Une Lyon Capitale 796

Nuances de vert à Lyon – L’édito de février

L’urgence écologique est au cœur de toutes les conversations, il n’y a pas un dîner où le sujet n’est pas abordé. Les résultats du dernier sondage Ifop-Fiducial que nous publions dans Lyon Capitale confirment, si cela était encore vraiment nécessaire, que l’écologie s’est définitivement invitée dans les prochaines élections municipales.

Avec un candidat Vert au coude à coude avec celui de LREM soutenu par le maire sortant (22 % pour Grégory Doucet et Yann Cucherat), cette élection se jouera à peu de chose. Tous les candidats ont, de fait, adapté leur offre politique. Même les partis traditionnellement peu enclins à porter aux nues ce qu’ils considèrent comme une doxa verte viennent marcher sur les plates-bandes d’EELV en plaçant l’écologie en tête de gondole de leur programme électoral. Même si ce ralliement tardif à leurs convictions agace quelque peu les candidats Verts, ces derniers devraient se réjouir et nous, électeurs de tous bords – et citoyens asphyxiés –, nous satisfaire de voir nos inquiétudes au cœur de toutes les attentions.

Dans ce numéro, Gérard Collomb, dans un entretien très politique, revendique lui un “réformisme écologique”. Fidèle à la ligne qu’il défendait au sein du PS, il rappelle qu’une révolution ne peut se faire qu’en prenant en compte les nécessités économiques. Toutes ses propositions restent ainsi conformes au modèle de développement urbain qui a été le sien depuis vingt ans. Certaines, comme l’aménagement des berges, avaient contribué à réduire l’impact de l’automobile en centre-ville, mais d’autres projets tels que l’Anneau des Sciences, véritable autoroute urbaine, questionnent son réel désir de changer la donne en profondeur. On sait pourtant que, face à l’urgence écologique, seule une rupture radicale avec notre modèle de croissance pourrait amorcer un réel changement.

Mais nous savons également – et le maire de Lyon aussi – qu’un tel renoncement à notre mode de vie semble peu réaliste dans un futur proche, et que seul un petit nombre d’entre nous seraient prêts à faire le grand saut aujourd’hui. En attendant, les bulletins de vote en mars auront tous une petite teinte de vert. Le minimum environnemental de la campagne de tous les candidats est déjà plus copieux que la quasi-totalité des programmes de 2014 : bio dans les cantines, piétonnisation de quartiers, plantation d’arbres ou encore végétalisation des cours d’école. Viennent ensuite les figures libres. Une canopée pour Étienne Blanc, candidat Les Républicains à Lyon, qui a fait de l’environnement sa priorité. Son alter ego métropolitain, François-Noël Buffet, s’engage lui sur un Central Park à l’entrée sud de la métropole, à Oullins. C’est à l’est, d’Eurexpo au Grand Large, que Gérard Collomb propose un aménagement similaire. Même le Rassemblement national s’est mis à l’écologie, avec un angle identitaire : le localisme contre le mondialisme. Dans chaque quartier de la ville, les écologistes promettent des parcs, des rues piétonnes. Même s’ils ne le clament pas sur tous les toits pendant la campagne, ils envisagent surtout d’interdire le diesel en ville d’ici à 2025.

Tout est écolo dans cette campagne. L’adjectif vert peut s’accoler à tout, de la chimie aux autoroutes. Ainsi, du simple greenwashing aux solutions plus convaincantes, les idées ont fait du chemin. Quels que soient les résultats, nous nous consolerons avec l’idée que nous sortirons un peu gagnants de ce scrutin qui verra les élus s’engager davantage pour la planète. Cette cause environnementale commune donnera ainsi une couleur et un sens inédits à ces élections. Elles n’ont jamais été si locales et planétaires en même temps, si anxiogènes ou, selon, porteuses d’espoir. Les résultats permettront en tout cas de mesurer nos véritables désirs de changement, face à un avenir obscurci par la fumée australienne.


[Éditorial du mensuel Lyon Capitale n° 796 (février 2020) – En kiosques dès le 24 janvier]

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