Voeu des échevins 2013
© Tim Douet

Quelles sont les origines et l’histoire du vœu des Échevins ?

Chaque année, le 8 septembre, le pouvoir municipal de Lyon remet une offrande symbolique à la Vierge Marie. Quelles sont les origines de ce vœu des Échevins qui ressemble parfois à un coup de canif dans la loi de séparation des Églises et de l’État ?

Article initialement publié le 7/09/2014

Les vœux formulés pour demander protection à Notre-Dame de Fourvière sont une vieille tradition lyonnaise. Le 12 mars 1643, le prévôt des marchands (ancêtre de la fonction de maire) et quatre échevins demandent à la Vierge Marie de protéger la ville d’une épidémie de peste (il s’agissait en fait du scorbut). Ils promettent en échange de faire construire deux statues de la Vierge et de renouveler ces vœux chaque année, le 8 septembre, jour de la Nativité de la Vierge.

Une tradition qui disparaît sous la Révolution

Lyon est épargné par l’épidémie – en grande partie grâce aux progrès en matière d’hygiène dans la ville. Les échevins respectent leur promesse et renouvellent leurs vœux. La tradition parvient à traverser les âges jusqu’à la Révolution, où elle disparaît logiquement.

En 1848, le cardinal de Bonald rétablit la cérémonie, mais l’église Notre-Dame-de-Fourvière a vieilli, il faut refaire la toiture. Les autorités ecclésiastiques profitent de l’opportunité d’une rénovation pour commander une statue de la Sainte-Vierge qui sera placée au sommet de l’édifice. L’inauguration est prévue le 8 septembre 1852 pour correspondre à la commémoration des vœux. La nature en décide autrement : une inondation détruit l’atelier du sculpteur et la fête est déplacée au 8 décembre de la même année. Lyon vient d’inventer une nouvelle fête pour la fin de l’année : les Lumières.

Le maire revient sous l’occupation allemande

Par la suite, la cérémonie du 8 septembre reste la même, mais le pouvoir municipal, quand il existe, n’y participe plus. Un délégué d’une paroisse remet l’écu d’or à sa place. Durant la Première Guerre mondiale, les politiques font leur retour, mais ne portent pas la pièce. Il faudra attendre le tricentenaire et le régime de Vichy pour voir réapparaître cette tradition. En 1943, sous l’occupation allemande, le maire, Georges Villiers, remet de nouveau l’écu.

Après guerre, il est impensable qu’un homme politique perpétue ce que représente cette cérémonie. Édouard Herriot refuse de se plier à une tradition très éloignée de son idée de séparation des Églises et de l’État. Un adjoint remet l’écu en 1945, mais rien de très officiel. Par la suite, Herriot enverra son premier adjoint, sans jamais se plier lui-même à la chose.

En 1970, le maire Louis Pradel vient en personne, tout comme Francisque Collomb en 1977, Michel Noir, Raymond Barre, puis Gérard Collomb. Durant quelques heures, le pouvoir temporel se soumet au spirituel. Telle est la tradition lyonnaise.

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