Viol et tenue provocante : des étudiantes à Lyon lancent le débat

Cette fille mérite-t-elle d'être violée ? Une vidéo tournée par neuf étudiantes de l'ESC Dijon installées sur le campus de Lyon Confluence crée le débat sur la toile.

Selon un sondage trouvé sur internet, 27% des français ont tendance à déresponsabiliser le violeur si la victime est habillée de manière provocante. Un chiffre qui peut paraître "truqué" à première vue pour neuf étudiantes en première année d'école de commerce à Lyon. Afin de vérifier cela dans le cadre d'un projet scolaire de "Flash mob entreuprenarial", les jeunes filles âgées de 18 à 20 ans décident de s'emparer du sujet. Pendant une vingtaine de minutes, elles s'exposent dans une rue fréquentée de Dijon et demandent aux passants de coller un post-it sur les tenues jugées "provocantes" et tiennent des pancartes : "ma façon de m'habiller mérite-t-elle de me faire agresser ?" En ressort une vidéo avec en fond les réactions parfois déroutantes des passants.

"Si elle s'habille comme ça, elle cherche"

Les jeunes filles se confrontent aux avis très divers de la population. "Nous avons été assez choquées, certaines réactions nous ont touchées car des gens nous ont aussi soutenus. Mais ce n'était pas évident de rester 20 minutes debout sans bouger et se laisser se faire coller des post-it sans avoir aucune réaction" explique Camille El-Batal. Dans la vidéo, certaines femmes l'affirment clairement "si elle s'habille comme ça, elle cherche", tandis que d'autres ne peuvent justifier les viols ou les agressions par une tenue vestimentaire.

 

Si la vidéo n'était pas destinée à faire le tour des réseaux sociaux, elle a rapidement fait parler d'elle dans la presse nationale. Marine Le Bars, Camille El Batal et Louise Leyendecker expliquent à Lyon Capitale que la mise en ligne de leur projet était d'abord pour leurs amis et leurs familles. Pourtant, deux semaines après la publication, leur vidéo est vue plus de 200 000 fois et de nombreux, très nombreux commentaires fleurissent sur la toile : "Quand on voit les commentaires sur les articles et sur la vidéo, on se rend compte que les avis divergent toujours sur le sujet et qu'il y a des avis parfois très violents. On se rend compte que l'on a eu raison de faire cette vidéo, car soit cela sensibilise les gens, soit les gens donnent leur avis et on voit qu'il y a un problème. En tout cas, ça provoque vraiment le débat" précisent les trois étudiantes.

Laisser passer le buzz

Les jeunes filles sont les premières surprises par la rapidité à laquelle leur vidéo est partagée sur internet. Un "buzz" qui peut paraître assez déroutant. "On est en train de réfléchir à la suite, on a des propositions pour peut-être passer dans les lycées et les collèges pour sensibiliser. Pour l'instant on laisse un peu passer le buzz. Comme nous sommes plusieurs dans le groupe, nous n'avons pas forcément toutes envie de faire la même chose." Leur projet a en tout cas été salué au sein de leur école. Après la diffusion des projets de tous les élèves, les étudiantes ont décroché deux prix sur trois : celui des élèves et celui du jury.

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