Highway to Bruges

Angleterre. 1h41

Un contrat qui tourne mal à Londres et voilà deux tueurs à gages irlandais contraints de se faire oublier quelque temps à Bruges. Pendant qu'ils attendent les instructions de leur commanditaire, Ray est rongé par son échec et déteste la ville, ses canaux, ses rues pavées et ses touristes. Ken, quant à lui, tout en gardant un œil paternaliste sur son jeune collègue, se laisse gagner par le calme et la beauté de la cité.

Et si la Belgique était l'antichambre de l'enfer et Bruges son purgatoire ? On y viendrait alors pour expier ses fautes dans l'espoir de retrouver le chemin du Jardin d'Eden.... Comme l'univers décrit dans La Divine Comédie, le premier film de Martin McDonagh se découpe en trois parties distinctes. La descente aux Enfers de Ray, son passage par le Purgatoire et son éventuelle accession au Paradis. La ville de Bruges, sans pour autant être italienne, n'en demeure pas moins la ville médiévale européenne la mieux conservée, nous immergeant, par là même, dans l'œuvre de Dante. Pas qu'on soit féru d'histoire, mais Bons baisers de Bruges se veut un guide troublant de la ville flamande. Multipliant les prises de vue et les commentaires sur le patrimoine, le réalisateur vous permettra ainsi de briller en société, au risque de terriblement alourdir son récit. Car si la cité, ses habitants et tout ce qui n'est pas irlandais est véritablement vomi par Ray, campé par le cabot Colin Farell, Bruges est perçue, par les autres personnages, comme une sorte de ville de conte de fée aux bâtisses intemporelles que le réalisateur peine parfois à mettre en scène.

Voir Bruges et mourir.
Au-delà de cette partie éducative un peu pesante, naviguant constamment entre deux canaux, Bons baisers de Bruges n'est ni tout à fait une comédie, ni tout à fait un film policier. Martin McDonagh propose une œuvre véritablement singulière qui flirterait bien volontiers avec les codes de la tragédie si le mauvais goût ne prenait pas si délicieusement le dessus. Un humour très britannique ponctue l'œuvre et les personnages, au premier abord plutôt clichés (le chien fou et le vieux sage), sont très rapidement entourés par une multitude de seconds rôles intriguant. Allant de la blondasse qui ne dit pas tout au nain toxicomane amateur de prostituées, tous ajoutent une pierre à l'édifice, tous jouent un rôle plus ou moins volontaire sur le chemin de la rédemption. Les deux personnages principaux, déchirés entre la fatalité de leurs actes et les décisions qui en résultent, devront alors composés avec tout ce petit monde pour trouver ou non la paix de leurs âmes dans un final qui mérite, à lui seul, de faire le voyage.

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