La colère monte après la baisse du budget des collectivités locales

Dans un décret daté du 20 juillet, le Gouvernement est revenu sur sa promesse de ne pas toucher aux dotations des collectivités territoriales. Un retournement de l’Élysée “en catimini” qui ne passe pas du tout dans le Rhône.

Lors de la conférence des territoires, le 17 juillet, Emmanuel Macron s'est engagé à ne pas diminuer les crédits alloués aux collectivités territoriales. Il a alors instauré un climat de confiance avec les partenaires locaux, qui a tôt fait de se déliter lorsque l'Association des maires ruraux de France (AMRF), dont le siège est à Lyon, découvre quelques jours plus tard un décret annulant 300 millions d'euros de dotations. Le Gouvernement a fait passer le texte si discrètement que c'est un préfet qui a accidentellement annoncé la nouvelle au vice-président de l'AMRF. "Il lui a demandé comment il comptait faire pour honorer ses paiements et ses projets suite au décret. C'est comme ça qu'on a appris la décision", fustige Vanik Berberian, le président de l'AMRF, qui dénonce "un projet sournois, qui jette le discrédit sur la parole de l'État".

“Il y a un fossé entre les discours et la réalité”

L'avis de Vanik Berberian est partagé par le député du Rhône Patrice Verchère : "Une fois de plus, on constate un fossé entre les discours et la réalité. Ne pas annoncer au préalable une telle mesure, c'est un manque de courage", s'emporte l'élu Les Républicains, qui dit ne plus avoir confiance dans la parole publique du Gouvernement. Dans le détail, ce sont 46 millions d'euros sur la Politique de la ville et 35 millions sur l'aménagement du territoire qui s'évaporent, tandis que le versement de 216 millions d'euros portant sur la mission “Relation avec les collectivités territoriales” est annulé. Pour l'AMRF, ces coupes budgétaires auront un impact significatif sur la vie des collectivités. "Des projets en cours devront sûrement être remis en cause", s'inquiète son président. Dans cette éventualité, ce sera aux préfets de département de déterminer quels projets devront être pérennisés et quels projets seront abandonnés.

L’exécutif rejette la faute sur l’ancien gouvernement

De son côté, le Gouvernement justifie cette manœuvre par la réduction des déficits publics. D'autre part, il minimise l'impact de ces coupes budgétaires et se défend de faire annuler des projets en cours. Dans un communiqué, il explique que "les crédits annulés n’avaient pas encore été engagés au profit des collectivités territoriales et correspondaient pour l’essentiel à des crédits gelés par la précédente majorité". Un argument "fallacieux", estime Vanik Berberian, qui rappelle que "les projets des collectivités sont parfois ralentis par de longs délais administratifs". Dès lors, des crédits apparaîtraient comme non consommés alors qu'ils ont été engagés. Aussi, l'opposition se dit "fatiguée" d'entendre le nouveau gouvernement blâmer l'ancien à chaque critique. "Ça suffit maintenant, s'agace Patrice Verchère (LR). Ils ont les manettes, c'est à eux de prendre leurs responsabilités." Contactée, la députée LREM Blandine Brocard, juriste au sein de l'AMRF, n’était pas disponible pour le moment pour nous répondre.

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