Piétonnisation de Lyon

Test de piétonnisation à Lyon : et maintenant, que va-t-il se passer ?

La Métropole de Lyon a expérimenté la piétonnisation sur la Presqu’île de Lyon depuis début septembre. Trois samedis, puis deux jours de semaine. Une expérimentation mitigée. Les commerçants demandent notamment plus de concertation en amont. Décryptage.

Mercredi et jeudi, c’était piétonnisation à Lyon. En Presqu’île. Théoriquement, à part quelques véhicules autorisés, une grosse partie nord de la Presqu’île, en gros entre Bellecour et le bas des pentes de la Croix-Rousse, était fermée à la circulation. Cette piétonnisation en semaine est venue s’ajouter à trois expérimentations en week-end, lors de trois samedis de septembre et octobre.

Avec les élections municipales et métropolitaines qui arrivent, en mars 2020, les expérimentations vont cesser pendant un temps. Il n’y en aura plus avant le printemps.

Le niveau sonore, le gros point positif

Mercredi, nous avons donc déambulé à Lyon. En Presqu’île. Enfin déambulé, ou plutôt marché sur les trottoirs. Clairement, les piétons ne s’étaient encore pas appropriés les rues. Contrairement à certains samedis où certains avaient "envahi" les rues.

Plusieurs points positifs sont à noter. Comme le niveau sonore. "Le niveau sonore est l’un des aspects majeurs évoqués par toutes les personnes avec qui j’ai pu en parler, évoque la proviseur du lycée Ampère, à quelques pas de l’Opéra. Mes élèves sont nombreux sur le trottoir avant et après les cours. Il y a moins de bruit dehors donc ils crient moins. Dans le cadre du plan vigipirate, il y a aussi plus de sérénité lors de la sortie du lycée. On a un mouvement de foule très important. Avec moins de voitures à proximité, on est plus serein".

Piétonnisation à Lyon

Le président de la métropole de Lyon, David Kimelfeld a sillonné la Presqu’ïle. A la rencontre des commerçants, passants et habitants. Chez les commerçants, c’est très mitigé. Un tiers est plutôt satisfait, un tiers sceptique et le dernier tiers attend de voir.

"J’ai un avis assez partagé. Je suis d’accord avec le projet dans le fond mais la manière de le mettre en œuvre nous demande encore un peu de temps, d’expérimentation, explique Luce Bouterige, commerçante à Bellecour et membre de l’association MyPresqu’ïle. Chez les commerçants, les avis sont aussi très mitigés. Soit parce qu’il n’y a pas eu assez de préparation. Soit parce que les clients eux-mêmes n’ont pas pris encore possession du projet".

Les commerçants réclament plus de concertation

David Kimelfeld en est conscient, il faudra du temps. "Je pense que c’est un phénomène assez lent d’appropriation des choses", explique-t-il. Différentes pistes de réflexions sont étudiées, comme celle de piétonniser tous les jours à partir de 15 ou 16h, pour favoriser le matin d'autres usages.

L’actuel président de la Métropole avait également soumis l’idée d’installer des bornes rétractables autour de la Presqu’île. Mais quid des deux roues ? "La piétonisation, pour les deux roues, il va falloir faire preuve d’imagination. Même si demain on mettait des bornes rétractables, elles n’empêchent pas les scooters de passer", admet-il.

Le coût d'un tel dispositif est estimé à environ 5 millions d'euros. La ville de Lyon a également manifesté un fort intérêt pour cette question. Le chantier est désormais lancé, mais il faudra 18 mois pour équiper une trentaine de sites pour borner le nord de la Presqu'île.

David Kimelfeld lors de l'expérimentation de piétonnisation qu'il a lancée à Lyon

"On est en permanence sollicités par des évènements (gilets jaunes, manifestations) et les élus sont eux focalisés sur une action. Les expérimentations doivent être plus concertées, plus étudiées avec nos activités. On a pas eu le temps de l’anticiper", poursuit Luce Bouterige.

Avec les élections, les expérimentations vont être mises entre parenthèses. Pour un temps. Avant de reprendre de plus belle, plus tard ? Cela dépendra aussi des majorités de demain. Car cela aussi, tout le monde ne comprend pas aisément qui gère quoi ? Qui gère la piétonnisation ? La ville de Lyon ? La Métropole de Lyon ?

La ville de Lyon et la Métropole de Lyon devront s'entendre

"Une fois que la ville définit ses attentes avec les habitants de Lyon, la ville s’articule avec la métropole. Dans le monde entier, les gens demandent à participer aux décisions. Les politiques seuls dans leur tour d’ivoire, c’est fini », explique Georges Képénékian, le premier adjoint de Gérard Collomb à la mairie de Lyon et désormais soutien de David Kimelfeld à la Métropole. Ces derniers temps, comme le maire de Lyon était aussi le président de la Métropole (Gérard Collomb), la question se posait moins. Personne ne se posait la question de savoir si c’était le maire ou le président de la Métropole qui gérait". "Si l’un et l’autre sont en opposition de face, le système se bloquera rapidement", admet-il.

Les politiques, de tous bords, vont devoir s’entendre. Pour continuer ou non la piétonnisation au printemps, après les élections. Qui sera pour ? Qui sera contre ? Dans quelles conditions ? De nombreuses interrogations subsistent. "S’ils ne s’entendent pas entre eux, nous on fera en sorte qu’ils s’entendent", conclut Luce Bouterige.

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