Christian Têtedoie
Tim Douet

"Lequel de Bocuse ou de Michelin a vraiment perdu ?"

Christian Têtedoie (1 étoile à Lyon), président des Maîtres Cuisiniers de France (la plus importante association de chefs du monde) et Régis Marcon (3 étoiles à Saint-Bonnet-le-Froid), et Président du Comité international d'organisation du Bocuse d'Or témoignent de la perte de la troisième étoile de la maison Bocuse.

Christant Tetedoie © Tim Douet

Christian Têtedoie : "Lequel de Bocuse ou de Michelin a vraiment perdu ?"

"Dans quelques jours, ce sera l'anniversaire du départ de Mr Paul ... Deux années déjà où les équipes de l'Auberge ont tout donné pour faire de cette maison qui m'a vu naître comme cuisinier, une maison encore plus belle et certainement encore meilleure, où les soucis du détail étaient poussés à leur maximum. Ma tristesse est immense, fallait-il vraiment sanctionner un aussi beau travail ? Ce qui est sûr, c'est que cela n'empêchera pas les milliers de gourmands (45 000 couverts/an, NdlR)qui se pressent chaque année pour venir se régaler. Et je me pose la question "lequel des deux a vraiment perdu" (entre Bocuse et le Michelin, NdlR) ? L'avenir nous le dira. Je souhaite de tout cœur que l'année prochaine les inspecteurs du guide seront séduits à nouveau par cette belle maison et la récompenseront à nouveau de ces trois magnifiques étoiles qui lui vont si bien."

Régis Marcon
© Tim Douet

Régis Marcon : "ce n'est pas Mr Paul qui perd sa troisième étoile, c'est toute l'Institution"

"Je suis forcément attristé par cette nouvelle. Quand on voit les efforts de l'équipe pour moderniser la cuisine, tout en restant fidèle à l'esprit de Bocuse, je ne peux être que déçu. Il est clair que ce n'est pas Mr Paul qui perd sa troisième étoile, c'est toute l'Institution. Mr Paul a formé toute une équipe, il a laissé un bel état d'esprit. Je vois là un challenge à relever par l'équipe. c'est peut-être une opportunité. Je vois bien dans l'avenir la maison récupérer ses trois étoiles en réécrivant une nouvelle cuisine lyonnaise. Ce sera alors les trois étoiles de l'équipe. Au final, le décès de Paul Bocuse était une épée de Damoclès au-dessus des l'équipe de l'Auberge. Ils ont les capacités, il y a du lourd en cuisine, des Meilleurs ouvriers de France. Je ne ferai pas de catastrophisme, même si ça me fait beaucoup de peine. Ça va donner à l'équipe une énergie nouvelle, pas une remise en question, pour aller reconquérir cette troisième étoile. Moi, ce qui me motive le matin, c'est de donner le meilleur pour faire plaisir aux clients, on n'est pas obligé d'aller vers des codes. Ce qui m'apaise, car on a la pression des étoiles quand-même, c'est le travail bien fait en lui-même et la satisfaction du client. Je suis très impliqué dans la formation des jeunes : systématiquement je leur dis que les étoiles ne sont pas un gage de réussite. Pour Bocuse, ces étoiles sont importantes car derrière, il y a un groupe, une institution, une fondation, une école... Mais la meilleure réponse c'est de se dire "waouh ! On encaisse mais on ne va pas se lamenter et on va retrouver cette troisième étoile!".

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