Brillants Reflets du cinéma ibérique et latino

Derrière les nouveaux films de Pedro Almodovar et de Carlos Reygadas, les “Reflets du cinéma ibérique et latino-américain” font une fois de plus la preuve de la vitalité inaltérable du cinéma hispanisant, pas toujours bien servi par nos circuits de distribution.

Quand on nomme un festival “Reflets”, on a intérêt à ce qu’il présente quelques couleurs, surtout quand on clôt peu ou prou l’hiver avec l’événement. Le fait est que les “Reflets du cinéma ibérique et latino-américain” n’ont jamais eu de souci à se faire de ce côté-là. La matière de ce cinéma-là est suffisamment lumineuse et colorée pour égayer toutes les saisons et même toutes les tristesses. En témoigne la diffusion cette année, en avant-première, de Los Amantes pasajeros (Les Amants passagers, même les LV2 allemand auront compris), le dernier opus d’Almodovar, le chef de file de la Movida espagnole, chantre de ce cinéma où l’hiver des sentiments se mue toujours en un été cinématographique bouillonnant de pulsions de vie, entre symbolisme des couleurs et travestissement des apparences.

Même les plus réfractaires de ses détracteurs ont adoré l’admirable La Piel que habito et inutile de dire que Los Amantes pasajeros est très attendu – comme chaque film du petit maître espagnol, il faut bien l’avouer –, sur un mode plutôt allumé où il s’agira de s’envoyer en l’air dans tous les sens du terme (le film est un huis clos aérien plutôt déjanté et peu soucieux de réalisme).

Fiat lux

Ne pas croire pour autant qu’Almodovar est l’arbre qui cache la forêt du cinéma hispanisant, très, très loin de là – même si celui-ci n’est pas le mieux montré dans nos contrées. Les récentes sorties des magnifiques Blancanieves et Ultimo Elvis (sur la vie d’un sosie argentin du King) ou de L’Artiste et le Modèle de Fernando Trueba (auteur de Chico & Rita et frère de David Trueba qu’on aura pu voir à la Fête du livre de Bron) en sont autant de preuves. Jusqu’au Saudade de Katsuya Tomita qui, depuis le Japon, explore le concept d’une mélancolie portugaise mondialisée (!).

Ajoutons à cela quelques avant-premières, dont l’également très attendu Post Tenebras Lux de celui qu’on présente comme le Tarkovski mexicain : Carlos Reygadas (Japón, Batalla en el cielo). À Cannes, l’an dernier, le film a beaucoup divisé pour son penchant arty et auteurisant très poussé – il faut parfois, c’est vrai, s’accrocher à son fauteuil –, mais vaut pour ce qu’il braquera un peu d’une Lumière silencieuse (titre de son précédent film) et personnelle sur la noirceur des propres peurs enfantines de Reygadas. Donnant ainsi une couleur différente, et néanmoins bienvenue, à ces reflets d’Ibères.

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Reflets du cinéma ibérique et latino-américain. Du 13 au 27 mars, au cinéma Le Zola, 117 cours Emile-Zola, à Villeurbanne.

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