachant que nos salaires ont diminué déjà trois fois depuis janvier 2012", rappelle Jane Urbani.

Les agents de la ville ne veulent pas de contrats précaires supplémentaires

Enfin, les agents de la ville de Lyon, 1200 concerné par la réforme en ce qu'ils interviennent dans les écoles aux postes d'ATSEM, (les personnels qui travaillent auprès des instituteurs), les ASEP (agents de ménage), les cuisiniers, les aides cuisiniers, etc. Selon, Richard Delauzun, secrétaire général CGT à la Ville de Lyon, "les agents ont la crainte du changement" car "ils vont travailler 4,5 jours alors qu'ils travaillent 4 jours par semaine et ils ne savent pas à quelle sauce ils vont être bouffés, alors qu'il y a déjà pas mal de problèmes d'organisation dans les écoles". Il y a une inquiétude surtout sur la pause méridienne. "Il y a déjà une difficulté parce que les enfants mangent très vite dans les selfs, et après ils se retrouvent dehors. Donc les personnels s'inquiètent de l'allongement de la pause méridienne" précise le syndicaliste. D'autre part, les agents de la Ville craignent une précarisation supplémentaire, "on est à bout de souffle à ce niveau-là. On fonctionne déjà avec assez de vacataires entre midi et deux, on n'en veut plus de ce fonctionnement".

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