Centristes, Démocrates, le choc de cultures

Le
dire ainsi relève même de la litote, mais le propos n'est pas de s'appesantir
sur le constat.

L'explication tient à un choc de cultures dont l'intensité est à la hauteur des
espoirs qu'a fait naître la campagne présidentielle de François Bayrou.
Il est deux choses que souvent les analystes et commentateurs perdent de vue. La
première est que les adhérents au Mouvement Démocrate sont venus au lendemain
d'une défaite - défaite honorable certes, mais défaite quand même -. La seconde
est que l'immense majorité des nouveaux adhérents ne vient pas du jeu partisan
préexistant. Pour la première fois depuis longtemps la création d'une force
politique n'est pas le fruit d'un jeu à somme nulle de militants politiques
changeant d'étiquette.

Ces nouveaux adhérents ne font pas pour autant table rase du passé. L'engagement
européen et le projet économique humaniste sont des valeurs que l'UDF portait et
que le Mouvement Démocrate portera dans une parfaite continuité. Et bien
d'autres sujets constituent le terroir commun malgré des origines diverses.

Les points de divergences, et parfois de rupture, sont autres. Ils tiennent aux
règles de fonctionnement, à la pratique politique et à l'ambition.
Les nouveaux adhérents attendaient beaucoup de l'adoption des statuts, tant par
le processus qu'ils devaient enclencher que par le cadre de fonctionnement
qu'ils allaient offrir. Nous affirmons sans crainte d'être traités de naïfs que
les élections internes valent mieux que les désignations, que la démocratie
interne doit suivre des règles écrites plutôt que des arrangements sur la
confiance supposée, que le respect des statuts vaut mieux que le fait du prince
des responsables locaux. Là se situe un premier point de tension avec une partie
des adhérents de l'UDF, habitués à se connaître et aux règlements d'alcôves.
L'agitation née de la démocratie interne bouscule les habitudes et les positions
établies.

Bien que né dans la défaite électorale, le Mouvement Démocrate a des adhérents
ambitieux. Ils sont venus au militantisme pour convaincre de la nécessité d'une
nouvelle pratique du pouvoir, pour sortir du clivage et donc pour emporter des
élections. Ils ont aussi conscience que l'électeur lambda - ils en étaient voici
encore quelques mois - demande de la cohérence et de la continuité dans l'action
politique. Ils militent donc avec ambition pour l'indépendance.
Il est alors remarquable de constater que les nouveaux venus du PS font souvent
cause commune avec les habitués de la maison UDF pour revendiquer le pragmatisme
des alliances qui garantissent des élus. Le second point de tension se situe ici
entre une culture de la défaite anticipée et une volonté d'engagement électoral
sans faille.

Enfin il existe chez les nouveaux adhérents une forme d'irrespect et beaucoup de
constance. Irrespectueux à l'égard des positions établies, des statuts acquis en
interne, ils peuvent faire preuve de virulence. Elle trahit une absence de
calculs. Ils ne sont pas venus par ambition personnelle mais ils n'accepteront
pas d'être cantonnés au rez-de-chaussée de la maison sans avoir accès aux
étages. Comme nous le voyons sur Lyon ils ne se décourageront pas. Entêtés ils
sont venus bâtir cette maison, cet espace politique que François Bayrou a décrit
à Seignosse et ils resteront malgré la volonté d'une minorité de les voir partir
au plus vite.

Rigueur, enthousiasme et ambition, constance dans les convictions voici l'apport
des nouveaux adhérents du Mouvement Démocrate à la famille UDF. Nombreux sont
les adhérents UDF qui ont accueilli avec espoir notre arrivée. Qu'ils soient
anciens du CDS ou de la campagne de 2001 ils ont trouvé là la continuité de
leurs engagements. Unis nous donnons corps au projet démocrate, laissant le
centrisme aux nostalgiques des petits arrangements entre initiés.

Eric Lafond (Lyon), adhérent du Mouvement Démocrate, délégué régional
CAP21

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