Esther Benbassa (EELV) en visite surprise au CRA de Lyon

La sénatrice parisienne Europe Ecologie Les Verts, Esther Benbassa, a poursuivi sa tournée surprise des centres de rétention administrative (CRA) en passant par Saint-Exupéry où elle a aussi visité la zone d’attente. A l’approche de la discussion de la loi "asile", la sénatrice alerte sur les conditions alarmantes dans lesquelles seront plongés les demandeurs d’asile.

Esther Benbassa au CRA de Lyon

(Twitter - Esther Benbassa)
Esther Benbassa au CRA de Lyon

"La vraie crise, ce n’est pas l’afflux migratoire, mais bien l’accueil", a répété plusieurs fois Esther Benbassa lors d’une conférence de presse intimiste hier après-midi. Avant que la loi Macron-Collomb, aussi appelée "loi-asile" ne soit discutée, la sénatrice Europe Ecologie Les Verts se rend à l’improviste dans plusieurs CRA (centres de rétention administrative) de France afin de constater les conditions de vie dans ces lieux de privation de liberté. Il semblerait qu’à Saint-Exupéry là où elle était hier, le bâtiment soit "plus que délabré, avec des couvertures qui pendent aux fenêtres. C’est un espace très labyrinthique". Mais ce qui a le plus choqué Esther Benbassa c’est que : "de tous les CRA qu’ [elle a] déjà visités, c’est la première fois qu’ [elle voit] autant de retenus de prison", s’étonne-t-elle. Elle a établi trois profils types : les personnes qui sont là pour défaut d’identité, c’est-à- dire qui ne sont pas en possession de leurs papiers d’identité, les personnes qui sont là à l’issue d’une garde à vue, et celles qu’elle appelle retenus de prison, c’est-à- dire qu’elles sont placées au CRA à la fin de leur emprisonnement. "A Lyon, il y a environ 30% de retenus de prison, c’est énorme", s’inquiète-t-elle.

Plus de retenus, mais moins d’expulsions

"Au cours des trois derniers mois, le nombre de retenus a augmenté, c’est très certainement lié à la montée de la politique sécuritaire, et à la suite de l’attentat de Marseille. Mais le nombre d’éloignements [expulsions du territoire] a baissé", constate la sénatrice. Le CRA de Lyon a une capacité de totale de 104 personnes, dont 84 hommes, 8 femmes et 12 membres de famille. Lors de sa visite, il y avait 71 hommes et 5 femmes mais "aucun mineur isolé", précise la sénatrice. Bien que les conditions soient assez rudimentaires, elle constate que les personnes présentes "peuvent avoir un accès libre aux associations présentes sur le CRA", à la différence d’autres centres de rétention,
où ce sont les policiers qui doivent ouvrir les portes et suivre un protocole strict pour permettre aux migrants de rencontrer des bénévoles.

23 janvier 2010, le centre de rétention de Lyon à l'aéroport Saint-Exupéry

JEFF PACHOUD / AFP

Surpris de la visite de la sénatrice, le commandant de la zone d’attente lui a dressé un discours "très formaté". Mais lorsqu’elle a discuté avec la seule personne présente, Esther Benbassa a constaté que le téléphone "ne pouvait appeler que des fixes, pas de portables", et qu’il n’y avait sur place aucun représentant de l’OFII. Pour établir un dossier, les retenus peuvent avoir des rendez-vous par visio-conférence avec des personnels de l’OFPRA et en cas de nécessité, un traducteur. Lorsque la discussion se fait au téléphone en revanche, aucun traducteur.

D’une manière générale, la sénatrice se dit très "inquiète" pour l’avenir des personnes migrantes si la loi asile venait à être votée. Elle a déposé en février dernier un texte sur l’abrogation du délit de solidarité, qui devrait être débattu en mai. D’ici là, Esther Benbassa s’engage à veiller aux bonnes conditions de vie dans les centres de rétention administrative et à l’amélioration des dysfonctionnements qu’elle a notés lors de ses précédentes visites.

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