Médipôle : naissance du nouveau grand hôpital de l’agglo

La Mutualité française et le groupe Capio ont présenté ce mardi 21 janvier le nouveau grand hôpital de 700 lits qu’ils investiront dès 2017 à Villeurbanne.

On en sait désormais un peu plus sur le Médipôle Lyon-Villeurbanne. Ce nouveau gros hôpital qui ouvrira à Villeurbanne accueillera sur un même site les cliniques mutualistes de l’agglomération lyonnaise (clinique mutualiste de Lyon, clinique de l’Union, clinique du Grand-Large et centre des Ormes) et deux établissements du groupe Capio (clinique du Tonkin et centre Bayard).

Au final, c’est une superclinique de 708 lits et places et embauchant 1 500 salariés dont 250 praticiens qui devrait sortir de terre, le long du périphérique, sur un site un temps dévolu au projet d’Arena pour l’Asvel. Les travaux de dépollution du site devraient débuter en juin prochain et la construction dès février 2015, pour une livraison courant 2017.

Un seul toit mais deux structures

Mais attention, si les deux groupes investiront les mêmes murs, les entités restent bien distinctes. Une structure commune assurera la gestion de l’hôtellerie et de la maintenance, mais aucun projet de fusion ne point à l’horizon.

Les spécialités sont d’ailleurs clairement partagées. À Capio la chirurgie, les lits "chauds" (soins intensifs, réanimation…), la cardiologie et les dialyses. À la Mutualiste la médecine, l’obstétrique, les soins de suite et les urgences. Les patients bénéficieront des services et des soins des deux structures. "Il s’agit d’un projet ambitieux qui place le patient dans une véritable filière de soins complète, entièrement sur place", précise Yves Mataix, président du comité médical d’établissement des Ormes et représentant des médecins de la Mutualité.

Par exemple : Un patient arrive aux urgences (secteur Mutualité). Son cas nécessite une intervention, il est alors transféré en chirurgie (compétence de Capio). Il pourra ensuite pour sa rééducation intégrer le service de suite de soins (Mutualité), toujours dans le même bâtiment. "Ce regroupement est une opportunité extraordinaire qui nous permet à chacun de nous regrouper sur nos spécialités fortes et de faire bénéficier au patient de réels pôles d’excellence", affirme Philippe Durand, directeur général de Capio France.

60 000 m² mais une architecture “domestique”

D’un point de vue architectural, si tout n’est pas encore arrêté, la structure générale de l’édifice se dégage déjà. Il s’agit d’une succession de trois "nefs" de 5 étages, alignées, reposant sur un important socle de 2 niveaux qui abritent : au rez-de-jardin, un plateau logistique, et au rez-de-chaussée les urgences (40 000 passages attendus/an), les dialyses (40 000 séances/an) et l’ambulatoire (22 000 journées/an).

Au premier étage, prendront place les blocs ainsi que les lits "chauds" (secteur Capio).

Le deuxième étage sera consacré au pôle mère/enfant (secteur Mutualité) avec une maternité de niveau 2 dont les dirigeants de la clinique espèrent qu’elle enregistrera 2 500 naissances par an. Un chiffre en adéquation avec le nombre de naissances cumulées entre la clinique du Tonkin et celle de l’Union (respectivement 1 000 et 1 258).

Au troisième étage, la Mutualité installera ses soins de suite et de réadaptation et, au-dessus, ses lits de médecine.

Enfin, le cinquième étage accueillera les lits de chirurgie.

Le tout dans un bâtiment de 170 m de long pour une surface de 60 000 m² dont 5 000 dédiés aux consultations. "Nous essayons de donner une architecture domestique à l’ensemble, raconte Pierrick Lelard, architecte en charge du Médipôle. L’hôpital doit se fondre dans le décor." Car si, pour l’instant, les alentours sont plutôt industriels, à terme le quartier devrait être plus résidentiel.

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170 millions d’euros

Il faudra compter avec une enveloppe de "170 millions d’euros, tout compris. Peut-être moins", espère Laurent Raisin Dadre, directeur général des établissements de santé de la Mutualité du Rhône et de l’Ain.
30 millions proviennent de l’aide accordée par l’État via l’agence régionale de santé. Un tour de table des mutuelles est actuellement en cours, qui devrait faire bénéficier le projet d’environ 16 millions d’euros supplémentaires, quand Capio amènera 4 autres millions. Le reste sera financé par l’emprunt contracté par la SCI créée par les deux groupes.

Que vont payer les patients ?

Mais, outre la facture du projet, la note à payer pour le patient pose également question. Et pour cause. Si les cliniques de la Mutualité relèvent du statut des établissements privés à but non lucratif, ce n’est pas le cas de Capio, qui est un groupe hospitalier privé au sens strict.

Pour ce qui est des prises en charge, via les urgences, le reste à charge pour le patient est nul, comme le stipule la loi, et ce, que des soins effectués par les équipes du groupe Capio aient été effectués ou pas. En dehors des urgences, le reste à charge sera "maîtrisé, dans une démarche d’accessibilité financière pour tous à l’ensemble des soins". C’est-à-dire qu’il devra pouvoir être couvert par les mutuelles.

Le Médipôle prendra également un tournant important en renforçant l’activité ambulatoire (prise en charge à la journée) qui occupera plus de la moitié des lits de l’établissement.

Quid des chirurgiens de la Mutualité ?

Autre problématique soulevée, le devenir des personnels. "Les médecins et salariés du Grand-Large à Décines seront repris par Capio. Inversement, ceux du centre Bayard seront intégrés aux équipes de la Mutualité", a détaillé Laurent Raisin Dadre, tout en reconnaissant "un cas particulier". En effet, pour les praticiens de chirurgie de la clinique mutualiste, pas de reprise en vue. "Trois possibilités : il y aura des départs naturels liés à l’âge, on leur proposera des statuts de libéraux ou il y aura des reclassements ou départs", expose le directeur des établissements de santé de la Mutualité.

Au final, si tout n’est pas encore totalement calé, les responsables de Capio comme de la Mutualité se disent déjà soulagés de voir aboutir un projet après avoir emprunté un chemin que Jean-Paul Bret, le maire de Villeurbanne, qualifie de "particulièrement difficile".

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